Cinq jours seulement avant lâexpiration du dĂ©lai fixĂ© par les EuropĂ©ens, les nĂ©gociations de GenĂšve entre lâIran et les reprĂ©sentants du Royaume-Uni, de la France et de lâAllemagne (le groupe dit E3) se sont soldĂ©es par un nouvel Ă©chec. Les diplomates europĂ©ens menaçaient dâactiver dâici la fin aoĂ»t le mĂ©canisme dit du snapback, qui rĂ©tablirait lâintĂ©gralitĂ© des sanctions internationales imposĂ©es Ă TĂ©hĂ©ran avant lâaccord de 2015. MalgrĂ© plusieurs heures de discussions avec le vice-ministre iranien des Affaires Ă©trangĂšres, Kazem Gharibabadi, aucune avancĂ©e tangible nâa Ă©tĂ© enregistrĂ©e.
Les EuropĂ©ens avaient pourtant ouvert la porte Ă un lĂ©ger report de lâultimatum, Ă condition que TĂ©hĂ©ran accepte de renouer un dialogue direct avec Washington, de rĂ©tablir sans condition le contrĂŽle de lâAgence internationale de lâĂ©nergie atomique (AIEA), et de rĂ©vĂ©ler lâemplacement de lâuranium enrichi Ă 60 % dissimulĂ© avant la frappe israĂ©lo-amĂ©ricaine du mois de juin. « Nous voulons voir sâils avancent rĂ©ellement ou sâils se contentent de jouer la montre », a glissĂ© un diplomate europĂ©en citĂ© par Reuters.
Une escalade nucléaire inquiétante
Depuis son retrait de lâaccord en 2018, dĂ©cidĂ© par Donald Trump avec le soutien du gouvernement israĂ©lien de Benyamin Netanyahouăhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Donald_Trump_et_le_proche-orientă, lâIran a progressivement dĂ©mantelĂ© ses engagements. En 2025, la RĂ©publique islamique dĂ©tient dĂ©jĂ plus de 400 kilos dâuranium enrichi Ă 60 %, une quantitĂ© qui la place Ă un souffle du seuil militaire (90 %). Les inspections de lâAIEA sont limitĂ©es, de nombreux sites demeurent inaccessibles, et les soupçons de dĂ©veloppement dâogives balistiques ne cessent de croĂźtre.
Pour IsraĂ«l, la menace est existentielle. Les frappes ciblĂ©es menĂ©es ces derniers mois contre des sites nuclĂ©aires Ă Natanz ou Ispahan tĂ©moignent de la dĂ©termination de JĂ©rusalem Ă empĂȘcher TĂ©hĂ©ran de franchir la ligne rouge. Les EuropĂ©ens, longtemps rĂ©ticents Ă sâaligner sur Washington et Tel-Aviv, semblent dĂ©sormais contraints dâadmettre que la stratĂ©gie de « patience stratĂ©gique » nâa rien donnĂ©.
La manĆuvre du snapback
Le mĂ©canisme du snapback, inscrit dans la rĂ©solution 2231 du Conseil de sĂ©curitĂ© de lâONU (2015), permet de rĂ©tablir automatiquement toutes les sanctions internationales si une violation grave de lâaccord est constatĂ©eăhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_de_Vienne_sur_le_nucl%C3%A9aire_iranienă. ConcrĂštement, si Londres, Paris et Berlin notifient leur dĂ©cision, le Conseil dispose de 30 jours pour voter le maintien de la levĂ©e des sanctions. Faute dâun tel vote, lâembargo sur les armes, lâinterdiction dâenrichir lâuranium, les restrictions sur les missiles balistiques et le gel des avoirs iraniens entreront de nouveau en vigueur.
LâĂ©chĂ©ance nâa rien dâanodin : la rĂ©solution de 2015 expire le 18 octobre prochain. PassĂ© ce dĂ©lai, les EuropĂ©ens perdront la possibilitĂ© juridique de recourir au snapback. En clair, câest maintenant ou jamais. Dâautant que la Russie, proche alliĂ©e de TĂ©hĂ©ran et grande bĂ©nĂ©ficiaire de ses drones de combat depuis la guerre en Ukraine, prĂ©sidera le Conseil de sĂ©curitĂ© en septembre.
La rhétorique iranienne : « plus de temps »
FidĂšle Ă sa stratĂ©gie dilatoire, lâIran appelle à « donner une chance Ă la diplomatie ». Gharibabadi a exhortĂ© les EuropĂ©ens à « ne pas cĂ©der Ă la prĂ©cipitation » et Ă reconnaĂźtre les « droits nuclĂ©aires lĂ©gitimes » de la RĂ©publique islamique. TĂ©hĂ©ran affirme que lâE3 nâa pas la lĂ©gitimitĂ© dâactiver le snapback, et menace de « graves rĂ©percussions » si les sanctions sont rĂ©imposĂ©es.
Mais pour les EuropĂ©ens, lâargument ne convainc plus. « Nous voulons des actes, pas des discours », a lancĂ© un diplomate allemand. Londres, Paris et Berlin ne cachent plus leur exaspĂ©ration face Ă une stratĂ©gie qui combine escalade nuclĂ©aire, provocations rĂ©gionales et rĂ©pression interne.
Les enjeux pour Israël et le Moyen-Orient
Pour IsraĂ«l, la situation confirme un scĂ©nario redoutĂ© : lâIran continue de gagner du temps, tandis que les capitales occidentales hĂ©sitent encore Ă franchir le pas. JĂ©rusalem souligne que le danger nâest pas seulement nuclĂ©aire : chaque levĂ©e de sanctions a alimentĂ© les rĂ©seaux terroristes du rĂ©gime â du Hezbollah libanais aux milices chiites irakiennes, en passant par les Houthis au YĂ©menăhttps://infos-israel.news/category/alerte-info-24-24/ă.
Ă Tel-Aviv, les analystes rappellent que la stratĂ©gie de Trump, qui avait consistĂ© Ă se retirer de lâaccord en 2018 et Ă rĂ©tablir des sanctions massives, avait au moins permis dâaffaiblir lâĂ©conomie iranienne. Mais lâadministration Biden, en cherchant Ă renouer avec le JCPOA, a offert Ă TĂ©hĂ©ran un rĂ©pit que ce dernier a exploitĂ© pour accĂ©lĂ©rer ses centrifugeuses.
Vers une confrontation inévitable ?
Si le snapback est activé, Téhéran sera de nouveau frappé par un régime de sanctions étouffant. Cela réduirait drastiquement ses exportations de pétrole, couperait ses accÚs financiers et isolerait davantage son économie. Mais cela pourrait aussi pousser le régime à franchir le seuil nucléaire par défi, accélérant une confrontation directe avec Israël.
Pour lâinstant, lâIran joue la montre. Mais chaque jour qui passe rapproche la RĂ©publique islamique de la capacitĂ© dâassemblage dâune arme atomique. Et face Ă un rĂ©gime qui multiplie les menaces contre lâĂtat hĂ©breu, la question nâest plus seulement diplomatique : elle est existentielle. Comme le souligne un Ă©ditorial sur RakBeIsrael.buzz, « lâEurope discute, lâIran enrichit, et IsraĂ«l se prĂ©pare ».
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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