C’est un geste politique et économique rarissime dans le monde ultra-orthodoxe israélien : le grand rabbin lituanien Dov Landau, figure centrale de Yahadout HaTorah et chef spirituel respecté à 96 ans, cherche à orchestrer une retraite coordonnée des investissements financiers orthodoxes hors d’Israël. L’initiative, révélée par N12, vise à protester contre les arrestations récentes de jeunes haredim refusant de se présenter au bureau de recrutement militaire.
Selon les informations, le rabbin Landau a approché directement les dirigeants de l’Edah HaHaredit, un courant antisioniste radical qui refuse toute reconnaissance de l’État, afin de sonder leur volonté de rejoindre ce plan. Les responsables de l’Edah, surpris par cette démarche provenant d’une figure de l’establishment orthodoxe, ont accepté d’en discuter mais ont proposé en retour que le rabbin Landau participe à leurs manifestations ou appelle à une mobilisation massive. Ce dernier a décliné, déclarant « ne pas croire » à l’efficacité des manifestations de rue.
Cette proposition est d’autant plus inhabituelle que des divergences profondes séparent les deux camps : l’Edah adopte un rejet total de toute coopération avec l’État, tandis que le rabbin Landau incarne la ligne institutionnelle et siège au sommet d’un des partis politiques ultra-orthodoxes les plus influents.
Au sein de l’Edah, certaines voix mettent en garde contre les conséquences possibles d’un retrait massif des capitaux orthodoxes : « Cela pourrait aller jusqu’à provoquer l’effondrement des banques », confie un responsable cité par N12. Malgré cette crainte, l’option reste étudiée avec sérieux, compte tenu du poids spirituel et social de celui qui la propose.
En parallèle, le rabbin Landau a effectué hier une visite exceptionnelle à la prison militaire de Beit Lid, où sont détenus deux jeunes orthodoxes arrêtés pour insoumission. Cette visite, validée par la police militaire elle-même, illustre la gravité que le chef lituanien attribue à ces arrestations. Pourtant, aucune directive officielle n’a été donnée aux fidèles de son courant pour rejoindre les manifestations, qui restent jusqu’ici l’apanage des factions radicales comme le peleg yerushalmi et l’Edah HaHaredit.
Un facteur clé dans cette retenue : les arrestations n’ont pas eu lieu dans les bastions ultra-orthodoxes, mais à Tel-Aviv, Haïfa et Migdal HaEmek. Un responsable politique haredi affirme avoir reçu des assurances du ministre de la Défense, Israël Katz, selon lesquelles aucune arrestation ne serait menée dans les yeshivot ou les grandes villes orthodoxes – une affirmation que le bureau du ministre a toutefois démentie.
Si ce plan de retrait des investissements venait à se concrétiser, il pourrait ébranler le système bancaire et envoyer un signal politique puissant : le refus d’accepter ce que de nombreux leaders haredim considèrent comme une « escalade inacceptable » dans la pression pour imposer le service militaire aux étudiants des yeshivot.
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