À l’ombre des discussions visant à encourager les Palestiniens à émigrer de la bande de Gaza , l’Autorité palestinienne a annoncé l’assouplissement des passeports pour les résidents. « Les personnes intéressées par une demande de délivrance ou de renouvellement d’un passeport peuvent contacter le ministère de l’Intérieur à Ramallah », précise le communiqué.
L’annonce a suscité des réactions mitigées. Certains Palestiniens ont déclaré qu’ils « craindraient que la guerre à Gaza ne fournisse à Israël une excuse pour forcer les habitants de la bande à émigrer », et ont accusé que « l’annonce de l’Autorité palestinienne est conforme au plan d’expulsion israélien ».
D’autres habitants, en revanche, ont salué l’initiative et ont déclaré qu’elle visait à aider ceux dont les documents avaient été perdus pendant la guerre ou dont les passeports étaient expirés. « Il y a aussi des blessés et des malades qui ont dû partir se faire soigner hors de Gaza, et l’ont fait avec une carte d’identité ordinaire parce qu’ils ne retrouvaient pas leurs papiers et leur passeport », a expliqué l’un des habitants.
Selon le témoignage d’un habitant de Gaza, même ceux qui souhaitent quitter la bande aujourd’hui par le terminal de Rafah ne peuvent pas vraiment le faire en raison des coûts élevés. Selon lui, toute personne souhaitant voyager hors de Gaza doit payer un pot-de-vin d’un montant énorme d’environ 20 000 shekels. « Cette somme va à l’Egypte et aux parties dont l’intégralité du travail consiste à coordonner la sortie de cette personne du passage », dit-il. « Une famille de cinq personnes qui veut déménager devra payer 100 000 shekels. Qui a cet argent ? C’est impossible. C’est ce que font les fauteurs de guerre. Et de toute façon, les seules personnes qui peuvent partir maintenant sont celles qui ont des droits égyptiens , les citoyens étrangers, les diplomates et éventuellement les malades.
Le phénomène de migration depuis Gaza s’est développé avant même le 7 octobre et, selon les estimations, des dizaines de milliers de Palestiniens, principalement des jeunes, ont quitté la bande de Gaza ces dernières années, en raison de la menace du Hamas et de la situation économique et sociale. Selon les habitants, la guerre a renforcé le désir d’une partie de la population de la bande de Gaza de sortir. « Les gens sont très fatigués et n’en peuvent plus. Le sentiment est que personne ne peut vous protéger. Il y a une grande incertitude. Une personne se dit : si je reste à Gaza, je pourrais mourir à tout moment. » » a déclaré un Palestinien déplacé à Rafah à Israel Hayom.
« Les gens qui ont perdu tout ce qu’ils ont accompli dans leur vie veulent quitter Gaza. Un homme qui a perdu un membre de sa famille, sa maison, ses biens et sa voiture a disparu, et il n’a pas de travail – c’est une situation très difficile. Il ne s’agit plus simplement d’aller chercher un autre avenir et de tout oublier. Il s’agit des choses quotidiennes dont chaque personne a besoin et qui ne sont pas disponibles à Gaza actuellement – l’eau, l’électricité, les douches, la nourriture, de l’air pur. Si j’en avais la possibilité, je sortirais aussi avec ma famille, mais nous n’avons pas non plus le droit et nous devons payer des sommes folles », a-t-il déclaré.
Cependant, il explique que tant qu’une décision rapide sera prise pour restaurer la bande de Gaza, certains habitants préféreront rester. « C’est une décision qui appartient à chacun. Je suppose que ceux qui ont perdu et souffert le plus seront plus enthousiastes à l’idée de quitter Gaza, mais tout le monde n’en est pas capable – mentalement et personnellement. Et en général, c’est difficile pour les personnes âgées. »
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