Un développement diplomatique majeur s’est dessiné ces dernières heures autour du passage de Rafah, point névralgique reliant la bande de Gaza à l’Égypte. Contrairement à la position défendue de manière constante par Israël depuis le début de la guerre, les États-Unis et les pays médiateurs sont parvenus à des accords prévoyant l’ouverture du passage avec une participation directe de l’Autorité palestinienne à son fonctionnement opérationnel. Cette information a été révélée lors de l’édition de mercredi soir des journaux télévisés israéliens, confirmant des discussions avancées menées en coulisses depuis plusieurs semaines.
Selon les termes des entendements obtenus, l’exploitation du passage de Rafah serait assurée conjointement par des représentants de l’Autorité palestinienne et une mission européenne. Le rôle central serait confié au service de renseignement général palestinien, dirigé par Majed Faraj, figure clé de l’appareil sécuritaire de l’Autorité palestinienne et interlocuteur régulier des services occidentaux. Les Européens impliqués dans le dispositif devraient opérer soit en uniforme, soit en tenue civile, afin de brouiller volontairement leur identification et de réduire la visibilité politique de leur présence sur le terrain.
Cette formule constitue une inflexion significative par rapport à la ligne officielle israélienne. Tout au long du conflit, le gouvernement israélien a martelé son refus catégorique de voir l’Autorité palestinienne jouer un quelconque rôle dans la gestion de Gaza « le jour d’après ». Cette position repose sur une méfiance profonde à l’égard de l’Autorité palestinienne, perçue par de nombreux responsables israéliens comme inefficace, affaiblie et incapable de garantir une sécurité durable face aux organisations terroristes actives dans l’enclave.
Or, les accords en discussion vont plus loin que la simple réouverture technique du passage. Il a également été convenu que Rafah ne serait rouvert que lorsqu’un fonctionnement bilatéral serait possible, dans les deux sens de circulation. Cette exigence s’oppose à la demande israélienne de limiter, dans un premier temps, l’ouverture à des flux sortants de Gaza vers l’Égypte, afin de garder un contrôle strict sur les entrées dans la bande côtière. Les médiateurs estiment qu’une ouverture asymétrique ne serait ni viable politiquement ni acceptable pour les acteurs palestiniens et régionaux.
Ces discussions s’inscrivent dans un cadre diplomatique plus large, lié à la perspective d’un passage à la « phase B » du plan proposé par le président américain Donald Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza. Dans ce contexte, le coordinateur israélien pour les prisonniers et les personnes disparues, Gal Hirsch, s’est récemment rendu en Égypte, où il a rencontré des responsables égyptiens et qataris afin de discuter des prochaines étapes politiques et sécuritaires.
Au cours de ces échanges, Gal Hirsch aurait présenté aux médiateurs des informations de renseignement indiquant que le Jihad islamique palestinien disposerait de données précises sur le lieu où se trouve le corps du défunt otage israélien Ran Gvili. Selon les évaluations israéliennes, ces informations pourraient conduire à une reprise prochaine des recherches sur le terrain, un élément considéré comme crucial avant toute avancée politique majeure. En Israël, il est largement admis que la mise en œuvre de la phase B ne pourra débuter avant la résolution de ce dossier sensible.
Les autorités israéliennes estiment toutefois que l’ouverture du passage de Rafah avec une implication de l’Autorité palestinienne comporte des risques stratégiques. Au-delà des considérations sécuritaires immédiates, cette décision pourrait, selon elles, conférer une légitimité politique accrue à l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, au détriment d’une refonte plus profonde de la gouvernance locale après la guerre. Cette crainte est partagée par une partie de l’opinion publique israélienne, qui redoute un retour au statu quo ante, perçu comme l’un des facteurs ayant mené à l’effondrement sécuritaire du 7 octobre.
Du côté américain et européen, l’argument avancé est inverse. Les médiateurs considèrent que l’Autorité palestinienne demeure, malgré ses faiblesses, le seul acteur palestinien disposant d’une reconnaissance internationale suffisante pour assumer un rôle administratif et sécuritaire à Gaza. L’implication européenne est présentée comme une garantie supplémentaire de supervision, de transparence et de coordination avec Israël et l’Égypte.
Dans les cercles diplomatiques, on souligne que la question du passage de Rafah dépasse largement la seule logistique frontalière. Elle constitue un test politique majeur pour l’architecture du « jour d’après » à Gaza, révélant des divergences profondes entre Jérusalem et ses alliés, mais aussi une volonté internationale croissante de structurer une solution post-conflit, même au prix de frictions avec le gouvernement israélien.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés
Publicité & Partenariats – Infos-Israel.News





