Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés ce samedi soir (22 mars 2025) sur la place Habima à Tel-Aviv pour protester contre la décision du gouvernement de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, ainsi que la conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav-Miara. Les manifestants ont également exprimé leur soutien aux familles des otages détenus à Gaza et ont exigé leur libération.

D’après les organisateurs, environ 100 000 personnes ont participé à la manifestation, occupant non seulement la place mais aussi les rues environnantes. Bien que ce chiffre ne soit pas confirmé officiellement, des perturbations du réseau cellulaire sur place suggèrent une forte affluence.

Un message fort contre Lapid et pour un « bloc démocratique libéral »

L’un des moments marquants de la manifestation a été l’accueil du général de réserve et président du parti des Démocrates, Yaïr Golan, par des slogans tels que :
« Ho ha, mi ze ba? Rosh hamemshala haba! » (« Ho ha, qui voilà ? Le prochain Premier ministre ! »)

Ce chant semble indirectement défier le chef de l’opposition Yaïr Lapid, qui est actuellement l’un des principaux prétendants à la direction du gouvernement en cas d’élections anticipées.

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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Dans son discours, Golan a appelé à une mobilisation générale pour « arrêter le pays » afin de défendre la démocratie israélienne. Il a aussi exhorté Lapid, Benny Gantz et Gadi Eizenkot à former un « bloc démocratique libéral » pour contrer les actions du gouvernement actuel.

Il s’est également adressé au commissaire de police, Dani Lévy, l’exhortant à ne pas utiliser la force contre les manifestants et à ne pas se « cacher derrière les ordres ».

Yaïr Lapid menace d’une grève générale et d’une « révolte fiscale »

Lors de son intervention, Yaïr Lapid a averti que si le gouvernement ne respectait pas les décisions de la Cour suprême, il appellerait à une grève générale et pourrait même promouvoir un « boycott fiscal », un acte de désobéissance civile qui consisterait à refuser de payer des impôts pour protester contre le gouvernement. Toutefois, il a précisé qu’il s’opposait à toute forme de refus de servir dans l’armée.

Il a également réitéré son soutien aux familles des otages, déclarant :
« Nous sommes ici pour dire à Einav Tzangaoker (une proche d’un otage) et à toutes les familles : vous n’êtes pas seuls ! »

Manifestations dans d’autres villes

En parallèle à la manifestation centrale de Tel-Aviv, des protestations ont également eu lieu dans Haïfa (carrefour Horev), Pardes Hanna-Karkur (route 65) et Beer-Sheva.

Analyse et implications

Cette manifestation de grande ampleur illustre la profonde division politique en Israël, exacerbée par la récente décision du gouvernement de remplacer le chef du Shin Bet. L’appel de Yaïr Lapid à une grève générale et un boycott fiscal marque une intensification du conflit politique, suggérant que l’opposition explore désormais des moyens plus radicaux de contestation.

Le fait que Yaïr Golan ait été acclamé comme « le prochain Premier ministre » pourrait également indiquer un changement de dynamique dans l’opposition, avec une potentielle montée en puissance de nouvelles figures face à Lapid.

La situation pourrait encore s’aggraver si le gouvernement persiste à ignorer les décisions de la Cour suprême, ce qui risquerait d’entraîner un véritable crise constitutionnelle et des troubles sociaux plus importants.