Alors que la controverse autour du service militaire des ultra-orthodoxes ne cesse d’enfler en Israël, le chef emblématique de la Yeshiva de Ponevezh, le Rav Dov Povarsky, a pris la parole ce jeudi matin dans une lettre puissante adressée aux étudiants du monde de la Torah. Son message : pas de débat, pas de polémique avec les laïcs.
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“Ne discutez pas avec ceux qui ne comprennent pas la Torah”
Dans sa missive titrée « Aux bien-aimés, chers étudiants de yeshiva », le Rav Povarsky déploie un message clair de soutien spirituel et de fermeté idéologique face à ce qu’il qualifie d’attaque contre le monde de l’étude.
« Toute la vitalité et la réussite du peuple juif viennent exclusivement de la Torah », insiste-t-il dès les premières lignes, fustigeant sans détour le gouvernement “impie” qui, selon lui, « ignore délibérément la valeur de la Torah et fait preuve d’une haine incontrôlée envers les érudits. »
Le ton est solennel, presque dramatique :
« Ils traitent les étudiants en Torah comme des criminels et des déserteurs. Mais c’est tout le contraire : ce sont ceux qui rejettent la Torah qui compromettent notre survie collective. »
Un appel à la non-réaction face aux provocations
Plutôt que d’inciter à manifester ou à réagir dans l’espace public, le Rav de Bnei Brak propose une ligne ultra-spirituelle et détachée du monde politique.
« Ce n’est pas notre rôle de débattre avec eux ou de traiter leurs paroles creuses », déclare-t-il en référence aux critiques venues du monde laïc.
Il appelle à ne pas s’enliser dans les “querelles de l’ignorance”, et à se renforcer dans l’étude et la foi, citant notamment la bénédiction du Chema du soir qui célèbre l’amour éternel de Dieu pour Israël grâce à l’engagement dans la Torah “jour et nuit”.
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Le fossé identitaire s’élargit en Israël
Ce message intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les secteurs religieux et laïcs en Israël, autour de la loi sur le service militaire. La Cour suprême a récemment statué que l’exemption généralisée des étudiants des yeshivot est inconstitutionnelle, provoquant un tollé chez les partis orthodoxes.
Des manifestations ont déjà éclaté, notamment à Jérusalem, menées par le “flanc de Jérusalem” (HaPeleg HaYerushalmi), l’aile la plus radicale du courant lituanien. Des images montrant des jeunes hommes bloquant les routes et scandant “Torah ou mort” ont ravivé la fracture identitaire du pays.
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Une fracture irréconciliable ?
Pour le Rav Povarsky, le combat est ailleurs : il n’est pas politique, mais spirituel. Son refus d’entrer dans l’arène médiatique et politique incarne une stratégie de “résistance passive” : l’étude comme rempart, le silence comme réponse.
Mais cette posture est-elle tenable alors que l’État exige désormais une égalité des charges dans la défense nationale ? Les ultra-orthodoxes peuvent-ils continuer à s’extraire de la réalité sécuritaire du pays, en arguant que leur simple présence dans une yeshiva garantit la survie spirituelle d’Israël ?
Des voix plus jeunes dans le monde haredi commencent à s’interroger. Des groupes minoritaires de jeunes orthodoxes envisagent un service civil adapté, voire des unités spécialisées de Tsahal. Mais pour l’establishment de Bnei Brak, la ligne est rouge : “La Torah ou rien”.
Conclusion : Vers une nouvelle guerre civile symbolique ?
L’appel du Rav Povarsky pourrait calmer les tensions en désamorçant les provocations, ou au contraire, radicaliser les camps : les laïcs perçoivent le silence comme un mépris, et les orthodoxes y voient un test de loyauté à Dieu.
Ce qui est certain, c’est que la guerre du service militaire est loin d’être finie, et pourrait devenir le prochain grand affrontement identitaire de l’État juif. En attendant, les Yeshivot serrent les rangs – dans le silence, mais avec détermination.
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