Les immigrés africains dont la demande d’asile a été rejetée en Italie font la route dangereuse vers la France, à travers les Alpes enneigées et le froid glacial. Les habitants des villes frontalières françaises les avertissent du danger de mort et les aident à s’infiltrer malgré la violation de la loi : « Vous ne pouvez pas dormir tranquillement quand il y a des gens ici en détresse ».

Ces dernières semaines, de fortes chutes de neige sont tombées dans les Alpes françaises et les efforts pour traverser la frontière sont beaucoup plus difficiles et dangereux que les années précédentes. « La mort viendra tous les jours maintenant », prévient Jean Gabriel Ribery, un guide de la ville de Nevash. « Il y a toute une série de dangers qui pourraient provoquer des tragédies », explique Ribéry, qui travaille dans la région depuis 42 ans.

La ville frontalière de Nevash est accessible par le passage d’Ischal, qui se situe entre l’Italie et la France et qui culmine à 1 762 mètres d’altitude. La température dans la région à cette période de l’année pourrait atteindre 20 degrés en dessous  de zéro, accompagnée de vents forts. Une route avec un temps plus favorable pour les migrants est à travers le col de Monchenber, mais la présence de la police est importante.

Les activistes qui essaient d’aider les migrants disent que les panneaux du côté français de la frontière ont été supprimés et que les migrants peuvent être perdus à leur arrivée en France. Alan Moosa, qui organise la recherche d’immigrants bloqués dans les Alpes enneigées, a déclaré que la région comptait entre 10 et 12 immigrants par jour. Ce n’est pas seulement les volontaires qui ont du mal à les trouver, mais aussi le personnel de sécurité. «Ils n’ont pas été acceptés au travail pour chasser les enfants dans la neige», dit-il.

Dimanche, des dizaines de guides touristiques ont défilé ensemble pour avertir les immigrants des dangers de traverser la frontière. Les sections locales disent qu’elles s’engagent à aider les personnes en danger, malgré les inquiétudes suscitées par la réaction des autorités. La police a récemment sauvé un jeune homme de Guinée d’une avalanche dans les Alpes et l’a évacué par hélicoptère. Il était pieds nus. « Il a traversé l’enfer en Libye, en Méditerranée, et peut-être qu’il va peut-être le refaire en France », explique Etienne, un guide local.

Les immigrés qui viennent d’Italie en France sont généralement ceux qui se sont vu refuser des demandes d’asile dans le pays et décident de tenter leur chance en France. Paris, dans le cadre du règlement de Dublin, a le droit de les renvoyer de l’autre côté de la frontière.

Jusqu’à ces dernières années, il était relativement facile de franchir la frontière entre l’Italie et la France, grâce à un passage frontalier sans équipage entre les deux pays. Mais la vague d’immigration vers la France a entraîné une aggravation de la surveillance aux postes frontaliers. Emmanuel Macron, qui a été élu président en mai, a promis que son gouvernement prendrait la main sur les immigrants qui n’ont pas été autorisés à se réfugier.

Le gouvernement est en effet menaçant, mais dans les communautés vivant à proximité de la frontière de la solidarité avec les immigrants est forte. Dans la région de Briançon, selon Le Monde, quelque 2 000 migrants se sont réfugiés depuis juillet. Pierre Membert, 53 ans, est l’un des résidents qui a accueilli les infiltrés. « Vous ne pouvez pas dormir paisiblement quand vous savez que les gens sont en détresse », explique-t-il.

Un autre agriculteur et activiste social Cedric Hrou a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour trafic d’immigrants en provenance de la ville frontalière italienne de Vintimille. Max Duz, un médecin et une partie de l’équipe médicale qui se porte volontaire pour aider les immigrés dans les Alpes, soutient Cédric : « Je ne suis pas un anarchiste, mais vous devez être capable de désobéir. »