Israël doit-il être un Etat juif ou un Etat démocratique… Les deux sont-ils conciliables ? (Suite)
Sans remonter jusqu’à Pharaon, en partant simplement de l’exil romain, tant la botte de la chrétienté que la babouche de l’islam se sont appesanties sur notre cou et nous faisaient plier l’échine en attendant des jours meilleurs. (Les études historiques disent qu’un Juif ne reste en moyenne dans un pays que 60 ans avant qu’il ne soit forcé de faire ses bagages. C’est à peu près le temps qui nous sépare de la Shoah et l’antisémitisme renaît déjà dans tous les coins de l’Europe !) Quand Marianne a, de son bonnet phrygien, souffleté Dreyfus, alors qu’à l’Est les pogroms s’intensifiaient, nous avons enfin compris : « Nous étions assis au bord de la grand-route des peuples en marche, la main tendue pour l’aumône, les yeux dans la poussière. Lorsqu’on nous jetait une pièce ou un os à ronger, nous disions : nos maîtres sont de bonne humeur, c’est un grand jour. Nous étions assis au bord de la grand-route des peuples en marche, auprès des égouts, jusqu’au jour où le dégoût de nous-mêmes nous mit debout sur cette même route. Nous entendîmes l’appel d’Herzl. Nous sentîmes s’éveiller sous nos pieds , à sa voix, le sol de la patrie. » (Zéèv Jabotinsky, « Eloge funèbre de Théodore Herzl », 1904). L’analyse était claire : nous ne pouvions compter sur aucun gouvernement des nations, sur aucune justice équitable de la part de celles-ci envers nous, les Juifs ! Seul un Etat juif, un Etat où nous serions majoritaire, où la Justice et la recherche de l’équité envers tous les citoyens seraient sous notre seul contrôle, nous permettrait de ne plus vivre sous la peur des humeurs antisémites versatiles des « grands » et de la populace… il nous avait fallu des millions de martyrs – tout au long de l’histoire et avant même la Shoah – pour réaliser que nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes.
La lutte a commencé et certains d’entre nous, las d’apporter gratuitement notre contribution intellectuelle au nations pour être jetés dès qu’elles nous avaient bien pressés comme des citrons, ont mis tout leur poids en faveur du retour à Sion. Ce fut le cas du Docteur H’aïm Weizmann qui, suite au déclenchement de la Première Guerre mondiale et profitant d’avoir découvert une formule permettant d’améliorer la fabrication de l’acétone (nécessaire à la Grande-Bretagne engagée dans les combats), exigea du gouvernement de Sa Gracieuse Majesté la promesse, en cas de victoire, de « l’établissement de la Palestine comme foyer national des Juifs »en contrepartiede ses efforts. D’un autre côté, les Juifs déjà présents en Terre Promise créèrent un mouvement clandestin – le Nètsah’ Israël Lo Yishaker, c’est-à-dire « Le Génie d’Israël (D-ieu) ne mentira pas » (en abrégé, le NILI) – qui, par ses sabotages, affaiblit les troupes ottomanes qui occupaient la région. Lord Arthur James Balfour, ministre des Affaires Etrangères, et d’autres responsables britanniques étaient favorables à cet accord (Lloyd George a écrit dans ses mémoires (Mémoires, pages 736-737) : « …d’autre part, il était envisagé que, quand le temps serait arrivé d’accorder des organes représentatifs à la Palestine, si les Juifs avaient en attendant saisi l’opportunité que leur offrait l’idée du foyer national et étaient devenus une majorité conséquente des habitants, alors la Palestine deviendrait ainsi un ‘Commonwealth’ (Etat) juif. La notion que l’immigration juive devait être artificiellement restreinte afin de s’assurer que les Juifs restent une minorité permanente, n’est jamais entrée dans les têtes de ceux qui ont créé cette politique. Cela aurait été considéré comme injuste et une fraude contre le peuple à qui nous faisions appel. ») mais un certain Edmund Montagu, Juif membre du cabinet – pensant que l’existence d’un Etat juif soulèverait des doutes au sujet de la fidélité des Juifs de la diaspora envers leur pays (Eh, oui ! Ces gens – avec qui je ne peux vraiment pas « prendre langue » et que je nomme, par boutade, « assimil a-sionistes » – existaient déjà à l’époque) – fit modifier les termes de la lettre en « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif » (Déclaration Balfour de 1917)… ce qui permit à Winston Churchill (alors Secrétaire d’Etat aux colonies), en 1922, de manger la parole (Vu l’état de leur gastronomie, il faut bien que les Rosbifs mangent quelque chose de temps en temps !) donnée à la Société des Nations en échange du mandat sur ce territoire, en publiant un « Livre blanc » (Restrictions drastiques de l’immigration juive), tout en soulignant que ces dispositions ne signifiaient pas que : « la Palestine en entier devrait être convertie en un foyer national juif, mais qu’un tel foyer devrait être fondé en Palestine. » Il faut dire que la perfide Albion avait aussi (en 1915), en la personne de Henry McMahon et par l’intermédiaire de Lawrence d’Arabie, promis un territoire à un chef de bande arabe s’il acceptait de se révolter contre les Ottomans et que, de plus, les Britishs et les Français s’étaient partagé en secret le Moyen-Orient, en 1916, dans le cadre des accords Sykes-Picot. Pourtant, le mandat donné en 1920 (Conférence de San Remo) par la Société des Nations était clair : outre le fait que, dans l’Article 2 (voir document « Mandat pour la Palestine – Société des Nations »[1]) , il est question de « the establishment of the Jewish national home » (« l’établissement du foyer national juif »)… la région nommée « Palestine » à l’époque comportait tous les territoires situés entre le Jourdain et la Méditerranée (donc, en ce compris, la Judée-Samarie) ainsi que ce qui fut appelé par la suite la « Transjordanie » (Transjordanie qui représente 70% du territoire de la « Palestine mandataire de 1920 » !) On peut lire également, à l’Article 5 du document définissant ce mandat : « The Mandatory shall be responsible for seeing that no Palestine territory shall be ceded or leased to, or in any way placed under the control of, the Government of any foreign Power. » (« Le Mandataire aura la responsabilité de veiller à ce qu’aucun territoire de la Palestine ne soit cédé, loué, ou en aucun cas placé sous le contrôle du Gouvernement de n’importe quel Pouvoir étranger »). A l’Article 6, on note aussi : « The Administration of Palestine, while ensuring that the rights and position of other sections of the population are not prejudiced, shall facilitate Jewish immigration under suitable conditions and shall encourage, in co-operation with the Jewish agency referred to in Article 4, close settlement by Jews on the land, including State lands and waste lands not required for public purposes. » (« L’Administration de Palestine, en s’assurant que les droits et privilèges des autres secteurs de la population ne soient pas préjudiciés, devra faciliter l’immigration juive sous des conditions appropriées et devra encourager, en coopération avec l’Agence juive citée dans l’Article 4, l’établissement d’implantations par des Juifs sur le territoire, y compris sur les terres étatiques et les terrains non nécessaires aux besoins publics. »).
Une fois de plus, nous avons constaté que nous ne pouvions compter sur les nations pour nous défendre et respecter leurs engagements… bien au contraire ! Des hordes d’assassins arabes nous ont attaqués, créant régulièrement émeutes, pillages, meurtres et pogromes (entre autres, les émeutes arabes de 1920, 1921, 1929 et la Grande révolte arabe de 1936-1939, organisée par le Grand Mufti de Jérusalem – oncle de Yasser Arafat – qui s’alliera ensuite avec le « moustachu teuton »). Les troupes britanniques, quand elles n’encourageaient pas leurs exactions, ne levaient pas le moindre petit doigt (Déjà que, chez eux, le pouce ne fait que 25,4 mm !) pour nous venir en aide. Violant les accords signés avec la Société des Nations (Art. 5), Winston Churchill réduit la Palestine mandataire en indiquant qu’elle se limitait aux territoires situés à l’ouest du Jourdain de par les promesses faites par McMahon, en 1915, d’offrir l’indépendance aux Arabes, notamment dans les territoires situés (Il doit employer la terminologie ottomane… ce qui prouve bien que « la Palestine » comportait alors ce qui sera appelé « la Transjordanie » ! Remarquons que, par cette explication, il ressort que la Transjordanie était l’Etat prévu pour les Arabes, tandis que l’autre partie – Judée-Samarie incluse – était donc supposée destinée aux Juifs )… à l’est du « Sandjak de Jérusalem » (voir « Livre blanc britannique de 1922 »[2], publié sur le site de la Yale Law School, consulté le 21/07/2010 et aussi Dominique Perrin : « Palestine : une terre deux peuples » – Presse Universitaire Septentrion, 2000, p. 151-153). « Concrètement, par ces dispositions, les Britanniques interdisent l’immigration juive dans les territoires du Mandat situé à l’est du Jourdain (Transjordanie), dont ils donnent le contrôle à l’émir Abdallah, un des fils de Hussein. Ils exigent également des autorités sionistes qu’elles reconnaissent ces faits avant la publication des termes du Mandat. Chaïm Weizmann finit par accepter (Howard Sachar, “A History of Israel: From the Rise of Zionism to our Time”, 2007, p. 127) malgré les prétentions sionistes qui revendiquaient le droit d’étendre leur foyer national à une partie de la Transjordanie ainsi qu’à une partie du Liban et du plateau du Golan. (Martin Sicker, “Reshaping Palestine : from Muhammad Ali to the British Mandate, 1831-1922”, Greenwood Publishing Group, 1999, p. 164-165). Pour officialiser ces mesures, peu avant la publication officielle des termes du mandat, un article supplémentaire, le 25ème (voir : « The Palestine Mandate »[3], consulté le 04/03/2010 sur Yale Law School. Les frontières ne sont pas précisément définies mais il est clair, selon l’article 25 que des territoires sur la rive est du Jourdain sont inclus dans le mandat.), lui est ajouté qui stipule que : « dans les territoires situés entre le Jourdain et les frontières est [du mandat] de Palestine comme déterminées ultérieurement, le mandataire pourra […] reporter […] l’application de certaines [de ses] clauses. […] »[4]). En 1930 et en 1939 (voir notes en fin de textes[5]), deux autres « Livres blancs » suivront, restreignant de plus en plus les droits des Juifs et, de ce fait, violant encore plus les termes du Mandat confié par la Société des Nations. Dans le territoire attribué aux Arabes, qu’ils nomment Transjordanie, la perfide Albion crée une force armée, forte de douze mille hommes dont la solde est payée par l’Angleterre et dont tout le haut commandement est composé d’officiers britanniques (la « Légion arabe »), parmi lesquels le plus célèbre fut John Bagot Glubb, plus tard appelé Glubb Pacha par les Arabes. Lorsque, le 25 mai 1946, cette entité accédera à l’indépendance et deviendra le Royaume hachémite de Transjordanie, la plupart de ces ressortissants de Sa Gracieuse Majesté resteront à leur poste dirigeant et participeront, en 1948, à l’attaque de l’Etat juif… dont l’indépendance avait été officiellement admise par Londres ! A nouveau, nous pouvions « admirer » – Rappelons que nous sortions à peine de la Shoah et que ces officiers, encore attachés à Londres, participaient sans états d’âme à une agression affirmant ouvertement vouloir « jeter les Juifs à la mer » – ce que valait les promesses et les paroles des gouvernements des nations. Alors que, après les combats, les Arabes restant sur le territoire de l’Etat d’Israël (770.000, à l’instigation des Etats arabes, avaient fui chez leurs frères avec la promesse de « revenir sur les pas des armées arabes » !) avaient droit au même droits civiques et politiques que les Juifs, 760.000 Juifs ont dû fuir ou furent expulsés des Etats arabes (« La valise ou le cercueil ! », comme les Français une dizaine d’années plus tard en Algérie). Les antiques synagogues du quartier juif de la Vieille ville de Jérusalem furent pillées, incendiées par la soldatesque jordanienne, le Mur des Lamentation fut transformé en dépotoir, les pierres tombales juives du cimetière millénaire du Mont des Oliviers arrachées pour en faire des urinoirs et/ou des pavements de route, les territoires sous occupation arabe furent déclarés « Judenrein » (« vidés des Juifs » selon la charmante expression employée quelques années plus tôt par les nazis !)… et les nations ont gardé le silence comme elles l’avaient fait un peu plus tôt envers l’Allemagne nazie. Les réfugiés Juifs s’intégrèrent, pour la plupart, en Israël tandis que les réfugiés Arabes, partis volontairement, furent parqués par leur propre peuple dans des bidonvilles – où leurs descendants croupissent encore aujourd’hui, 66 ans plus tard – et leur subsistance fut laissée aux bons soins de la charité internationale (UNRWA). Tout au long de l’histoire d’Israël, nous avons appris que les engagements, promesses, traités, des gouvernements du monde n’avaient aucune valeur quand il s’agissait d’une question de vie ou de mort pour le Peuple juif : nous ne pouvons compter que sur nous-même face aux dangers de mort. Agressés, par des forces supérieures en nombre et à plusieurs reprises, on ne voit intervenir la communauté des nations que lorsque la situation tourne en notre faveur… afin de nous imposer un cessez-le-feu, le retrait de territoires conquis en légitime défense au prix du sang de nos soldats, la libération d’assassins de civils pour lesquels certains représentants européens sont officiellement présents lorsque ces criminels sont accueillis comme des « héros » par la dite « Autorité » dite « palestinienne ». Leurs « forces d’interposition », leurs « observateurs », s’enfuient comme des étourneaux au moindre froncement de sourcil de nos agresseurs (Sinaï, Liban, Gaza, Golan) ou leur permettent de se sur-réarmer sous leurs yeux pendant les trêves (comme, aujourd’hui, le H’ezbollah au Sud-Liban ou, hier, le H’amas à, Gaza). Même quand un pays annonce clairement qu’il veut nous annihiler – et se fabrique la bombe atomique pour ce faire – ces gens ne trouvent rien de mieux que de saisir la moindre occasion pour pouvoir à nouveau lui faire risette et ainsi booster leur commerce. Ils ne nous aiment que quand nous sommes réduits à l’état de cadavres et, comme disait Golda Méïr, « Je préfère vos condamnations à vos condoléances ! »