Chaque été, des dizaines de milliers d’Israéliens quittent les plages de Tel Aviv pour celles de Paphos, les marchés de Bangkok, les temples de Chiang Mai ou encore les rues colorées de Santorin. Voyager est devenu pour les Israéliens bien plus qu’un loisir : c’est une culture, une soupape, presque une tradition nationale.

Mais cette année, une réalité frappe de plein fouet les familles, les jeunes et même les routards aguerris : les destinations les plus aimées du public israélien deviennent de plus en plus inaccessibles. Et pas uniquement à cause de la demande. L’envolée des prix est globale, structurelle, et parfois… géopolitique.


🌍 Le voyage : une passion israélienne

Avant d’analyser les prix, un rappel essentiel : les Israéliens adorent voyager. Selon les données de l’Autorité aéroportuaire israélienne, plus de 4,6 millions de passagers ont transité par l’aéroport Ben-Gourion au cours du seul été 2023. Et ce chiffre devrait encore grimper en 2025.

Les raisons sont nombreuses :

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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  • Petite taille du pays → besoin de découverte extérieure
  • Service militaire obligatoire → effet « post-armée » avec des longs voyages en Asie ou Amérique du Sud
  • Pouvoir d’achat relativement élevé, notamment dans la tech
  • Culture occidentale orientée vers le loisir et l’expérience

Mais aujourd’hui, cette passion du voyage se heurte à une réalité dure : les prix explosent.


📈 Un été sous tension : +30 à +50 % selon les destinations

À titre d’exemple :

  • 🇹🇭 Thaïlande : autrefois perçue comme une destination « pas chère », voit ses prix augmenter de 40 % par rapport à 2022, notamment à cause de l’inflation locale, du retour massif du tourisme post-Covid, et des taxes sur les transports intérieurs.
  • 🇨🇾 Chypre : avec la proximité géographique, de nombreux Israéliens s’y rendent pour de courts séjours. Mais le coût des vols + hôtels a bondi de 35 % en un an. Pourquoi ? Moins de concurrence aérienne, hausse des prix de l’énergie, et baisse du shekel.
  • 🇬🇷 Grèce : pourtant bien desservie par les low-cost, reste chère cet été à cause de la forte demande touristique mondiale et de l’impact des incendies de l’année précédente sur l’offre hôtelière.

💶 L’effet euro, dollar, et shekel

Une autre cause majeure : le taux de change.
Le shekel, historiquement fort, a perdu de sa valeur en raison :

  • des tensions géopolitiques (Gaza, Iran, Liban)
  • de l’instabilité politique interne
  • et du climat d’incertitude économique mondial

Résultat : tout devient plus cher à l’étranger. Une nuit d’hôtel à Barcelone à 150 euros coûtait 570₪ en 2022, mais près de 630₪ aujourd’hui.

De plus, l’inflation mondiale affecte tous les services liés au voyage : restaurants, locations de voiture, excursions, vols internes.


✈️ Moins de vols directs = plus de coûts

Un autre facteur structurel : la réduction des liaisons aériennes directes. En raison de la guerre à Gaza et des risques de sécurité dans certaines zones aériennes, plusieurs compagnies (Air France, Lufthansa, easyJet) ont réduit ou suspendu temporairement certains vols vers Israël.

Même El Al, bien que très active, ne peut pas compenser toute la demande. Résultat : moins de concurrence = hausse des prix.

Les compagnies low-cost, autrefois reines du ciel israélien, n’offrent plus les mêmes conditions agressives qu’avant. Ryanair a supprimé plusieurs lignes depuis Tel Aviv. Wizz Air a réduit ses fréquences.


🧑‍🤝‍🧑 La demande reste forte malgré tout

Ce qui étonne les professionnels du tourisme, c’est que les Israéliens continuent de réserver en masse, malgré les prix. Pourquoi ?

  • Besoin de respirer après une période difficile (guerre, mobilisation, tensions internes)
  • Volonté de sortir du pays face à une atmosphère parfois pesante
  • Recherche de normalité après des années de Covid, de confinement, et de chocs économiques

Certaines familles font des compromis : moins de jours, hôtels plus simples, destinations alternatives. Mais peu renoncent totalement au voyage.


🌟 Vers de nouvelles tendances ?

Face à cette hausse des prix, de nouvelles destinations gagnent du terrain :

  • 🇹🇷 Turquie, revenue en grâce pour les voyages familiaux et médicaux
  • 🇦🇱 Albanie, encore peu chère mais de plus en plus touristique
  • 🇧🇬 Bulgarie, notamment Varna ou Sofia
  • 🇯🇴 Jordanie, qui devient une escapade de week-end en mer Morte ou à Petra
  • 🇸🇮 Slovénie, perle verte de l’Europe qui attire les amateurs de nature

Certains Israéliens explorent même l’idée de voyages locaux ou de séjours dans le désert du Néguev ou dans les kibboutzim — façon de voyager sans avion.


🧮 Budget : des chiffres qui parlent

Pour une famille de 4 personnes :

Destination 2022 (en ₪) 2025 (en ₪)
Chypre (5 jours) ~7 000 ₪ ~10 000 ₪
Grèce (7 jours) ~11 000 ₪ ~15 000 ₪
Thaïlande (15 jours) ~21 000 ₪ ~30 000 ₪

À cela s’ajoutent les frais indirects : assurance voyage (en hausse), tests médicaux éventuels, taxis, achats locaux…


🇮🇱 Réflexion : et si Israël devenait la meilleure option ?

Dans ce contexte, certains analystes touristiques suggèrent que l’État devrait promouvoir encore plus le tourisme intérieur.

Des initiatives existent :

  • Réductions sur les hôtels en Galilée
  • Développement de l’écotourisme dans le désert
  • Mise en valeur du patrimoine de Jérusalem, Haïfa, Safed…

Et surtout, un message : « Voyager, c’est aussi redécouvrir ce qu’on a chez soi. »


✈️ Conclusion : voyager reste une priorité israélienne, mais le monde a changé

Le rêve de Thaïlande ou de Mykonos n’a pas disparu. Mais il coûte plus cher, demande plus d’organisation, et surtout : il s’inscrit dans un monde post-pandémique, instable et inflationniste.

Les Israéliens, fidèles à leur réputation, s’adaptent, contournent, innovent. Ils voyagent moins longtemps, parfois plus près, mais avec la même soif de découverte.

Et cela, ni les prix, ni les avions retardés, ni les tensions régionales ne pourront l’arrêter.