Par Infos Israel News
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20/06/2025
Alors que les tensions entre Israël et l’Iran atteignent leur paroxysme, la Dr Or Rabinowitz, experte en prolifération nucléaire à l’Université hébraïque de Jérusalem, dresse un tableau préoccupant de la situation stratégique : selon elle, l’Iran était à quelques semaines d’une arme nucléaire opérationnelle avant les frappes israéliennes – mais le danger n’est pas écarté. Le scénario le plus redouté ? Une guerre d’usure prolongée, « type guerre du Golfe multipliée par dix ».
Israël a frappé – mais le cœur du programme nucléaire est encore intact
« Techniquement, il n’y a quasiment aucune différence entre enrichir l’uranium à 60 % et atteindre les 90 % nécessaires à une bombe. Les centrifugeuses sont les mêmes », explique la chercheuse. « Cela signifie que l’Iran, depuis longtemps, n’est qu’à une décision politique de franchir la ligne. »
Selon des informations israéliennes, des composants critiques pour assembler une ogive nucléaire ont été développés. « Si l’Iran s’était engagé pleinement dans cette voie, il aurait pu tester une bombe d’ici une à deux semaines. »
Les frappes israéliennes : un succès tactique, mais pas encore stratégique
Les attaques israéliennes récentes ont endommagé plusieurs sites nucléaires, notamment à Natanz (centrifugeuses), ainsi que des installations de conversion de gaz en métal d’uranium, étape essentielle pour militariser le combustible nucléaire. Mais des sites-clés comme Fordo, profondément enfoui sous une montagne, restent intacts.
« Seuls les États-Unis disposent de la capacité militaire pour détruire Fordo », rappelle Dr Rabinowitz. « Israël ne peut pas tout faire seul. »
Trois scénarios pour la suite : reconstruction, vengeance ou accord
L’experte identifie trois chemins possibles pour Téhéran :
- Reconstruction du programme en toute discrétion.
- Vengeance militaire, avec une intensification des tirs de missiles.
- Retour à la table des négociations, sous pression israélienne et peut-être américaine.
« Tout dépendra du calcul stratégique du Guide suprême Khamenei. S’il pense que le régime est en danger, il pourrait accepter un accord. »
La dissuasion ne suffit pas : Israël doit continuer à agir
Contrairement aux modèles classiques de dissuasion nucléaire (comme entre Inde et Pakistan), le Moyen-Orient suit des règles différentes, explique Rabinowitz.
« Il serait dangereux de supposer que des régimes islamistes ou jihadistes respecteront les mêmes logiques de dissuasion rationnelle. C’est pourquoi Israël s’oppose depuis les années 60 à toute prolifération nucléaire régionale. »
Elle rappelle également que des précédents existent : la Libye, l’Irak et même l’Égypte ont, à un moment ou un autre, poursuivi des programmes nucléaires que le renseignement israélien et la diplomatie ont réussi à neutraliser.
Un retour à la diplomatie ? Oui, mais sous pression militaire
Rabinowitz souligne l’importance de maintenir une pression constante, militaire et politique, sur l’Iran.
« Si Donald Trump réussit à pousser l’Iran dans un coin diplomatiquement, il est possible qu’un nouvel accord soit signé, qui démantèlerait effectivement leurs capacités. Mais un tel résultat n’arrivera jamais sans pression militaire. »
Elle s’inquiète cependant du précédent de 2018, lorsque Trump a quitté l’accord JCPOA sans alternative :
« Cela a ouvert la voie à la reprise totale du programme nucléaire iranien. »
Un avertissement à la communauté internationale
La chercheuse rappelle que le cas de la Corée du Nord montre qu’un pays déterminé finira par se doter de la bombe. « Même pauvre, même sous sanctions, Pyongyang a réussi. Pourquoi pas Téhéran ? » s’interroge-t-elle.
Et la leçon historique est claire : « Lorsqu’un régime renonce à son programme nucléaire – comme la Libye de Kadhafi – il finit seul, vulnérable, et parfois renversé dans la violence. »
Conclusion : Israël ne peut pas se permettre de relâcher la pression
Le programme nucléaire iranien a été significativement ralenti, mais il n’est pas détruit. L’élément-clé reste la motivation iranienne et l’environnement géopolitique. Rabinowitz résume :
« Ce combat n’est pas terminé. Empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire est un effort de longue haleine. La vigilance doit rester absolue. »
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