L’Occident arrive progressivement à la conclusion qu’il est nécessaire de donner le « feu vert » à l’Ukraine pour utiliser ses armes contre des cibles militaires sur le territoire russe. Jusqu’à présent, les États-Unis et l’Europe autorisaient son utilisation sur les fronts en Ukraine et dans les zones occupées, en Crimée et dans le Donbass.

Début mai, la Grande-Bretagne a été la première à franchir cette barrière invisible, permettant aux forces armées ukrainiennes de tirer sur le territoire russe avec des missiles de croisière longue portée Storm Shadow (portée supérieure à 560 km à basse altitude). Le New York Times a rapporté mercredi que la question était désormais activement discutée à Washington. Le secrétaire d’État Antony Blinken a appelé le président à lever les interdictions.

Hier, le secrétaire général de l’OTAN a fait un deuxième pas dans cette direction. Dans une interview accordée à The Economist, Jens Stoltenberg a déclaré vendredi que « le moment est venu pour les alliés de réfléchir à la levée de certaines restrictions sur l’utilisation des armes en Ukraine ». Il a reconnu un fait qui est clair pour tout le monde depuis de nombreux mois : « L’interdiction de l’utilisation de ces armes contre des cibles légitimes en Russie rend la défense de l’Ukraine très difficile. »

Dans le même temps, conscient de la folie des dirigeants du Kremlin, Stoltenberg a ajouté que « nous ne devons pas permettre que cette guerre se transforme en un conflit entre la Russie et l’OTAN en Europe ».

En France, cette question a dépassé le tabou et est devenue un sujet de débat parmi les politiques. Le président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Bourlange, a appelé les dirigeants du pays à « abandonner toute retenue » concernant l’utilisation des armes françaises en Ukraine. « Le changement de doctrine est tout à fait légitime car il mettra fin à l’asymétrie de la situation entre l’agresseur et la victime de l’agression. » Les médias français notent que la France fournit l’APU Scalp, sa version du missile de croisière Storm Shadow.

La Russie répond par des menaces à ces développements dans les capitales européennes. En réponse au changement de position de Londres, le Kremlin a déclaré qu’il riposterait par des frappes « contre des cibles britanniques en Ukraine et au-delà ».