Reprogrammation cellulaire : Passerelle vers des thérapies révolutionnaires

Cette étude inédite, dirigée par le professeur Yossi Buganim et son équipe, ouvre une nouvelle voie pour l’investigation de l’infertilité, des complications de la grossesse et des répercussions sur la santé de la mère et du nouveau-né. La reprogrammation des cellules de la peau en cellules du placenta pourrait être une percée dans le diagnostic et le traitement des maladies placentaires.

Récemment publié dans Nature Communications, le travail représente une avancée significative en biomédecine. Le placenta, organe vital pendant la grossesse, fournit au fœtus de l’oxygène et des nutriments, en plus d’éliminer les déchets. Leur étude a été limitée par des contraintes techniques et éthiques, notamment en raison de la difficulté d’accès aux cellules placentaires.

La reprogrammation cellulaire de l’équipe de Buganim, basée sur l’utilisation de protéines pour modifier l’expression des gènes, a surmonté ces obstacles. Ainsi, les cellules de la peau sont transformées en cellules placentaires, ouvrant un champ de possibilités pour l’investigation de pathologies spécifiques et le développement de thérapies cellulaires.

Du laboratoire à la clinique : implications thérapeutiques

Les cellules placentaires précoces, obtenues à partir d’échantillons de peau, permettent une étude plus détaillée de la fonction placentaire. Les complications de la grossesse peuvent être étudiées en utilisant des cellules ayant la même composition génétique qui peuvent avoir causé un dysfonctionnement placentaire.

Traditionnellement, l’obtention et la propagation de cellules souches trophoblastiques humaines (hTSC) in vitro a été un défi, principalement en raison d’un manque de connaissances sur les conditions de culture nécessaires. Récemment, les hTSC ont été dérivées et propagées avec succès à partir des blastocystes et des placentas du premier trimestre.

Cette avancée, cependant, n’a pas permis de dériver des hTSC de placentas à terme affectés par la maladie. La recherche actuelle, en revanche, a contourné cet obstacle en dérivant des cellules de tissus post-grossesse, tels que le placenta à terme, le sang du cordon ombilical ou la biopsie cutanée.

Dérivation réussie de cellules souches placentaires

Pour franchir cette étape, l’équipe a identifié un ensemble de gènes qui définissent l’identité des hTSC, des cellules précurseurs essentielles au développement placentaire. En induisant l’expression de ces gènes dans les cellules de la peau, il a été possible de les convertir en cellules souches placentaires fonctionnelles et stables.

Ces cellules transformées, ou cellules souches trophoblastiques induites (i-hTSC), ont démontré une capacité presque identique aux hTSC de type sauvage à se différencier en trois lignées cellulaires placentaires primaires, démontrant l’efficacité de cette nouvelle méthode.

Cette réalisation permettra aux scientifiques d’observer directement comment le placenta se développe et comment certaines conditions génétiques ou environnementales peuvent affecter ce développement. Les résultats pourraient également être appliqués au diagnostic et au traitement des maladies placentaires .

Un espoir pour l’infertilité et les complications de la grossesse

L’équipe espère que leurs travaux pourraient avoir un impact significatif sur la médecine de la reproduction, en permettant aux chercheurs d’observer et de modifier le développement du placenta en temps réel, d’une manière qui n’était tout simplement pas possible auparavant. Cela pourrait conduire à de nouveaux traitements pour l’infertilité et les complications de la grossesse.

Par exemple, les troubles placentaires, qui peuvent entraîner une fausse couche, une prééclampsie, un retard de croissance intra-utérin et d’autres problèmes de grossesse, pourraient être plus efficacement prévenus ou traités à l’aide de ces avancées.

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