Sous haute tension politique et sécuritaire, Israël accueille un nouveau chef à la tête de son service de sécurité intérieure. Le général de réserve David Zini est entré officiellement en fonction ce dimanche matin comme directeur du Shin Bet, sans cérémonie publique — un détail révélateur du contexte sensible dans lequel s’effectue cette nomination. Avant de se rendre à la résidence présidentielle, il a commencé sa journée par une prière au Mur occidental de Jérusalem, symbole de continuité et de responsabilité.
Le président Isaac Herzog, qui a reçu Zini et sa famille à Jérusalem, a salué « un homme d’expérience, à la stature morale incontestable », et lui a rappelé la nature essentielle de sa mission : « Vous entamez votre mandat à un moment complexe, face à des défis considérables. Le peuple d’Israël veut sécurité, paix et cohésion. Le Shin Bet est un pilier de notre stabilité nationale. À ses agents, je veux redire notre reconnaissance : chaque jour, ils sauvent des vies et protègent la nation. »
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a également adressé ses félicitations au nouveau chef de la sécurité intérieure, le remerciant pour « l’immense responsabilité qu’il accepte de porter dans une période historique pour la défense du pays ». Dans un message diffusé depuis le bureau du gouvernement, il a salué « la loyauté et la compétence de l’élite du Shin Bet, qui reste la première barrière contre le terrorisme et les menaces hybrides ».
Un parcours militaire exemplaire
Âgé de 56 ans, David Zini est un officier respecté des forces de défense israéliennes (Tsahal). Ancien commandant de division et stratège aguerri, il a servi dans plusieurs théâtres d’opérations sensibles, notamment en Judée-Samarie et dans le nord du pays. Après sa retraite militaire, il s’était reconverti dans le conseil stratégique avant d’être rappelé par Netanyahou pour succéder à Ronen Bar, qui a quitté ses fonctions dans un climat politique tendu.
Son arrivée à la tête du Shin Bet marque un tournant : Zini hérite d’une agence confrontée à une multiplication des menaces internes — cellules terroristes dormantes en Cisjordanie, cyberattaques iraniennes, divisions sociales internes — et à une pression politique accrue liée au dossier explosif de la libération des otages à Gaza.
Un message d’unité et de modestie
Lors de son discours à la résidence présidentielle, Zini a placé la mamlakhtiout — la notion d’État au-dessus des clivages — au cœur de sa vision :
« J’ai expliqué à mes enfants ce que signifie ce symbole : la présidence incarne la dimension apolitique de notre nation. Ce qui nous a permis de revenir ici, il y a deux mille ans, c’est l’unité, la fraternité, la fidélité à nos racines et à notre avenir. Nous agirons avec loyauté envers ce peuple, envers cet État et envers ses valeurs, dans toutes leurs nuances. »
Le nouveau chef du Shin Bet a ajouté :
« Nous serons des serviteurs fidèles du peuple d’Israël, dans l’humilité et la solidarité, pour la sécurité de nos citoyens. Que cette année soit celle de la guérison, du retour de nos prisonniers et de la victoire de la paix. »
Une nomination stratégique dans un moment charnière
Le mandat de Zini débute au moment où Israël prépare des négociations sensibles avec le Hamas au sujet de la libération des otages et de la mise en œuvre du plan de paix américain. Selon des sources proches du cabinet de sécurité, Zini participera à l’équipe israélienne de coordination sécuritaire chargée de suivre ces discussions, notamment avec les émissaires américains et égyptiens.
Son rôle consistera à garantir la sécurité opérationnelle de l’accord, en supervisant la transmission des otages via la Croix-Rouge et en veillant à ce qu’aucune faille de sécurité ne soit exploitée par le Hamas. Une tâche délicate, dans un contexte où chaque geste diplomatique est scruté à la loupe par les familles des captifs et par l’opinion publique israélienne.
Une transition sous tension
En interne, Zini sera épaulé dans les premières semaines par « Sh. », le directeur par intérim du Shin Bet, qui a assuré la continuité depuis la démission de Ronen Bar. La période de passation durera environ un mois, avant que Zini ne tienne ses premières réunions stratégiques avec le chef d’état-major de Tsahal, le Mossad et la police nationale.
Selon Ynet et N12, le nouveau patron de la sécurité intérieure prévoit d’axer sa politique sur trois priorités :
- Renforcer la coordination interservices pour faire face Ă la menace iranienne.
- Stabiliser la situation intérieure, notamment face à la radicalisation de certains secteurs arabes et ultraorthodoxes.
- Préserver la neutralité institutionnelle du Shin Bet, dans un climat politique de plus en plus polarisé.
L’homme derrière le uniforme
Proche du courant national libéral, David Zini est réputé pour sa retenue et son pragmatisme. Ancien combattant d’élite, il a souvent insisté sur la nécessité de conjuguer « détermination et décence ». Ses pairs le décrivent comme un stratège réfléchi, mais profondément attaché à la dimension morale du service public.
Son geste inaugural — une prière au Mur des Lamentations avant d’endosser la responsabilité suprême — n’est pas anodin : il résume une approche à la fois spirituelle et institutionnelle de la sécurité nationale, ancrée dans la continuité historique du peuple juif.
Dans un pays où la sécurité est une seconde nature, David Zini prend la tête d’un appareil redouté mais respecté, symbole de résilience. Son défi : maintenir l’équilibre entre fermeté et unité, entre secret et transparence, entre loyauté à l’État et fidélité au peuple.
Et dans une Israël traversée par les divisions politiques et les épreuves de la guerre, cette loyauté-là pourrait bien être sa mission la plus difficile — et la plus essentielle.
Sources : Ynet, N12, Globes, Infos-Israel.News, Times of Israel.
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Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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