C’est désormais officiel : les citoyens israéliens ne pourront plus entrer librement en Colombie. À compter du 16 juillet 2025, tout détenteur de passeport israélien souhaitant se rendre dans ce pays d’Amérique du Sud devra obligatoirement obtenir un visa au préalable. Cette mesure marque un tournant diplomatique significatif, et reflète la détérioration continue des relations entre Bogotá et Jérusalem depuis l’élection du président colombien Gustavo Petro, dont les sympathies pro-palestiniennes ne sont un secret pour personne.
Le ministère israélien des Affaires étrangères, dans une alerte officielle, appelle tous les voyageurs concernés à entamer leurs démarches administratives dès que possible. L’obtention du visa devra se faire via le consulat de Colombie en Israël ou par l’intermédiaire de toute ambassade colombienne dans un pays tiers.
Jusqu’à présent, les Israéliens pouvaient entrer en Colombie pour des séjours touristiques de moins de 90 jours sans visa. Cette exemption, en vigueur depuis plusieurs années, symbolisait les relations de confiance entre les deux pays, notamment dans les domaines de la sécurité, de la coopération militaire et de l’innovation technologique. Mais cette époque semble désormais révolue.
Une décision à portée hautement politique
Si le gouvernement colombien invoque des raisons de « réciprocité diplomatique » ou de « contrôle migratoire », le contexte géopolitique ne laisse que peu de place au doute. Depuis 2023, Gustavo Petro, premier président de gauche radicale de l’histoire colombienne, multiplie les déclarations hostiles à Israël, allant jusqu’à qualifier ses actions à Gaza de « génocide ». En mai 2024, la Colombie avait rompu ses relations diplomatiques avec Israël, un geste inédit qui avait provoqué une onde de choc dans la région.
La nouvelle obligation de visa s’inscrit donc dans cette dynamique de rupture assumée, et affecte non seulement les touristes israéliens, mais aussi les étudiants, hommes d’affaires et experts israéliens qui collaboraient jusqu’à récemment avec des institutions colombiennes.
Conséquences économiques et culturelles
Les agences de voyage israéliennes spécialisées dans l’Amérique du Sud craignent une chute des réservations vers la Colombie, qui faisait partie des destinations préférées des jeunes après l’armée. Pour les backpackers israéliens, très présents à Medellín, Carthagène ou San Gil, c’est une page qui se tourne.
Mais au-delà du tourisme, cette mesure risque de freiner durablement les échanges économiques. Israël et la Colombie ont signé plusieurs accords de coopération ces dernières années dans les domaines de l’agriculture intelligente, de la cybersécurité et de la formation militaire. La suspension des visites sans visa est un frein logistique majeur, et envoie un signal clair : la Colombie actuelle ne considère plus Israël comme un partenaire prioritaire.
Réaction israélienne : calme mais ferme
Du côté de Jérusalem, la réaction officielle reste mesurée. Le ministère des Affaires étrangères a publié une simple mise en garde à destination des voyageurs, évitant toute escalade verbale. En coulisses, cependant, la colère est bien réelle, notamment parmi les anciens diplomates qui rappellent que la Colombie a bénéficié d’une coopération militaire israélienne cruciale pendant des décennies dans sa lutte contre les FARC.
Certains demandent même une réciprocité : imposer à leur tour une obligation de visa aux citoyens colombiens souhaitant entrer en Israël. Pour l’heure, aucune mesure de ce type n’a été annoncée.
📎 Informations pratiques pour les voyageurs :
- 👉 Déposer une demande de visa auprès du consulat de Colombie à Tel Aviv
- Prévoir un délai de traitement d’au moins 15 à 30 jours
- Apporter : passeport valide, justificatif d’hébergement, preuve de ressources financières, assurance, lettre de motivation ou d’invitation selon les cas
- Pour toute question, consulter la page officielle : https://www.cancilleria.gov.co/
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