Le Premier ministre Netanyahu, qui a retardé son vol pour New York jusqu’à mercredi, a déclaré aujourd’hui aux citoyens que « des jours difficiles nous attendent ». Selon le correspondant de Kan Michael Shemesh, lors d’une réunion du cabinet militaro-politique, parmi les deux plans de guerre contre le Hezbollah proposés par l’état-major général, Netanyahu a choisi un plan « par étapes » – au lieu de déclencher d’un coup toutes les frappes préparées contre le Hezbollah, Tsahal augmentera progressivement l’escalade, de sorte qu’à chaque étape, Nasrallah ait la possibilité de reprendre ses esprits et de demander grâce.
Une « source de haut rang » au sein du gouvernement a informé les journalistes que l’escalade sur le front nord se faisait avec la bénédiction des États-Unis. La Maison Blanche continue de répéter que l’escalade n’atteindra pas son objectif, ne contribuera pas à ramener chez eux les habitants du Nord et ne profitera pas du tout à Israël – mais en même temps, elle démontre son soutien à Israël et renforce une fois de plus la présence militaire américaine dans la région. Tout porte à croire qu’Israël a reçu l’autorisation américaine de mener une opération militaire « limitée » sans invasion terrestre au Liban – tout comme il a obtenu l’autorisation américaine pour une opération terrestre « limitée » à Rafah au printemps.
Dans le nord, selon les déclarations des dirigeants politiques et militaires, Israël a l’intention de mettre fin à la lente « guerre d’usure » et d’atteindre son objectif déclaré, à savoir des conditions sûres pour le retour des évacués dans leurs foyers. Les alliés américains ne croient pas au succès de cette tactique, mais permettent à Israël de la tenter – à condition qu’elle ne conduise pas à une guerre à grande échelle. Le correspondant militaire de Hadashot 12, Nir Dvori, explique qu’une guerre à grande échelle commencera après les bombardements de Beyrouth et de Tel-Aviv. Pour l’instant, nous avons affaire à une opération militaire limitée, et aujourd’hui, Tsahal a obtenu un succès remarquable, détruisant une « partie importante » de l’arsenal de missiles du Hezbollah.
Le commentateur militaire de Haaretz, Amos Arel, estime que la ligne a déjà été franchie ; aujourd’hui, tant de sang a coulé au Liban qu’une guerre à grande échelle a déjà commencé de facto, « même si les soldats israéliens ne sont pas encore entrés au Liban et que le Hezbollah n’a pas tirs sur Tel Aviv », et si Washington estime que la situation est sous contrôle jusqu’au début de l’invasion terrestre, alors ils se trompent grossièrement. Les correspondants de Haaretz à Washington, Amir Tibon et Ben Samuels, rapportent que les États-Unis font des efforts pour empêcher l’Iran de se ranger du côté du Hezbollah. Le gouvernement « modéré » du président Masoud Pezeshkian, intéressé par la levée des sanctions occidentales, a déjà montré sa volonté de faire la moitié du chemin avec les Américains : une attaque contre Israël après l’élimintion d’Ismail Haniya à Téhéran a été (soi disant) empêchée par des moyens diplomatiques.
Selon les Américains, l’opération de Rafah n’a pas conduit le Hamas à la capitulation et n’a pas permis de libérer les otages. Mais le Liban n’est pas Gaza, et l’armée parie que Nasrallah, contrairement à Sinwar, n’est pas totalement dénué de responsabilité quant au sort de la population civile de son pays et, par ailleurs, ne dispose pas d’un pouvoir indivis. Ayant compris qu’Israël ne s’arrêtera pas et que le Liban est menacé d’une catastrophe aux proportions monstrueuses, le chef de la « résistance » chiite doit lui-même arrêter la guerre – le calcul du plan israélien « d’escalade pour la désescalade » est basé sur cela.
Le seul problème est que l’autre partie pense la même chose. Jusqu’à présent, Tsahal fait preuve d’un excellent travail de reconnaissance et de défense aérienne, et d’une supériorité militaire absolue sur « l’armée d’Allah ». Mais l’armée considère qu’il est très probable que Nasrallah utilise son « arsenal stratégique » et que l’ensemble du territoire du pays soit attaqué par les missiles lourds à longue portée du Hezbollah, d’où la phrase « des jours difficiles nous attendent » .