La scène politique israélienne s’est à nouveau enflammée ce lundi matin, lorsque le ministre de l’Énergie Éli Cohen a pris la parole à la conférence “Transport, Infrastructures et Énergie” organisée par Ynet et Yedioth Aharonot. Au lendemain du dépôt officiel par Benjamin Netanyahou d’une demande de grâce auprès du président Isaac Herzog, le ministre a affiché un soutien total au Premier ministre, estimant que “le moment est venu de mettre un terme à cette affaire judiciaire qui paralyse le pays depuis des années”.
Selon Cohen, non seulement la grâce est légitime, mais il est également “presque certain” que le président Herzog finira par l’accorder. Un signal politique majeur, à l’approche d’une année électorale qui s’annonce explosive.
Le ministre de l’Énergie a d’emblée placé le débat sur un terrain stratégique : “Ce procès a été passé au crible, disséqué sous tous les angles, et il a déjà coûté énormément à la société israélienne. La question n’est plus juridique, elle est nationale : qu’est-ce qui sert réellement l’intérêt de l’État d’Israël ? Continuer encore trois ou quatre ans, ou tourner enfin la page ?” a-t-il déclaré devant le public.
Source : https://www.ynet.co.il
Cohen, proche de Netanyahou depuis plus d’une décennie, a insisté sur ce qu’il décrit comme une réalité connue “des citoyens eux-mêmes” : selon lui, le Premier ministre “n’est pas un homme corrompu, mais quelqu’un qui consacre son temps, son énergie et sa vie entière à l’État d’Israël”. Il a évoqué les “dysfonctionnements profonds” du dossier, citant notamment des “enquêtes de type fishing expedition” qui auraient contribué à dégrader la confiance d’une partie du public envers la justice.
“On voit la lassitude du public. D’un côté, il élit Netanyahou. De l’autre, la confiance dans le système judiciaire s’effrite. Est-ce que c’est lui, Netanyahou, qui doit être jugé responsable de cette fracture ?” a lancé Cohen, appelant une nouvelle fois à “ramener le calme et trouver un accord qui mette un terme définitif à cette saga”.
Un autre élément a particulièrement retenu l’attention : l’allusion appuyée du ministre à l’intervention du président américain Donald Trump. S’il a rappelé que l’État d’Israël “est souverain et que ses institutions décident seules”, il a aussi souligné qu’on ne peut pas “ignorer la voix du dirigeant le plus puissant du monde”.
“Lorsque le président Trump s’adresse à vous, est-ce que vous l’ignorez ? Ce ne serait ni sérieux, ni respectueux”, a-t-il déclaré, laissant entendre que l’appui public du président américain à une grâce pour Netanyahou pèse lourd dans l’équation politique et diplomatique.
Cohen s’est toutefois gardé de dire explicitement que Trump influence Herzog. “Au final, la seule question valable pour le président est : qu’est-ce qui sert l’intérêt d’Israël ? Après huit ans de procédures, la réponse me semble évidente”, a-t-il assuré.
Au-delà du dossier Netanyahou, le ministre a profité de son intervention pour annoncer un accord avec le ministre des Finances Bezalel Smotrich : les municipalités qui choisiront de fermer leurs compagnies locales de gestion de l’eau bénéficieront d’un mécanisme permettant de supprimer la TVA sur l’eau pour leurs habitants. Une mesure qu’il décrit comme “la correction d’une injustice historique”, destinée à alléger la facture des ménages et à renforcer l’efficacité de la gestion des réseaux.
Cohen a également abordé un autre sujet brûlant : la loi sur l’enrôlement des ultra-orthodoxes, actuellement en discussion à la commission des Affaires étrangères et de la Défense. Il s’est voulu ferme : “Les Haredim doivent se joindre au service militaire. C’est clair. Mais il faut une transition progressive, réaliste. Ce texte est historique : pour la première fois, des responsables ultra-orthodoxes s’apprêtent à voter en faveur d’une loi qui les engage vers l’armée.”
Selon lui, la loi permettra d’atteindre un taux d’enrôlement de 50 % des jeunes Haredim d’ici cinq ans, un objectif qu’il présente comme “ambitieux mais réalisable”.
Le ministre s’est enfin exprimé sur la question sensible de la commission d’enquête sur les défaillances du 7 octobre. Contrairement à certains appels visant à confier sa création au président de la Cour suprême, Cohen s’y oppose : “La droite n’a pas confiance dans cette démarche, et nous non plus. La seule voie responsable est une commission conjointe approuvée par 80 députés, majorité et opposition réunies. Avec des personnalités non partisanes comme Avigdor Kahalani, des gens sérieux, expérimentés.”
Selon lui, une telle commission pourra disposer de pouvoirs “au moins équivalents à ceux d’une commission d’État, voire plus”, ce qui lui donnerait la capacité d’examiner en profondeur les erreurs stratégiques, opérationnelles et politiques ayant précédé le massacre et ayant permis au Hamas de frapper Israël au cœur de son territoire.
Dans un pays encore déchiré par le choc du 7 octobre, par la guerre au Sud et par les tensions sociales internes, les mots d’Éli Cohen s’inscrivent dans une dynamique plus large : celle d’un gouvernement déterminé à reprendre la main, à restaurer l’unité nationale et à tourner la page d’une bataille judiciaire devenue interminable.
Mais dans une société israélienne fracturée, où l’équilibre entre justice, sécurité et stabilité politique n’a jamais été aussi fragile, la décision finale du président Herzog aura sans doute un impact bien au-delà du sort personnel de Benjamin Netanyahou.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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