L’ancien commandant du district militaire nord, le général Amir Levin, a exprimé sa « grande déception » face à l’ampleur de l’attaque occidentale contre des cibles syriennes. Prenant la parole en public lors de « Shabbat Tarbut » à Be’er Sheva, Levin a dit qu’il serait préférable de ne pas attaquer du tout car cette situation laisse seul Israël face à la situation ».
Alon Ben David, critique de Channel 10, partage cette évaluation. L’attaque ne fait que confirmer que les Etats-Unis n’essaient pas d’influencer l’issue de la guerre civile en Syrie mais isole Israël, estime-t-il.
Une fois la portée et les résultats de l’attaque de représailles clarifiés, l’armée israélienne et les observateurs politiques ont conclu que l’action des États-Unis, la Grande-Bretagne et la France non seulement n’ont pas ébranlé, mais ont même renforcé la position du régime Assad et ses alliés en Syrie.
Samedi matin, les autorités syriennes ont organisé au cœur de Damas des manifestations de «victoire» avec des centaines de partisans du régime qui sont descendus dans les rues avec des drapeaux syriens, russes et iraniens. Les chaînes de télévision d’Etat ont montré comment Assad entre dans la matinée dans un bâtiment radieux et complètement vide du palais présidentiel.
« Les roquettes ont frappé les bâtiments vides, désaffectés (selon les chiffres syriens officiels, il y a trois civils blessés), les stocks d’armes chimiques sont détruits, mais les avions et les hélicoptères de l’armée syrienne intacts » selon le journaliste de TV 10, Hazy Simantov. Le commentateur estime qu’à la fin la Russie et l’Iran vont renforcer leur soutien au régime syrien, de sorte que « Assad a reçu une double victoire, car il a survécu à l’attaque, mais obtient un plus large soutien militaire et politique de la Russie et de l’ Iran. »
L’attaque occidentale n’a pas atteint ses objectifs déclarés, « Assad peut pousser un soupir de soulagement », conclut l’analyste militaire de Ynet, Ron Ben Yishai. La nature limitée de l’attaque lui permet non seulement de conserver son pouvoir, mais aussi de continuer à utiliser des armes chimiques. « Israël a des raisons de s’inquiéter », estime le journaliste.
Trump a remporté une victoire diplomatique impressionnante, mais la situation en Syrie n’a pas été affectée par l’attaque de la « triple coalition », selon Arad Nir, le chroniqueur de 2 chaînes de télévision.
L’ancien chef de l’armée et directeur politique du ministère de la Défense, le major-général de réserve Amos Gilad a également, dans une interview accordée à « Hadashot 2 », exprimé sa certitude que si le dictateur syrien a mis de côté une « quantité suffisante » d’armes chimiques pour tuer ses concitoyens, il reste une menace pour le monde entier. « Quiconque utilise des armes chimiques contre ses citoyens peut l’appliquer demain à Times Square, Paris ou Israël », a déclaré Gilad. Un vétéran des services de sécurité israéliens pense que l’attaque d’aujourd’hui peut avoir un effet dissuasif sur Assad, mais seulement « pendant un moment ».
L’édition anglaise du Times of Israël a publié un rapport anonyme («une source officielle à Jérusalem») qui estime la réponse militaire occidentale à une attaque chimique à Douma «appropriée» et insiste sur la probabilité de nouvelles attaques sur la Syrie.
Yair Lapid, le leader de Yesh Atid, a « salué » les actions des Etats-Unis et de leurs alliés, qualifiant l’attaque de « massive » mais « limitée » de frappe de missiles.
« Malgré le long silence de la communauté internationale et un coup limité, le monde progressiste démontre à Assad qu’il ne gardera pas le silence sur le meurtre d’enfants. Mais le vrai test dépend de la possibilité pour la coalition de continuer les pressions militaires et politiques sur le dictateur de Damas. Israël, pour sa part, poursuivra ses activités contre la consolidation de l’Iran en Syrie et défendra sa sécurité « , a ajouté M. Lapid.