Alors qu’Israël est sous pression croissante pour alléger ses restrictions sur l’aide humanitaire à Gaza, des hauts responsables de Tsahal ont confié au New York Times qu’aucune preuve ne confirme une « pratique systématique » de détournement de l’aide humanitaire par le Hamas depuis le début de la guerre. Cette déclaration remet en question l’un des principaux arguments avancés par l’État hébreu pour limiter l’entrée de vivres et de médicaments dans l’enclave palestinienne.
Selon les sources israéliennes, le mécanisme géré par l’ONU était « relativement fiable » et difficile à infiltrer par le Hamas, précisément parce qu’il était directement contrôlé par les agences onusiennes, notamment l’UNRWA et le Programme alimentaire mondial. Cette évaluation corrobore les conclusions du rapport américain de l’USAID publié récemment, qui n’a détecté aucun détournement organisé ou massif des ressources financées par Washington.
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Mais alors que les critiques internationales s’intensifient, Israël a décidé en mai dernier de confier la gestion de l’aide à Gaza à une entité privée américaine, la Global Humanitarian Foundation (GHF), dirigée par un ancien cadre de la CIA. Cette transition a soulevé de vives inquiétudes parmi les experts humanitaires et au sein même de l’armée israélienne.
Scènes de chaos aux points de distribution
Contrairement à l’ONU, qui gérait des centaines de points de distribution dans la bande de Gaza, la GHF n’en exploite qu’une poignée, souvent situés dans des zones sous contrôle direct de Tsahal. Depuis le début de ses opérations, les incidents se multiplient : tirs, émeutes, et morts de civils venus chercher de la nourriture.
D’après le ministère de la Santé de Gaza (contrôlé par le Hamas), plus de 1 100 Palestiniens auraient été tués aux abords de ces centres d’aide, certains par balles. Tsahal reconnaît avoir tiré en l’air pour disperser les foules, mais nie avoir visé intentionnellement les civils.
Des accusations explosives contre Tsahal et ses sous-traitants
La controverse s’est enflammée davantage après une interview diffusée par la BBC, dans laquelle Anthony Aguilar, un ancien sous-traitant américain de la GHF, affirme avoir été « témoin direct de crimes de guerre ». Selon lui, des soldats israéliens et des contractuels armés américains ont tiré à balles réelles et utilisé de l’artillerie contre des civils non armés, notamment sur les sites de distribution de vivres.
« En 20 ans de carrière, je n’ai jamais vu une telle brutalité, un usage aussi aveugle et non justifié de la force contre une population civile », a-t-il déclaré.
La GHF a vigoureusement réfuté ces accusations, les qualifiant de « mensonges complets » proférés par un « employé frustré licencié pour comportement inapproprié ». Du côté de l’ONU, plusieurs anciens hauts responsables dénoncent une mise à l’écart injustifiée.
« Si les avertissements de l’ONU avaient été pris au sérieux plus tôt, des milliers de vies auraient été épargnées », a estimé Georgios Petropoulos, ex-chef de mission à Gaza.
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Une ligne de front diplomatique ouverte entre Israël et l’ONU
Les relations entre Israël et l’Organisation des Nations Unies se sont considérablement détériorées ces derniers mois. L’État hébreu accuse l’ONU de partialité systémique et a présenté des preuves que des employés d’UNRWA auraient participé à l’attaque du 7 octobre, un point encore contesté.
En réponse, le ministère israélien des Affaires étrangères a refusé de renouveler le visa de séjour de Jonathan Whittall, coordinateur de l’aide humanitaire pour l’ONU à Gaza, l’accusant d’avoir « répandu des mensonges sur Israël ».
Que reste-t-il du système humanitaire ?
Face au chaos sur le terrain, le gouvernement israélien a partiellement reculé. Sous pression de l’armée, qui craignait une explosion humanitaire incontrôlable, il a autorisé de nouveau le retour de l’ONU dans certaines zones non desservies par la GHF. Ainsi, selon les données de Tsahal, la moitié de l’aide entrant actuellement à Gaza est désormais redistribuée par les organismes internationaux, l’autre moitié par la GHF.
Dans la dernière semaine, plus de 250 camions ont été acheminés, avec du pain, de la farine, du riz et des conserves. Mais des centaines d’autres camions restent en attente, côté palestinien, en raison du manque de coordination et des risques sur le terrain.
Analyse Infos-Israel.News : entre vérité opérationnelle et guerre de l’image
Si Tsahal nie toute implication dans des crimes de guerre et affirme n’avoir « aucune preuve de vols organisés du Hamas sur les aides de l’ONU », la réalité du terrain est infiniment plus complexe. La bataille de l’opinion publique mondiale joue un rôle aussi stratégique que les missiles et les drones. Et dans cette guerre, chaque témoignage, chaque image, chaque déclaration devient une arme à double tranchant.
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Par Infos-Israel.News
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