Crise au Likoud : Yuli Edelstein évincé du comité de la Défense pour insubordination

Coup de tonnerre à la Knesset. Le député Yuli Edelstein, figure historique du Likoud, a été démis de ses fonctions au sein de la Commission des affaires étrangères et de la défense après avoir défié la discipline de vote du parti. Cette sanction, la plus sévère depuis des années, illustre les fractures croissantes au sein du pouvoir.

C’est une sanction rare, voire spectaculaire, dans les rangs du parti au pouvoir.
Mercredi matin, Ophir Katz, président de la coalition, a informé Yuli Edelstein, ancien président de la Knesset et l’un des membres les plus expérimentés du Likoud, de sa destitution immédiate du comité des Affaires étrangères et de la Défense.
La décision intervient après que le député a voté contre la ligne du parti, soutenant la proposition de loi sur l’application de la souveraineté israélienne en Judée-Samarie — un texte jugé prématuré par le gouvernement Netanyahou.

📰 Source : Israel Hayom – Bini Ashkenazi, 29/10/2025

Un “acte de rébellion” qui coûte cher

Dans un communiqué, Ophir Katz a justifié sa décision par des “violations répétées de la discipline interne”.
Edelstein, dit-il, “a préféré son opinion personnelle à la responsabilité collective”.
Outre son éviction du comité stratégique, il lui est désormais interdit de présenter des propositions de loi personnelles et de s’exprimer au nom du Likoud en séance plénière pour une période de deux mois.

Le parti au pouvoir, déjà ébranlé par les débats sur la conscription des ultraorthodoxes et la trêve à Gaza, voit ainsi éclater au grand jour une crise de loyauté dans ses propres rangs.

Edelstein revendique sa liberté de conscience

Fidèle à son style calme mais ferme, Yuli Edelstein a répondu sans détour à la presse :

« Si mon seul crime est d’avoir voté en faveur de la souveraineté d’Israël sur sa terre, alors je l’assume avec fierté. »

Le député, ancien prisonnier politique en Union soviétique et l’une des voix les plus respectées du mouvement sioniste religieux, a affirmé qu’il continuera à défendre une conscription égalitaire et la souveraineté en Judée-Samarie, “même depuis l’extérieur du comité”.

« Chaque sanction que je reçois pour défendre ces valeurs est une médaille d’honneur morale », a-t-il ajouté, dans une déclaration relayée par Israel Hayom.

Un symbole des tensions internes au Likoud

Depuis plusieurs semaines, le parti de Benjamin Netanyahou traverse une phase d’instabilité idéologique.
Entre les partisans d’une ligne dure — favorables à une annexion partielle des territoires — et les ministres plus pragmatiques, la fracture s’élargit.
Le Premier ministre, fragilisé par les critiques sur sa gestion de la trêve avec le Hamas, tente d’éviter toute scission ouverte dans sa coalition déjà fragile.

Mais pour beaucoup d’analystes politiques, cette éviction d’Edelstein marque un tournant.
L’éditorialiste Yaron Dekel (Reshet Bet) y voit un “signal d’autorité envoyé à la droite du parti, mais aussi une prise de risque”.

« Écarter un symbole comme Edelstein, c’est risquer d’alimenter un ressentiment interne. Le Likoud n’a pas besoin d’un nouveau front idéologique. »

Des répercussions possibles sur la coalition

Edelstein, respecté y compris dans l’opposition, jouissait d’une influence transpartisane au sein de la Knesset.
Son exclusion pourrait compliquer les discussions sur la nouvelle loi de recrutement et les votes liés à la politique sécuritaire.
Des proches du député ont confié à Kan 11 qu’il “n’excluait pas de créer un groupe dissident au sein du Likoud” si la direction persistait à “museler les voix sionistes traditionnelles”.

De son côté, Ophir Katz a voulu clore le débat :

« La discipline partisane n’est pas une option, c’est la condition de stabilité de la coalition. Ceux qui refusent de la respecter n’ont pas leur place dans les organes stratégiques. »

Un vétéran humilié ou un martyr idéologique ?

L’éviction d’Edelstein, qui avait déjà présidé la Knesset entre 2013 et 2020, fait l’effet d’un choc moral dans la droite israélienne.
Beaucoup rappellent son parcours d’ancien prisonnier du KGB et sa loyauté au mouvement sioniste.
“Le punir pour avoir défendu Israël, c’est absurde”, résume un ancien député du Likoud.

Pour d’autres, cette décision illustre la verticalisation autoritaire du parti sous Netanyahou.
La coalition actuelle, minée par la guerre et les scandales, semble moins tolérante à la divergence d’opinions.

Une fracture politique plus large

Cette affaire dépasse le cadre du Likoud : elle reflète le climat d’hyper-tension qui règne dans la vie politique israélienne.
Entre la guerre à Gaza, la pression américaine et les divisions internes, chaque vote à la Knesset devient un test de loyauté.

Edelstein, de son côté, assure qu’il ne démissionnera pas et qu’il poursuivra son combat “pour une armée du peuple et une souveraineté pleine sur la Terre d’Israël”.
Un message qui résonne fort dans une droite nationaliste à la recherche d’identité et de cohérence.


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