Le réveil a été brutal ce vendredi matin sur la côte sud d’Israël. Dans la réserve naturelle de Nitzanim, une scène insupportable pour les défenseurs de la nature : une femelle tortue marine brune, qui avait commencé à pondre ses œufs sur la plage comme chaque été, a été écrasée à mort par un véhicule tout-terrain ayant pénétré illégalement dans la zone protégée.
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39 œufs sauvés in extremis d’un massacre absurde
C’est grâce à la vigilance des équipes de la Rashout Hateva Vehaganim (Autorité israélienne de la nature et des parcs) que 39 œufs ont pu être extraits du corps de la tortue avant qu’ils ne soient détruits, eux aussi, par des charognards. Le garde forestier Avitar Ben Avi et la volontaire Daphna Klomak ont agi en urgence pour les transférer dans un incubateur sécurisé. Leurs efforts permettent d’espérer que ces embryons donneront naissance à de nouvelles tortues dans quelques semaines.
Mais l’angoisse ne s’arrête pas là : chaque été, des dizaines de tortues remontent sur les plages d’Israël pour pondre. Et chaque été, des comportements humains irresponsables – véhicules, bruits, déchets – mettent en péril ces espèces en danger critique d’extinction.
Une hécatombe écologique évitable – mais tolérée ?
Les autorités ont immédiatement condamné cet acte d’une rare violence, en promettant des poursuites pénales contre les auteurs de cette infraction. Car ce n’est pas un incident isolé.
Le Dr Yaniv Levy, écologue en charge du centre national de sauvetage des tortues marines en Israël, a exprimé sa colère :
« Nous travaillons jour et nuit depuis plus de 30 ans pour restaurer la population de tortues marines en Israël. Ce genre d’événement nous brise le cœur. Chaque femelle est un monde à elle seule, et cette mort équivaut à l’anéantissement de toutes les générations qu’elle aurait pu donner. »
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En 2022 déjà, une tortue avait été dévorée par un chacal avant d’avoir pu pondre. Les gardes avaient alors pu sauver et incuber ses œufs, dont 98 % avaient éclos avec succès. Mais combien de fois cette chance sera-t-elle répétée ?
La loi existe… mais est-elle appliquée ?
Selon la législation israélienne, la conduite de véhicules à moins de 100 mètres du littoral est strictement interdite, toute l’année. Pourtant, les infractions continuent, impunément dans certains cas, et mettent en danger à la fois les vacanciers, les animaux marins, et l’écosystème fragile des plages méditerranéennes.
Le directeur adjoint de la région centre de l’Autorité des parcs, Amir Hen, avertit :
« La conduite sauvage sur les plages met en danger toute la biodiversité locale. Nous ferons usage de tous les moyens – y compris des poursuites pénales – pour y mettre un terme. »
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Le grand public a aussi un rôle à jouer
Pendant la période de ponte (mai à août), les bénévoles et les inspecteurs écument chaque jour les plages pour repérer les montées de tortues, protéger les nids et guider les bébés tortues vers la mer après l’éclosion. Ce travail est essentiel pour éviter l’extinction locale de l’espèce.
Chaque véhicule, chaque piétinement, chaque feu de camp mal placé peut faire reculer de plusieurs années les efforts de protection.
Un crime contre la vie : « Elle n’a pas juste été écrasée, c’est des dizaines de générations qui ont été effacées »
Ce qui s’est passé à Nitzanim ne peut plus rester un simple fait divers environnemental. Il faut y voir le symbole d’un système défaillant, dans lequel la vie sauvage est sacrifiée sur l’autel du confort et du loisir motorisé.
Et tant que les plages resteront accessibles aux véhicules non autorisés, tant que les peines ne seront pas appliquées avec rigueur, ce genre de tragédie se reproduira.
La colère grandit, notamment chez les jeunes volontaires qui consacrent leur été à protéger ces créatures majestueuses, souvent âgées de plusieurs décennies. Une tortue marine qui atteint l’âge adulte est un miracle biologique. Lui ôter la vie ainsi, c’est retourner en arrière toute une stratégie nationale de préservation.
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