Depuis plusieurs jours, la région côtière de la Syrie est secouée par de violents affrontements entre les forces du nouveau régime dirigé par Ahmad al-Sharaa (Abu Mohammad al-Julani) et des groupes armés fidèles à l’ancien gouvernement de Bachar al-Assad. Ces combats ont entraîné la mort de plus de 1 000 personnes, dont au moins 745 civils appartenant à la communauté alaouite, victimes de représailles sanglantes.

Des témoignages sur place font état d’exécutions de masse et de massacres ciblés où des familles entières ont été éliminées, y compris des femmes et des enfants. Dans certains villages, plusieurs centaines d’habitants ont été tués, et l’utilisation d’armes lourdes pour bombarder des habitations civiles a également été signalée.

M., un habitant de la côte syrienne, a déclaré à N12 : « Il ne s’agit pas du meurtre d’une ou deux personnes, mais d’un nettoyage ethnique. Un holocauste bien planifié. Des familles entières ont été exterminées. Il y a des villages entiers où 200, 300 et 400 personnes ont été assassinées. Et tous, sans exception, sont des civils. Des médecins, des ingénieurs, aucun d’entre eux n’est militaire et aucun d’entre eux n’a de lien avec le régime de Bachar. Aucun d’entre eux n’a participé à un quelconque massacre. Ce sont tous des jeunes hommes qui étaient de petits enfants au début de la guerre et qui n’ont participé à aucun meurtre. »

Connus pour leurs mœurs libérales, ils boivent de l’alcool, leurs femmes ne portent pas le voile et ils ont longtemps été considérés par les autres musulmans comme des hérétiques. Une fatwa rendue en 1936 par le mufti de Jérusalem les reconnaît formellement comme des musulmans.

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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La religion des Alaouites est une religion ésotérique dont les doctrines sont supposément secrètes. A la différence de l’islam sunnite et chiite, qui sont dans une démarche de conversion et de propagation de la foi, les Alaouites constituent une communauté fermée.

M. a déclaré : « Au moment même où je parle ici, les districts scolaires de Lattaquié sont en train d’être nettoyés, et pas seulement un ou deux. Il y a des villages où 300 personnes ont été assassinées, 200 personnes – des enfants, des femmes et des personnes âgées. En trois jours, sans aucune couverture médiatique arabe, sans aucune condamnation. S’il n’y avait pas eu les médias israéliens, ils n’auraient rien publié sur ce qui se passe ici. »

Elle affirme : « Les événements qui se déroulent aujourd’hui en Syrie ressemblent à ce qui s’est passé en Israël le 7 octobre. Vous avez très bien compris ce que nous traversons, et c’est pourquoi vous avez publié ce message. Car ce qui se passe ici ressemble à ce qui s’est passé ici. Mais même si nous envoyons constamment des messages, personne ne lève le petit doigt en ce moment. »

Face à cette tragédie, la communauté alaouite a lancé un appel urgent à l’aide internationale, sollicitant notamment Israël pour une intervention afin de stopper les massacres. Des militants exilés dénoncent ce qu’ils qualifient d’épuration ethnique, évoquant des villages incendiés et l’exécution systématique de femmes, d’enfants et de personnes âgées en raison de leur appartenance religieuse.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a réagi en condamnant fermement ces actes de violence et en exprimant son soutien aux minorités persécutées dans la région.

Israel et les Alaouites

Les Alaouites ont historiquement eu des positions diverses vis-à-vis d’Israël, en fonction du contexte politique et des alliances du moment. Voici quelques perspectives clés :

1. Le régime alaouite d’Assad et Israël : une hostilité officielle

Le régime syrien, dominé par les Alaouites depuis les années 1970 avec Hafez puis Bachar al-Assad, a toujours affiché une posture hostile envers Israël. Damas a soutenu des groupes armés tels que le Hezbollah et le Hamas, tout en revendiquant le plateau du Golan annexé par Israël. Cette ligne dure était en partie une stratégie du régime pour légitimer son pouvoir auprès du monde arabe et masquer les tensions internes en Syrie.

2. Les Alaouites et Israël après 2011 : un pragmatisme croissant

Depuis le début de la guerre civile en 2011, la position de certains Alaouites vis-à-vis d’Israël a évolué. Beaucoup, notamment parmi les élites et les exilés, perçoivent Israël non plus comme un ennemi prioritaire, mais comme une puissance régionale capable de jouer un rôle stabilisateur face à la montée des islamistes radicaux.

3. Appels récents à l’aide israélienne

Avec la montée des tensions en Syrie et la persécution des minorités, plusieurs activistes alaouites ont récemment appelé Israël à intervenir pour les protéger, notamment face aux djihadistes et aux nouveaux dirigeants à Damas. Certains estiment qu’Israël a intérêt à empêcher un génocide alaouite qui renforcerait encore davantage les islamistes en Syrie.

4. Une minorité en quête de survie

Pour beaucoup d’Alaouites, l’ennemi immédiat n’est plus Israël mais les groupes sunnites radicaux qui menacent leur existence. Cela explique pourquoi certains cherchent désormais un rapprochement discret avec Israël, à l’image des Druzes du Golan ou du Sud syrien.

Conclusion

Si le régime d’Assad a toujours été officiellement hostile à Israël, une partie croissante de la population alaouite semble aujourd’hui plus ouverte à une relation pragmatique avec l’État hébreu, dans l’espoir de trouver une protection contre leurs ennemis islamistes.