Colère en Europe contre Macron : « Politiquement affaibli, il a lâché Berlin »

La fracture qui s’élargit entre Paris et Berlin prend une tournure de plus en plus préoccupante pour l’équilibre politique européen. Selon une enquête du Financial Times, la relation entre le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz s’est sérieusement détériorée ces dernières semaines, au point que plusieurs diplomates européens parlent désormais ouvertement de « trahison politique ». En toile de fond : la guerre en Ukraine, l’avenir stratégique de l’Union européenne et la capacité du couple franco-allemand à continuer de jouer son rôle moteur sur le continent.

Le point de rupture s’est cristallisé lors du dernier sommet de l’Union européenne à Bruxelles. Friedrich Merz y portait une initiative lourde de conséquences : utiliser près de 210 milliards d’euros d’avoirs russes gelés en Europe afin de renforcer massivement l’aide à l’Ukraine. Une proposition juridiquement sensible, mais politiquement assumée par Berlin, qui y voyait un signal fort envoyé à Moscou et une démonstration d’autonomie stratégique européenne. Le chancelier allemand comptait sur un appui clair de Paris. Il ne l’a pas obtenu.

Officiellement, Emmanuel Macron n’a pas frontalement rejeté le projet. En coulisses, toutefois, les représentants français ont multiplié les réserves juridiques et financières. Paris redoute notamment qu’en cas de contentieux international ou de changement de cadre légal, les États garants — dont la France — puissent être contraints de restituer ces fonds à la Russie. Or, dans un contexte de dette publique élevée et d’instabilité politique intérieure, l’Élysée juge ce risque difficilement soutenable. Lorsque l’Italie et d’autres pays ont exprimé leur opposition, la France s’est alignée, laissant Berlin isolé.

« Macron a lâché Merz, et il sait qu’il y aura un prix à payer », confie un diplomate européen cité par le quotidien britannique. Un autre va plus loin : « Il est aujourd’hui tellement affaibli politiquement qu’il n’a plus la marge de manœuvre nécessaire pour entraîner l’Europe. Il a préféré suivre Giorgia Meloni plutôt que d’assumer un leadership aux côtés de l’Allemagne. » Ces propos traduisent un malaise profond à Bruxelles, où la perception d’un déséquilibre croissant entre Paris et Berlin s’installe durablement.

Car l’épisode n’est pas isolé. Depuis l’arrivée de Friedrich Merz à la chancellerie, l’Allemagne affiche une volonté claire de rompre avec les hésitations de l’ère Olaf Scholz. Berlin veut accélérer, décider et peser davantage, notamment sur les questions de défense, de soutien à l’Ukraine et de compétitivité économique européenne. À l’inverse, la France apparaît engluée dans ses propres contraintes : une situation budgétaire fragile, une majorité politique instable et un président en fin de mandat dont l’autorité s’effrite sur la scène intérieure comme extérieure.

Cette divergence s’est également manifestée autour de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays d’Amérique latine. Là encore, Merz poussait pour une finalisation rapide, y voyant un levier économique et géopolitique face à la Chine et aux États-Unis. Macron, soutenu par Rome, a œuvré pour repousser l’échéance, invoquant la protection des filières agricoles et des intérêts nationaux. Pour nombre d’observateurs européens, ce réflexe illustre une tendance française à privilégier les calculs domestiques au détriment d’une vision collective.

Georgina Wright, analyste au German Marshall Fund, résume ce paradoxe : « L’Union européenne n’a jamais été aussi ‘française’ dans ses priorités — industrie, souveraineté, défense — et pourtant, la France semble aujourd’hui se replier sur elle-même. » À Bruxelles, de plus en plus de voix estiment que l’Allemagne est désormais le véritable centre de gravité politique du continent, tandis que Paris perd de son influence historique.

Les implications de ce refroidissement sont majeures. Le couple franco-allemand reste la clef de voûte du projet européen. Lorsqu’il fonctionne, l’Union avance ; lorsqu’il se grippe, les divisions s’exacerbent. Dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, la pression russe, les incertitudes américaines et la montée des populismes, l’incapacité de Paris et Berlin à parler d’une seule voix fragilise l’ensemble de l’édifice européen.

Pour Emmanuel Macron, le défi est désormais double : restaurer sa crédibilité auprès de ses partenaires et prouver qu’il peut encore incarner un leadership européen malgré ses faiblesses internes. Pour Friedrich Merz, l’enjeu est d’éviter une Europe à deux vitesses, où l’Allemagne avancerait seule, au risque d’accentuer les fractures. Une chose est sûre : derrière les formules diplomatiques policées, la colère gronde en Europe, et la crise de confiance entre Paris et Berlin pourrait bien marquer un tournant durable dans l’histoire politique du continent.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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