Conflit de Gaza Ă  Bruxelles : Les Juifs racontent leur peur …

L’opĂ©ration israĂ©lienne « Bordure protectrice » Ă  Gaza et ses consĂ©quences politiques et humanitaires ont entraĂźnĂ© de nombreuses rĂ©actions de par le monde. En Belgique aussi, plusieurs voix se sont fait entendre. Des initiatives ont Ă©tĂ© mises sur pied. Nous avons Ă©tĂ© Ă  la rencontre de ces Belges que le conflit touche profondĂ©ment. A Bruxelles, des Juifs belges disent leur inquiĂ©tude, depuis l’attentat meurtrier au MusĂ©e juif, et suite aux manifestations de soutien Ă  Gaza.

La peur, mais aussi l’injustice, sont les sentiments les plus souvent Ă©voquĂ©s quand on interroge des membres de la communautĂ© juive sur l’ambiance qui prĂ©vaut depuis un ou deux mois.

Beaucoup identifient comme cause de ce climat, la véritable déferlante anti-israélienne sur les réseaux sociaux, qui selon eux est en grande partie relayée par les médias.

Cette atmosphĂšre de ce qu’ils perçoivent clairement comme un antisĂ©mitisme croissant conduit d’une part Ă  prendre des mesures de sĂ©curitĂ© importante autour des lieux juifs, surtout depuis l’attentat au MusĂ©e juif de Belgique le 24 mai dernier, mais aussi Ă  une crainte, un sentiment de peur, qui fait qu’ils Ă©vitent de s’afficher comme Juifs dans la rue et sur les rĂ©seaux sociaux.

 

« Mort aux Juifs »

Cette surveillance est visible par exemple au home israélite « Heureux séjour » de Saint-Gilles à Bruxelles. Des policiers patrouillent devant.

A l’intĂ©rieur, les pensionnaires sont agitĂ©s et souffrent. Cette peur est alimentĂ©e par ce que ces personnes ĂągĂ©es, avec parfois une certaine fragilitĂ© psychologique liĂ©e Ă  leur passĂ©, voient, ce qu’ils entendent dans les manifestations comme ces cris de « Mort aux Juifs ».

En mĂȘme temps ils se sentent victimes d’une double injustice, de l’antisĂ©mitisme ambiant et d’un monde qui devrait les dĂ©fendre mais qui leur semble les charger par des appels au boycott ou aux sanctions.

Alain Jesuran, mĂ©decin coordinateur du home, dĂ©crit cette situation difficile liĂ©e Ă  l’importation du conflit du Proche-Orient.

Une surveillance est aussi mise en place au service social juif à deux pas de là. C’est rassurant pour la psychiatre Laurence Ayache qui y travaille.

Dans son activité professionnelle, elle décÚle une vraie préoccupation dans le milieu psycho-social à Bruxelles, pas uniquement chez les Juifs mais aussi chez les musulmans, une situation dont elle voit la cause dans la couverture médiatique du conflit, fort axée sur le « donner à voir » et peu sur le fond.

A Bruxelles toujours, les locaux de l’Union des Ă©tudiants juifs de Belgique sont Ă©galement placĂ©s sous surveillance de la police et des gardes de l’ULB. Par mesure de prudence, ils ont mĂȘme dĂ» ĂȘtre fermĂ©s pendant la session d’examen.

 

Ces Ă©tudiants vivent donc avec une certaine peur, explique Jonathan De Lathouwer, prĂ©sident de l’Union des Ă©tudiants juifs de Belgique qui constate que le conflit au Proche-Orient dĂ©clenche les passions et prive tout dĂ©bat de sĂ©rĂ©nitĂ© et de rationnel, Ă  l’UniversitĂ© mais aussi sur les rĂ©seaux sociaux.

Jonathan De Lathouwer, prĂ©sident de l’Union des Ă©tudiants juifs de Belgique: on prĂ©fĂšre rester chez soi

« J’ai peur »

Beaucoup d’interlocuteurs soulignent le rĂŽle des mĂ©dias et des rĂ©seaux sociaux « qui se mĂ©langent ». Bruno Wajskop, Ă©diteur et Ă©crivain, dĂ©nonce une dĂ©sinformation ou une information tendancieuse qui forge les comportements communautaristes, fermĂ©s au dĂ©bat d’idĂ©es et au dialogue. Il estime que l’ambiance mĂ©diatique a changĂ©. Il parle de « pogroms », faisant allusion aux violences antisĂ©mites en Russie ou en Europe centrale et de l’Est, il y a plus d’un siĂšcle.

Brigitte Weberman, consultante en stratĂ©gie et communication d’entreprise, voit un changement qui va crescendo depuis quelques annĂ©es : l’antisĂ©mitisme va en se normalisant. Pour elle, si des ces actes antisĂ©mites sont possibles, c’est parce qu’ils ne sont pas rĂ©primĂ©s.

Brigitte Weberman: « Etre Juif est devenu un problÚme »

Alain Tastiel situe aussi le dĂ©but de ce regain d’antisĂ©mitisme il y a 12 ans lors de la seconde intifada et l’attribue au fait que les auteurs de paroles antisĂ©mites n’ont jamais Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©s. L’antisĂ©mitisme est devenu parole courante, et cela fait peur. Il a mĂȘme du changer sa fille d’école Ă  cause de cela.

Alain Tastiel: « ‘Sale Juif’ est une insulte basique dans les Ă©coles »

Bruno Wajskop apprend aussi Ă  se faire discret. MĂȘme s’il se sent bien dans son quartier multiculturel, oĂč il frĂ©quente par principe les commerces locaux, le coiffeur arabe ou les boucheries halal, il dit qu’il n’arborerait pas de drapeau israĂ©lien sur sa voiture ou de kippa dans la rue. Et il Ă©vite de donner son opinion quand il entend certains propos dans la rue ou dans ces commerces, par exemple remettant en question le fait que le Hamas soit terroriste.

Bruno Wajskop, éditeur et écrivain: pas de signe distinctif

Les choses ont donc changĂ©. Les lieux juifs doivent ĂȘtre protĂ©gĂ©s, ce n’est pas normal dit Brigitte Weberman qui en 1984 avait participĂ© Ă  la fondation de SOS racisme, une opĂ©ration qu’elle ne croit plus possible aujourd’hui.

Brigitte Weberman: SOS racisme aujourd’hui?

 

Source : rtbf.info ; 12 août 2014

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