Deux jours avant l’attentat de Manchester, l’avertissement ignoré du président Herzog au roi Charles

Le drame qui a frappé la communauté juive britannique lors de Yom Kippour – deux fidèles assassinés et plusieurs blessés devant la synagogue Heaton Park de Manchester – prend aujourd’hui une résonance encore plus glaçante. On apprend en effet que le président israélien, Isaac Herzog, avait adressé, deux jours avant l’attaque, une lettre officielle au roi Charles III pour l’alerter sur « une vague d’antisémitisme sans précédent » qui menace directement la sécurité des Juifs au Royaume-Uni.

Dans ce courrier daté du 29 septembre, Herzog s’adressait au souverain comme à « un ami cher et estimé du peuple juif ». Il évoquait « le poids lourd » ressenti à l’approche de Yom Kippour, alors que « 48 otages demeurent dans l’ombre cruelle de la captivité du Hamas à Gaza » et que, simultanément, « les communautés juives dans le monde subissent une flambée antisémite inédite ».

Le président soulignait des chiffres alarmants publiés par le Community Security Trust (CST) : 1 521 incidents antisémites recensés au Royaume-Uni au premier semestre 2025, soit une hausse de 58 % par rapport à la période précédant le 7 octobre 2023. « Ces données révèlent une réalité implacable : l’antisémitisme est devenu une épidémie qui met en danger non seulement les Juifs, mais la société entière », écrivait Herzog. Dans sa conclusion, il exhortait le roi à utiliser sa voix morale pour « dénoncer l’antisémitisme et promouvoir des efforts d’éducation et de sensibilisation ».

Deux jours plus tard, l’attentat antisémite de Manchester venait donner une résonance tragique à ces avertissements. Dans une déclaration solennelle, le roi Charles a dit être « profondément choqué et attristé » par l’attaque. « Ma femme et moi avons été bouleversés par cet attentat effroyable, survenu un jour si sacré pour la communauté juive. Nos pensées et nos prières vont aux victimes et à leurs familles, et nous saluons l’action rapide des services de secours », a ajouté Buckingham Palace.

Pour de nombreux observateurs, cette séquence souligne le fossé entre la reconnaissance symbolique de la gravité de l’antisémitisme et l’inaction concrète des autorités britanniques. Depuis des mois, des voix au Royaume-Uni alertaient déjà sur le climat de haine, alimenté par des manifestations pro-palestiniennes où résonnent des slogans appelant parfois à la violence. Herzog n’a fait que mettre par écrit ce que les Juifs britanniques vivaient au quotidien : un sentiment d’abandon et d’insécurité.

L’ironie tragique de cette correspondance – une alerte adressée au plus haut niveau, suivie 48 heures plus tard par un bain de sang – pourrait bien marquer un tournant. Elle place la monarchie et le gouvernement britannique face à leurs responsabilités : continuer à condamner dans les mots, ou enfin passer aux actes pour briser une spirale de haine qui a franchi un seuil mortel.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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