Une nouvelle tempête politico-sécuritaire secoue Israël après la requête officielle adressée au Shin Bet par l’organisation dite du « Conseil d’Octobre », qui regroupe des familles endeuillées depuis l’attaque du 7 octobre. Dans une lettre transmise au directeur du service de sécurité intérieure, l’organisation demande l’ouverture d’une enquête urgente pour soupçon de trahison au sein du bureau du Premier ministre, à la suite de révélations faites par Eli Feldstein, ancien conseiller militaire de Benyamin Netanyahou.
Cette démarche intervient dans un climat déjà extrêmement tendu, marqué par une défiance croissante envers les institutions et par l’absence, à ce stade, d’une commission d’enquête d’État sur les défaillances ayant conduit au massacre du 7 octobre. Pour les familles, les propos récemment tenus par Feldstein constituent un élément supplémentaire justifiant une intervention immédiate des services de sécurité.
Dans un entretien télévisé accordé à une émission d’actualité, Eli Feldstein a affirmé que la première mission qui lui avait été confiée par le Premier ministre était de faire cesser le débat public autour de la responsabilité politique de Netanyahou dans les événements du 7 octobre. Selon son témoignage, il aurait été explicitement chargé de « détourner l’attention » et de réduire l’impact médiatique des questions portant sur la chaîne de responsabilité au sommet de l’État.
Le Conseil d’Octobre estime que ces déclarations ne relèvent pas d’une simple controverse politique, mais qu’elles soulèvent des soupçons graves quant à une possible manipulation délibérée du débat public, voire à une tentative de dissimulation d’informations cruciales. Dans leur lettre, les familles évoquent un « schéma récurrent » visant à éviter toute prise de responsabilité et à empêcher l’émergence de la vérité sur les dysfonctionnements ayant précédé l’attaque du Hamas.
Selon l’organisation, le refus persistant du gouvernement de mettre en place une commission d’enquête d’État indépendante renforce ces soupçons. À la place, les familles craignent la création d’un mécanisme d’enquête à caractère politique, dont les membres et le mandat seraient définis par le pouvoir exécutif lui-même. Une telle option, affirment-elles, risquerait d’écarter précisément les questions les plus sensibles liées aux décisions prises dans les jours et les mois précédant le 7 octobre.
Les propos attribués à Feldstein font également référence à des mécanismes de paiement indirects et à l’implication de tiers extérieurs pour financer son activité, en raison de son incapacité à être intégré officiellement comme employé de l’État pour des raisons de sécurité. Ces éléments, s’ils étaient avérés, pourraient soulever de lourdes questions sur la transparence, la légalité et la sécurité des procédures au sein du bureau du Premier ministre.
Dans ce contexte, plusieurs responsables politiques de l’opposition ont réagi vivement. Des appels ont été lancés pour qu’une enquête pénale soit ouverte, certains évoquant la nécessité d’entendre le Premier ministre sous avertissement. Pour l’opposition, il ne s’agit plus d’un débat partisan, mais d’une question fondamentale touchant à la confiance du public dans les institutions de l’État et dans leur capacité à rendre des comptes après l’une des pires tragédies de l’histoire du pays.
Du côté du bureau du Premier ministre, les accusations sont rejetées avec fermeté. Les proches de Netanyahou dénoncent une campagne de diffamation et affirment que les propos de Feldstein sont sortis de leur contexte ou motivés par des intérêts personnels. Ils rappellent que plusieurs enquêtes médiatisées par le passé se sont soldées par des classements sans suite, et mettent en garde contre ce qu’ils qualifient de « chasse aux sorcières » en pleine période de guerre.
Le Shin Bet, pour sa part, n’a pas communiqué publiquement sur la requête du Conseil d’Octobre. Traditionnellement, le service évite toute déclaration prématurée sur l’ouverture ou non d’enquêtes sensibles, en particulier lorsqu’elles concernent des personnalités politiques de premier plan. Toutefois, la simple saisine officielle du service par un collectif de familles endeuillées confère à l’affaire un poids symbolique et moral considérable.
Au-delà des aspects juridiques, cette affaire met en lumière une fracture profonde au sein de la société israélienne. Pour de nombreuses familles touchées par le 7 octobre, la question n’est pas seulement de savoir qui a failli, mais si l’État est prêt à regarder ses propres erreurs en face. Le sentiment d’abandon et de méfiance exprimé par ces familles reflète une crise de confiance qui dépasse largement le cadre d’une enquête particulière.
Alors que la guerre se poursuit sur plusieurs fronts et que les enjeux sécuritaires restent majeurs, cette controverse rappelle que la bataille pour la vérité et la responsabilité se joue aussi à l’intérieur. La manière dont les institutions répondront à ces accusations pourrait avoir des conséquences durables sur la crédibilité du leadership politique et sur la capacité du pays à se reconstruire moralement après le traumatisme du 7 octobre.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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