Selon le mĂȘme rapport de Maariv, « Giora Sinai », un Hongrois dont le nom dâorigine Ă©tait en fait Giorgi Zampelni â ou Zampelini, ou Zampeli, selon Ă qui vous demandez â a fui IsraĂ«l en laissant derriĂšre lui des dettes de 8 millions de dollars aux diamantaires, plus de 10 millions de dollars Ă dâautres hommes dâaffaires et environ 2,5 millions de dollars Ă Bank Hapoalim Ă Arad. Cependant, des sources qui ont parlĂ© cette semaine affirment que ces montants ne reprĂ©sentent quâune petite partie de la vĂ©ritable ampleur de la fraude de Giora Sinai en IsraĂ«l.
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En SuĂšde, Giora Sinai sâest prĂ©sentĂ© comme un prĂȘtre et a fait des dons au nom de lâĂ©glise. Lâavocat Danny Peretz : « Câest drĂŽle quâaprĂšs lâultra-orthodoxe, il ait Ă©tĂ© le meilleur prĂȘtre juif de SuĂšde. Il a ramassĂ© des millions de dollars lĂ -bas et a tout volé »
Bien que prĂšs de 30 ans se soient Ă©coulĂ©s depuis quâil a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© comme fraudeur et a disparu, bien quâil ait laissĂ© derriĂšre lui des milliers de personnes qui ont Ă©tĂ© arnaquĂ©es et dont certaines nâont pas pu se rĂ©tablir financiĂšrement Ă ce jour, trĂšs peu de choses ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes sur la vie de Giora Sinai en IsraĂ«l â jusquâĂ maintenant.
« Dans les annĂ©es 1990, jâĂ©tais un Ă©lĂšve de 12e annĂ©e. Je cherchais un travail pour gagner de lâargent avant le service militaire, et on mâa rĂ©fĂ©rĂ© Ă Giora Sinai. Il mâa tout de suite proposĂ© dâentretenir sa villa », a dĂ©clarĂ© David (pseudonyme), nĂ© Ă Arad, au magazine mako cette semaine. « Bien sĂ»r, jâai acceptĂ©, jâĂ©tais ravi quâil me veuille mĂȘme. Presque tout le monde Ă Arad voulait travailler pour lui. Ils savaient quâil paie bien et quâil est un oligarque au sens dâaujourdâhui. »
Vous dites quâils savaient, mais comment ont-ils su ?Â
« Bonne question. Il nous est venu de nulle part, comme dans les lĂ©gendes. CâĂ©tait le joueur de cornemuse de notre Melin, tout le monde le suivait comme des aveugles. Nous lui donnions de lâargent, des Ă©conomies, des salaires, des bijoux, pour travailler sur de nouveaux vĂ©hicules quâils viens dâacheter. »
Pourquoi ?
« Parce quâil leur a promis un intĂ©rĂȘt quâaucune banque en IsraĂ«l ne leur accorderait, un intĂ©rĂȘt annuel de 40 Ă 60% sur tout montant quâils lui transfĂšrent. Les gens ont cru en lui, ont Ă©tĂ© tentĂ©s et nâont rien eu. »
MĂȘme la gouvernante a coulĂ©âŠ
Sinai, qui dans les annĂ©es 1990 Ă©tait dans sa sixiĂšme dĂ©cennie, sâest fait passer pour un Hassid de Gur. A cette Ă©poque, il y avait une petite communautĂ© hassidique Ă Arad, et il sây est assimilĂ© facilement. Si facilement quâaujourdâhui personne ne se souvient dâoĂč il est venu en IsraĂ«l et dans la ville. Lâhomme a certainement su brouiller les pistes ; Ce nâest quâaprĂšs sa disparition, lorsquâau moins quatre agences dâenquĂȘte ont Ă©tĂ© engagĂ©es par ses crĂ©anciers pour tenter de le localiser, quâil est devenu clair que le ministĂšre de lâIntĂ©rieur nâavait aucune trace de son entrĂ©e dans le pays ni aucune trace de son dĂ©part. Aujourdâhui, il nây a pas une seule photo de lui, pas un seul enregistrement photographique de son image au cours des derniĂšres dĂ©cennies.
Giora Sinai portait une kippa noire, se laissait pousser une longue barbe, Ă©tudiait la Torah Ă la synagogue, donnait de lâargent pour acheter des rouleaux de la Torah et aidait les nĂ©cessiteux. Il est devenu une partie du paysage dâArad et les gens ont commencĂ© Ă dire que câĂ©tait payant dâinvestir de lâargent en lui. On dit quâil y avait des habitants de la ville qui ont contractĂ© des emprunts auprĂšs des banques juste pour dĂ©poser lâargent chez lui dans lâattente dâun intĂ©rĂȘt onirique. RĂ©trospectivement, Giora Sinai a apparemment jouĂ© avec les fonds comme un stratagĂšme pyramidale. Lâinvestisseur actuel ne sait pas que son argent va Ă lâinvestisseur prĂ©cĂ©dent.
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Ă la fin des annĂ©es 1980, Sinai sâest impliquĂ© dans la gestion de lâĂ©quipe hongroise de water-polo. Le joueur de lâĂ©quipe nationale : « Nous Ă©tions Ă lâentraĂźnement, et quand nous sommes retournĂ©s dans les chambres, nous avons dĂ©couvert quâil avait volĂ© tout notre argent. Il Ă©tait comme notre pĂšre et nous a trahis. »
« Il nây avait personne Ă Arad qui ne connaissait pas Giora Sinai Ă cette Ă©poque. Il Ă©tait comme le Mur du Kottel, comme Dieu », dit David. « Chaque jour, des hommes dâaffaires venaient chez lui qui dĂ©posaient de lâargent, des diamants chez lui. Il mangeait avec des plats en or et en argent. Sa villa Ă©tait comme un musĂ©e, plein dâĆuvres dâart. Je pense que certaines des peintures chĂšres Ă©taient fausses, et certains Ă©taient vraiment trĂšs chers. Je ne sais pas comment expliquer cette logique ».
David dit que non seulement les riches ont Ă©tĂ© tentĂ©s dâinvestir dans Giora Sinai. « MĂȘme la femme de mĂ©nage qui nettoyait sa villa lui a donnĂ© quelques dizaines de milliers de shekels, de lâargent quâelle avait Ă©conomisĂ© pendant des annĂ©es, car elle croyait que dâici un an ou deux, elle deviendrait riche grĂące Ă lâintĂ©rĂȘt et au lien quâelle avait avec lui. Qui savait alors quâil etait un escroc qui a fait tomber des milliers de personnes, des diamantaires de la bourse, des banquiers chevronnĂ©s, des hommes dâaffaires Ă©tablis. Il Ă©tait la version israĂ©lienne de Bernie Madoff.
Les secrets de Giora Sinai ne se limitaient pas aux fraudes financiĂšres. Il avait aussi une vie privĂ©e secrĂšte : de temps en temps il se faisait conduire Ă Tel-Aviv par un chauffeur privĂ© dans une voiture de luxe (David se souvient dâune Cadillac et dâune Mercedes). ArrivĂ©s Ă destination, Giora Sinai enlevait la kippa et les autres symboles ultra-orthodoxes, mangeait dans des restaurants non casher et partait Ă la recherche de jeunes hommes avec qui coucher dans les hĂŽtels de la ville ou chez lui.
« Le shabath, Giora Sinai fumait des cigares, cuisinait sur le feu, ouvrait des boĂźtes spĂ©ciales de caviar des magasins de Tel-Aviv, buvait du vin de bouteilles rares qui coĂ»taient des milliers de dollars », explique David. « Le fait quâil ne soit pas vraiment ultra-orthodoxe mâa fait comprendre assez vite, en plus, que plusieurs fois par mois, toujours la nuit, il amenait ces jeunes hommes Ă la villa et quâils avait des rapports avec eux dans une des chambres. Ils faisaient des orgies, buvaient du whisky, mangeaient des saucisses de porc, câetait Sodome et Gomore. Quelquâun se faisant appeler Meir et Ă©tait impliquĂ© dans cela, que Giora a prĂ©sentĂ© comme son fils adoptif. Autant que je sache, câest lui qui a Ă©tabli le premier contact avec les hommes. » Â
Avez-vous parlĂ© Ă quelquâun de ce qui sâest passĂ© dans la villa ?Â
« Ăcoutez, je suis venu travailler dans la maintenance, ce nâĂ©tait pas mes affaires ce quâil fait et ce quâil ne fait pas. Il mâa payĂ© un bon salaire, et au moins il ne mâa pas grondĂ©. Je ne suis pas entrĂ© dans ses affaires personnelles et je nâai pas posĂ© trop de questions. Câest vrai que cela semble Ă©trange quâil mĂšne une double vie, mais pour moi, câĂ©tait son problĂšme. Ce nâest pas du tout un problĂšme pour moi.
Qui a volé les médailles ?
On ne sait pas grand-chose de lâhomme qui sâest prĂ©sentĂ© comme Giora Sinai mais il est clair quâil est nĂ© en Hongrie, oĂč il a Ă©tĂ© nageur et joueur de water-polo dans sa jeunesse. Lorsquâil a pris sa retraite, il sâest impliquĂ© dans la gestion de lâĂ©quipe nationale hongroise de water-polo, considĂ©rĂ©e comme lâune des meilleures au monde. à la fin des annĂ©es 1980, lâĂ©quipe a jouĂ© dans un tournoi international en Australie ; Pour autant que lâon sache, câest lĂ que Giora Sinai a commencĂ© sa sĂ©rie dâactes cinglants.
« Il (Giora Sinai) est restĂ© Ă lâhĂŽtel. Nous Ă©tions Ă lâentraĂźnement. Lorsque nous sommes retournĂ©s dans les chambres, nous avons dĂ©couvert que tout notre argent, nos montres, nos mĂ©dailles, nos chaĂźnes en or avaient Ă©tĂ© volĂ©s », a rĂ©pĂ©tĂ© le joueur de lâĂ©quipe nationale dans une interview quâil a accordĂ©e aux mĂ©dias hongrois de lâĂ©poque. « Il Ă©tait comme notre pĂšre et nous a trahis. Nous lâavons cherchĂ© partout, mais il a disparu. Depuis, nous nâavons plus entendu parler de lui, jusquâĂ ce quâil arrive plus tard en SuĂšde. »
Les autoritĂ©s hongroises nâont pas Ă©tĂ© en mesure de localiser Giora Sinai depuis sa disparition du tournoi de water-polo. Pour rester sous le radar, il a utilisĂ© des dizaines de faux noms et de fausses identitĂ©s, dont un riche homme dâaffaires, un prĂȘtre et un ultra-orthodoxe. Mais il y a aussi ceux qui pensent que les Hongrois nâont pas fait dâeffort particulier pour le localiser. « En Hongrie, ils avaient peur de jouer avec lui », explique Y., un homme qui a tentĂ© de localiser Giora Sinai aprĂšs avoir fui IsraĂ«l et qui cherche des dĂ©tails sur son passĂ©. « Il organisait des rĂ©unions de parlementaires avec des filles ou des garçons, puis les faisait chanter avec cette information. Il savait tout dâeux, alors ils prĂ©fĂ©raient se taire. Il Ă©tait trĂšs intelligent, contrĂŽlait de nombreux hauts fonctionnaires. »
Giora Sinai a traversĂ© plusieurs pays, arnaquait partout et qui il pouvait, avant dâarriver en IsraĂ«l en 1992. Il sâest prĂ©sentĂ© comme un Hasid de Gur de New York et personne nâa doutĂ© de lui, en partie parce quâil a dĂ©montrĂ© sa maĂźtrise en Torah et Gemara. Il a completĂ© des mĂ©nianes dans les synagogues de la ville et, dans un cas, a Ă©galement payĂ© de sa poche un nouveau Sefer Torah.
« Il est venu Ă Arad parce quâil cherchait un petit endroit oĂč opĂ©rer sans se faire marcher dessus », explique Amos (pseudonyme), qui a investi 150 000 dollars dans la « banque » de Giora Sinai. « Il a toujours dit quâil souffrait de problĂšmes dâasthme et que lâair sec de la ville lui faisait du bien. Il avait lâapparence dâun homme ultra-orthodoxe, qui comprend lâargent, les diamants. Un homme qui a du style, qui a les moyens de louer une immense villa en ville. Les gens fesaient affaire avec lui autour dâun verre de whisky.
Que sâest-il passĂ© aprĂšs que vous ayez investi avec lui ?Â
« Au dĂ©but, tout coulait, je recevais les intĂ©rĂȘts quâil me promettait chaque semaine. Les problĂšmes ont commencĂ© au bout de quatre mois, quand son chĂšque est revenu. Quand je suis arrivĂ© chez lui, il mâa donnĂ© un sac plein de diamants et mâa dit que je nâavait rien Ă craindre, quâil couvrait lâargent quâil me devait avec excĂšs. Parce quâil sâoccupait de diamants, je nâavais aucune raison de douter de lui. Ce nâest quâaprĂšs avoir fui le pays que jâai pris le sac pour le tester, et il sâest avĂ©rĂ© que les diamants Ă©taient faux. Zircone et verre, câest ce quâil mâa donnĂ©.
Giora Sinai est devenu le patron dâArad. Il aimait la communautĂ© des immigrants hongrois, parlait le yiddish Ă©picĂ© dâhĂ©breu et de hongrois. « Nous savions quâil Ă©tait ultra-orthodoxe, mais nous ne savions rien de son histoire. AprĂšs tout, il nây avait ni Google ni Facebook Ă lâĂ©poque. Il parlait notre langue, sâasseyait avec nous au cafĂ© du centre-ville et les gens sâinvestissaient en lui », explique Reuven (pseudonyme), un habitant de la ville. « CâĂ©tait un type avec un chapeau noire sur la tĂȘte, des peot Ă lâextĂ©rieur. Les gens Ă©taient captivĂ©s par ses charmes, tombaient amoureux de lui comme des mouches. »
Outre les hommes dâaffaires, les bijoutiers et les banques, de nombreux ultra-orthodoxes de la ville ont Ă©tĂ© tentĂ©s par les offres proposĂ©es par Giora Sinai. Selon une estimation publiĂ©e dans « Maariv » en 1994, il aurait extorquĂ© environ 5 millions de dollars aux membres de la communautĂ© ultra-orthodoxe dâArad.
Prendre lâargent et fuirÂ
Pendant environ deux ans, Giora Sinai Ă©tait la personne la plus reconnaissable dâArad. Ils ont fait un pĂšlerinage vers lui, lui ont transfĂ©rĂ© de lâargent, ont demandĂ© son aide dans divers investissements, dans lâachat et la vente de diamants. David dit que Giora Sinai se rendait plusieurs fois par semaine Ă la bourse aux diamants de Ramat Gan, mais il nâa aucune idĂ©e de ce que faisait exactement Giora Sinai lĂ -bas et avec qui.
David a racontĂ© comment lâaffaire a explosĂ©. Selon lui, environ quatre mois aprĂšs son embauche par Giora Sinai, des dizaines de personnes ont commencĂ© Ă se prĂ©senter Ă la villa pour demander des explications au propriĂ©taire concernant lâargent quâelles lui avaient confiĂ©. Tous ont affirmĂ© quâil avait cessĂ© de transfĂ©rer lâargent des intĂ©rĂȘts quâil leur avait promis.
« Des centaines de personnes de tout le pays sont venues Ă la villa en coleres, exigeant de lâargent. Certains ont menacĂ© de blesser Giora Sinai, mais il avait des gardes du corps vraiment effrayants », explique David. « à ce moment-lĂ , jâai rĂ©alisĂ© quâil avait des ennuis, quâil Ă©tait incapable de rendre les fonds et quâil avait probablement arnaquĂ© tous ces gens. »
Depuis combien de temps est-ce comme ça ?Â
« Ces images de personnes venant Ă la villa et voulant rĂ©cupĂ©rer leur argent se sont rĂ©pĂ©tĂ©es plusieurs fois. Je me souviens dâhommes agitant leurs chĂšques retournĂ©s, et Giora les rassurant, leur tendant des sacs de diamants et de bijoux en or pour montrer quâils pouvaient lui faire confiance. Plus tard, il a Ă©tĂ© dĂ©couvert que les diamants étaient en verre et les bijoux Ă©taient plaquĂ©s dâor. Il en a fait la copie parfaite, et un jour il a tout simplement disparu comme si la terre lâavait avalĂ©.
CâĂ©tait au dĂ©but dâavril 1994. Giora Sinai a fui le pays avec son compagnon, le mĂȘme homme qui a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© comme Meir ; Les banques, la police et les milliers de personnes qui ont Ă©tĂ© arnaquĂ©es ont cherchĂ© des indices sur son sort, mais lâhomme a disparu sans laisser de trace, Ă lâexception de la Honda Civic quâil conduisait occasionnellement, qui a Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans un parking en IsraĂ«l. Les banques qui lui ont prĂȘtĂ© de lâargent non restituĂ© ont engagĂ© des dĂ©tectives privĂ©s pour le localiser, des hommes dâaffaires ont bouleversĂ© le monde pour lâatteindre, mais ils sont tous revenus les mains vides, mĂȘme Interpol qui, au dĂ©but des annĂ©es 2000, a recherchĂ© Giora Sinai aprĂšs son arrestation a dĂ©clarĂ© lâavoir recherchĂ© dans plus de 100 pays.
« Je me souviens que des rumeurs ont commencĂ© Ă circuler dans la ville selon lesquelles Giora avait fui », raconte David. « Des centaines de personnes sont venues Ă la villa et ont demandĂ© Ă entrer, mais une des banques y a mis des agents de sĂ©curitĂ© qui les ont empĂȘchĂ©s de piller sa propriĂ©tĂ©. Ils nâont laissĂ© entrer personne. Il y a eu des cris, des gens pleuraient. La gouvernante sâest Ă©vanouie quand elle sâest rendu compte que toutes ses Ă©conomies avaient disparu. Il y avait des scĂšnes trĂšs dures, les propriĂ©taires dâentreprise et ceux qui ne parlaient pas Ă leurs femmes de lâargent quâils avaient transfĂ©rĂ© Ă Giora Sinai avaient peur de rentrer chez eux. Les habitants dâArad se sont enterrĂ©s dans la pensĂ©e quâils etaient tombĂ© dans un piĂšge. Sa boĂźte aux lettres regorgeait de lettres aprĂšs sa disparition, la plupart provenant de banques.
Le Rabbi, et ancien diamantaire habitant Arad : « Giora Sinai a dĂ©truit une ville entiĂšre. Les hassidim et les rabbins ont perdu des millions de dollars, les entrepreneurs ont failli faire faillite Ă cause de lui. Il a volĂ© des milliers de personnes ici et dans le centre du pays, les diamants de la bourse de Ramat Gan se sont effondrĂ©s financiĂšrement. Nous Ă©tions aveugles, nous cherchions de lâargent facile et nous avons payĂ© cher »Â
Que tâest-il arrivĂ© personnellement ?Â
« Jâai vu un homme avec une Ă©norme connaissance des diamants, conduire une luxueuse Mercedes, un homme orthodoxe. Jâai investi plusieurs centaines de milliers de shekels avec lui, et jâai perdu mes sous-vĂȘtements. Il mâa fallu plus de dix ans pour me remettre du coup que jâai pris Ă cause de lui . »
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Outre les hommes dâaffaires, les diamantaires et les banques, de nombreux ultra-orthodoxes dâArad ont Ă©tĂ© tentĂ©s par les offres proposĂ©es par SinaĂŻ. Selon une estimation publiĂ©e en 1994, il aurait extorquĂ© environ 5 millions de dollars aux membres de la communautĂ© ultra-orthodoxe de la ville de Arad.
De nombreuses personnes arnaquĂ©es ne se sont pas plaintes Ă la police de peur que le fisc nâouvre une enquĂȘte Ă leur encontre ; AprĂšs tout, ils nâont pas dĂ©clarĂ© les revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par lâinvestissement de Giora Sinai avant que tout ne sâeffondre. En fĂ©vrier 1997, la Banque Hapoalim et certains des autres crĂ©anciers ont organisĂ© une vente aux enchĂšres des objets laissĂ©s dans la villa du SinaĂŻ, parmi lesquels des Ćuvres dâart et Judaica. Certains des articles se sont avĂ©rĂ©s faux et la vente nâa pas couvert les dettes.
Alors que Jésus soit..
Pour autant que lâon sache, Giora SinaĂŻ a fui IsraĂ«l pour Prague, et de lĂ , il a poursuivi son voyage cinglant vers des dizaines dâautres pays, dont les Ătats-Unis, lâAustralie, la Nouvelle-ZĂ©lande, les CaraĂŻbes, le Venezuela, lâArgentine, la Colombie et le BrĂ©sil. Plus tard, il a atterri Ă Cuba, oĂč il a en quelque sorte obtenu un passeport diplomatique qui lui a permis de se dĂ©placer librement et de mener des opĂ©rations dâinfiltration dans dâautres pays du monde. à ce stade, Interpol le suivait dĂ©jĂ , mais toujours un pas derriĂšre lui.
En 2004, Sinai a atterri en SuĂšde, oĂč il sâest prĂ©sentĂ© comme prĂȘtre et a fait des dons au nom de lâĂ©glise. Inutile de dire que la grande somme dâargent donnĂ©e a coulĂ© dans sa poche. Le soupçon a commencĂ© Ă peser sur lui quâil nâĂ©tait pas un prĂȘtre, lorsque certains fidĂšles ont remarquĂ© quâil ne connaissait pas les hymnes par cĆur; Dans le mĂȘme temps, les preuves sâaccumulaient que les fonds donnĂ©s nâĂ©taient pas transfĂ©rĂ©s Ă lâĂ©glise, et Giora Sinai devait fournir des explications. Lorsquâil sâest rendu compte quâil avait Ă©tĂ© exposĂ©, il a fui la SuĂšde et lâune des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision du pays a menĂ© une enquĂȘte pour tenter de le localiser. Au cours de lâenquĂȘte, il a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© que Giora Sinai Ă©tait proche de hauts fonctionnaires de lâambassade de Hongrie dans le pays, et le soupçon a surgi que ses gens lâont protĂ©gĂ© de lâarrestation et lâont peut-ĂȘtre mĂȘme aidĂ© Ă sâĂ©chapper.
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Lorsque la corde se resserra autour de lui, Giora Sinai atterrit en Moldavie, dâoĂč il osa retourner en Hongrie. Ă ce jour, personne nâest prĂȘt Ă sâengager dans ce qui lui est arrivĂ©; On pense quâil est mort dâune maladie, mais on ne sait pas quoi ni oĂč il est mort, le cas Ă©chĂ©ant. Certains prĂ©tendent quâil est mort aux Pays-Bas ou en Belgique, dâautres insistent sur le fait quâil a bouclĂ© la boucle et a mis fin Ă ses jours en Hongrie. « Je ne croirai pas quâil est mort tant que je nâaurai pas vu le corps de mes propres yeux », dit Y., qui a consacrĂ© beaucoup de temps Ă dĂ©chiffrer lâĂ©nigme de Giora Sinai. Â
Lâavocat Danny Peretz, qui Ă©tait propriĂ©taire dâun grand cabinet dâenquĂȘte lorsque Giora Sinai a fui le pays, a Ă©tĂ© embauchĂ© Ă lâĂ©poque par des propriĂ©taires dâentreprise qui voulaient le localiser. AprĂšs une longue pĂ©riode de travail de fourmis qui a durĂ© plusieurs annĂ©es, il a localisĂ© Giora Sinai.en SuĂšde, alors encore en poste de pasteur. Peretz a dĂ©couvert que Giora Sinai avait fondĂ© pour lui une congrĂ©gation dans lâun des villages, et une sorte dâassociation qui collectait des fonds « pour les nĂ©cessiteux, pour les besoins des habitants et pour les lâamĂ©lioration et lâentretien de lâĂ©glise ».
« Jâai gĂ©rĂ© de nombreux escrocs dans ma vie, et il Ă©tait le plus grand de tous », dĂ©clare Peretz. « Il Ă©tait trĂšs sophistiquĂ©, se construisait des couvertures qui faisaient croire Ă tout le monde, se crĂ©ait des personnages mĂ©ticuleux et recherchĂ©s, tout comme en IsraĂ«l il a Ă©tudiĂ© en profondeur le monde ultra-orthodoxe. Il avait aussi une approche des gens, il savait comment les toucher et les arnaquer autour de son masque de mensonges. Lâhomme Ă©tait un gĂ©nie , il nây a pas dâautre mot pour le dĂ©crire. MĂȘme Ă Interpol, ils lâont abandonnĂ©. Il changeait dâidentitĂ© Ă une vitesse folle, et le plus drĂŽle est quâaprĂšs le soulĂšvement ultra-orthodoxe, il Ă©tait le meilleur aumĂŽnier de SuĂšde. Il y a volĂ© des millions de dollars. »
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