L’ancien footballeur international et figure populaire de Jérusalem, Eli Ohana, a annoncé dimanche qu’il envisageait sérieusement de se présenter aux prochaines primaires du Likoud. Une déclaration inattendue qui réveille les calculs internes du parti de Benjamin Netanyahou.
L’annonce est tombée comme un coup de tonnerre dans un paysage politique déjà saturé par les crises. Invité sur les ondes de Radio 103FM, Eli Ohana, ancien joueur vedette du Beitar Jérusalem et actuel adjoint au maire de la capitale, a confié à Barak Seri qu’il « réfléchit sérieusement à entrer en politique nationale et à participer aux primaires du Likoud ». Une phrase simple, mais lourde de symboles.
Ohana, aujourd’hui âgé de 61 ans, n’en est pas à son premier contact avec la politique. En 2015, il avait brièvement accepté une proposition de Naftali Bennett pour rejoindre la liste de HaBayit HaYehudi, avant de se retirer face à une campagne de diffamation d’une rare violence. Dix ans plus tard, l’ancien champion d’Europe du football revient sur le devant de la scène, porté par un capital de sympathie intact et une image d’homme du peuple.
Un outsider charismatique
Populaire dans les quartiers populaires comme dans les tribunes du Beitar, Ohana incarne cette droite sociale et identitaire que le Likoud cherche à reconquérir. « C’est un symbole de loyauté et de fierté nationale », commente un militant du parti à Jérusalem. Son éventuelle candidature pourrait séduire l’électorat mizrahi et traditionaliste, lassé des querelles internes entre faucons et technocrates.
Les réactions au sein du Likoud ne se sont pas fait attendre. Certains, comme le député Yoav Kisch, saluent « un renfort de poids et une personnalité capable de parler au cœur du peuple ». D’autres, plus sceptiques, craignent un phénomène médiatique sans lendemain. « Le Likoud n’a pas besoin de stars du football, mais de stratèges », a glissé anonymement un membre du comité central.
Pourtant, l’entrée d’Ohana dans l’arène politique pourrait marquer un tournant. Dans un parti souvent accusé d’être verrouillé par les figures historiques, un candidat au profil populaire et non-élitiste représente un souffle nouveau.
Un parti en quĂŞte de renouvellement
Le Likoud, fort de son ancrage mais affaibli par les divisions de l’après-guerre, cherche à regagner une base électorale fatiguée par les scandales et les hésitations gouvernementales. Entre les fidèles de Netanyahou, les partisans d’un virage plus social et les partisans d’une droite idéologique pure, la tension est palpable.
Dans ce contexte, Eli Ohana arrive avec un atout rare : une image propre. Ni homme d’affaires, ni politicien de carrière, il évoque une authenticité perdue. Comme le souligne le journaliste Amir Segal, « il est l’un des rares à pouvoir traverser la fracture entre le public laïc, religieux et populaire sans provoquer de rejet ».
Son éventuelle entrée au Likoud pourrait aussi dynamiser la participation interne aux primaires, souvent marquées par l’abstention. Un phénomène que les stratèges du parti surveillent de près : un candidat aimé des électeurs, même sans expérience politique, peut réactiver l’enthousiasme militant et donner au parti une nouvelle légitimité populaire.
Le pari Netanyahou
Reste à savoir comment Benjamin Netanyahou accueillera cette candidature inattendue. S’il y a bien un homme qui sait manier le charisme médiatique, c’est lui. Mais le Premier ministre se méfie aussi des figures trop autonomes. Un Eli Ohana porté par la ferveur populaire pourrait séduire une frange d’électeurs déçus par la vieille garde — un risque que le Likoud ne sous-estime jamais.
Dans les coulisses, plusieurs cadres du parti estiment que Netanyahou pourrait bénir discrètement sa candidature, pour détourner les projecteurs des débats internes sur la baisse du seuil électoral ou sur la question de la succession à long terme.
Quoi qu’il en soit, cette annonce donne un nouveau visage au paysage politique israélien. À l’heure où les citoyens cherchent des repères, un homme qui a su faire vibrer le stade Teddy pourrait bien, demain, faire vibrer la Knesset.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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