DĂ©couverte d’une vingtaine de lettres de l’auteur Stefan Zweig qui s’est suicidĂ© :  » Il avait prophĂ©tisĂ© le nazisme »

En 1921, le romancier juif et autrichien, dramaturge, journaliste et biographe Stefan Zweig a reçu une lettre d’un jeune homme de 16 ans nommĂ© Hans Rosenkranz, qui cherchait des conseils pour devenir un Ă©crivain.

Zweig, qui avait Ă  l’époque 40 ans a rĂ©pondu en commençant une longue correspondance qui se transforma en une relation de mentorat. AdolfHitler a pris le pouvoir en 1933, et Zweig a offert une formation professionnelle Ă  Rosenkranz  et mĂȘme un soutien financier.

Les 26 lettres et six cartes postales toutes inconnues ont rĂ©cemment Ă©tĂ© remises Ă  la BibliothĂšque nationale d’IsraĂ«l. Elles apportent un Ă©clairage nouveau sur la personnalitĂ© de Zweig, ses attitudes envers le judaĂŻsme et le sionisme, et sa prophĂ©tie politique,quand il fait allusion Ă  la montĂ©e du nazisme 12 ans avant l’évĂ©nement.

Les lettres ont Ă©tĂ© remis Ă  la BibliothĂšque nationale d’IsraĂ«l par Hannah Jacobcon, la fille de Rosenkranz, qui vit dans la ville cĂŽtiĂšre de Bat Yam, en IsraĂ«l. A l’époque, Zweig a donnĂ© le droit Ă   Rosenkranz, de devenir un Ă©diteur, le droit d’imprimer et de commercialiser la version allemande de Anatole France de « Jeanne d’Arc » , traduit par Friderike Zweig, la premiĂšre femme de l’auteur.

Dans leur correspondance, Zweig a discutĂ© de sujets juifs, tels que dans sa premiĂšre lettre: «Il n’y a rien que je dĂ©teste plus que le culte de soi des nations et leur refus de reconnaĂźtre une variĂ©tĂ© de formes de peuples et les types d’ĂȘtres humains et dĂ©couvrir  la beautĂ© de l’ĂȘtre. En termes d’histoire, il est tout simplement clair pour moi que certainement le judaĂŻsme est maintenant en plein essor culturel et florissant car il n’a pas prospĂ©rĂ© pendant des centaines d’annĂ©es.

Peut-ĂȘtre cela est la fusĂ©e avant l’extinction. Peut-ĂȘtre que cela est rien d’autre qu’un bref sursaut dans l’éruption de la haine du monde. [
] Le Juif doit ĂȘtre fier de son judaĂŻsme et le glorifier mais il ne convient pas de se vanter de rĂ©alisations que vous avez obtenus avec vos propres mains, sans oublier les rĂ©alisations de la masse et le corps homogĂšne Ă  laquelle vous appartenez. [
] L’antisĂ©mitisme, la haine, les conflits internes sont autant d’élĂ©ments anciens de notre destin historique – toujours problĂ©matiques. [
] Il faut donc trouver un moyen de sortir; nous devons ĂȘtre courageux pour rester dans notre destin. Si le judaĂŻsme est une tragĂ©die, nous le vivons « .

En rĂ©ponse Ă  l’enquĂȘte de Rosenkranz Ă  propos de l’opinion de Zweig concernant les immigrĂ©s vers la Terre d’IsraĂ«l, Zweig, qui n’a jamais visitĂ© la Palestine mandataire, n’a pas Ă©tĂ© en faveur de l’idĂ©e, dit le jeune homme au sujet de la mort du fils d’un ami qui avait immigrĂ© lĂ -bas, qui a laissĂ© Ă  son pĂšre « un vase brisĂ©. »

D’autre part, Zweig admirait ThĂ©odore Herzl, et il a Ă©crit Ă  son protĂ©gĂ©: «Ces derniers jours j’ai lu les journaux de Herzl: telle Ă©tait l’idĂ©e, si pure, qu’elle Ă©tait juste un rĂȘve, propre de la politique et de la sociologie. [
] Nous, qui Ă©taient proches de lui, avons hĂ©sitĂ© Ă  lui remettre toute notre vie. [
] Je lui ai dit que je ne peux rien faire qui ne soit pas complet. [
] L’art et le monde dans son ensemble Ă©taient trop importants pour moi de me consacrer Ă  la nation et rien d’autre. [
] Allez-y seulement si vous croyez, pas de dĂ©goĂ»t de ce monde allemand, ni en raison de l’amertume Ă  la recherche d’une sortie Ă  travers l’évasion ».

Toutefois, selon Amos Elon, Zweig a appelĂ© le livre de Herzl ‘Der Judenstaat’ un «texte obtus, [] non-sens. »

Rosenkranz Ă©tait incapable de remplir ses ambitions littĂ©raires. Au dĂ©but des annĂ©es 1930, il a Ă©pousĂ© Lily Hyman, divorcĂ©e et mĂšre d’une trĂšs jeune fille. La famille a immigrĂ© en Palestine en dĂ©cembre 1933 et quelques annĂ©es plus tard Rosenkranz a rejoint la Brigade juive de l’armĂ©e britannique comme officier dans une unitĂ© qui a combattu en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant la guerre, il a contractĂ© une maladie pulmonaire Ă  partir de laquelle il n’a jamais complĂštement rĂ©cupĂ©rĂ©.

Selon la BibliothĂšque nationale d’IsraĂ«l , qui invite le public Ă  venir voir la nouvelle collection, Hans Rosenkranz se suicida en 1956, aprĂšs avoir immigrĂ© en IsraĂ«l. Quatorze ans plus tĂŽt, en 1942, Zweig, le jour aprĂšs la fin de ses mĂ©moires, « Le Monde d’hier » s’est Ă©galement suicidĂ©, avec sa femme Lotte Altmann.

En plus de sa longue correspondance avec Zweig, Rosenkranz correspondait aussi avec des Ă©crivains comme Thomas Mann, Klaus Mann et Franz Goldstein, pour ne citer que quelques – uns.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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