Chronique | À Rafah, la lumière qui ne s’éteint pas

Il y a des images qui résument une époque entière sans avoir besoin d’analyses militaires ni de discours politiques. À Rafah, au sud de la bande de Gaza, une hanoukia brûlée, rescapée de l’incendie du 7 octobre au kibboutz Nir Oz, a été rallumée. Pas dans un salon, pas dans une synagogue, mais au cœur d’un territoire encore marqué par la guerre. Et ce geste, profondément intime, est devenu un acte national.

C’est Dana Silverman Siton, sœur de Shiri Bibas z״l, assassinée lors du massacre du 7 octobre, qui a allumé les bougies. La hanoukia était celle de la maison familiale. Partiellement calcinée. L’un des rares objets à avoir survécu à l’incendie allumé par les terroristes. Ce n’était pas une relique mise sous vitrine, mais un objet vivant, encore capable de porter un message. « Que tous ceux qui nous haïssent voient cette lumière et sachent qu’on ne peut pas l’éteindre », a-t-elle déclaré. Tout était là.

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Hanoucca n’est pas une fête de confort. C’est une fête née d’un refus. Le refus de disparaître. Le refus de se soumettre à la brutalité. À Rafah, cette symbolique a pris une force presque insoutenable. Une famille brisée, un objet brûlé, une sœur en uniforme de réserviste, des soldats autour, et la lumière. Pas celle des projecteurs, mais celle qui tremble et persiste.

Le commandant de la brigade Golani, le colonel Adi Ganon, a raconté un détail qui glace : dans un char, des soldats avaient accroché la photo de Shiri Bibas avec ses enfants. Non comme un symbole abstrait, mais comme un rappel quotidien du « pourquoi ». Pourquoi ils sont là. Pourquoi ils continuent. Pourquoi ils refusent que cette image devienne une simple statistique.

Ce moment à Rafah n’était pas un message de vengeance. Il n’y avait pas de slogans guerriers, pas de cris. C’était plus radical que cela. C’était une affirmation d’existence. Allumer une hanoukia brûlée sur une terre encore en feu, c’est dire au monde que même quand tout est détruit, le judaïsme ne passe pas en mode survie passive. Il éclaire. Il dérange. Il insiste.

Il y a quelque chose que les ennemis d’Israël n’ont jamais compris — et ne comprendront peut-être jamais. La force israélienne ne réside pas seulement dans les avions, les brigades ou les systèmes antimissiles. Elle réside dans cette capacité presque obstinée à transformer la perte en sens, le deuil en continuité, la cendre en lumière.

À Rafah, cette hanoukia n’a pas seulement éclairé quelques mètres autour d’elle. Elle a rappelé que le 7 octobre n’a pas réussi son objectif. La terreur voulait effacer. Elle a produit un symbole. Et ce symbole, brûlé mais debout, dit une chose simple et terrifiante pour ceux qui haïssent Israël : vous pouvez incendier des maisons, pas une identité.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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