Alors que l’antisémitisme en France continue de monter en flèche, les juifs et la population générale en France s’accordent sur l’ampleur du problème, selon une nouvelle enquête de l’American Jewish Committee (AJC) à Paris sur les perceptions et les expériences de l’antisémitisme en France.

Mais l’alignement sur la menace antisémite de la société française, et la faible réactivité du gouvernement, n’atténuent pas les craintes des juifs quant à leur sécurité et leur avenir en France.

Près des trois quarts, 73% du public français et 72% des juifs considèrent l’antisémitisme comme un problème qui touche l’ensemble de la société française. 47% du grand public et 67% des juifs interrogés déclarent que le niveau d’antisémitisme en France est élevé, tandis que 27% et 22%, respectivement, disent qu’il est faible.

Alors que 53% du grand public disent que l’antisémitisme a augmenté et 18% a diminué, ces dernières années, 77% des Juifs disent qu’il a augmenté et 12% a diminué.

«L’antisémitisme est devenu une préoccupation pour la société française dans son ensemble», a déclaré Anne-Sophie Sebban-Bécache, directrice de l’AJC Paris. «Ce n’est plus considéré comme la seule préoccupation des Juifs. Nous ne sommes pas aussi seuls que nous aurions pu le ressentir dans le passé pour lutter contre ce fléau. »

L’ampleur des attaques antisémites contre la communauté juive de France, est la plus importante d’Europe, et stupéfiante.

L’enquête de l’AJC Paris a révélé que 70% des Juifs français disent avoir été victimes d’au moins un incident antisémite au cours de leur vie, 64% ont subi au moins une fois des violences verbales antisémites et 23% ont été la cible de violences physiques au moins une fois. au moins une fois, 10% déclarant avoir été agressé à plusieurs reprises.

La montée continue de l’antisémitisme en France a conduit des pourcentages importants de la population juive à prendre des mesures de protection. Plus du tiers, 37%, s’abstiennent d’utiliser des symboles juifs visibles, 25% évitent de révéler leur identité juive sur le lieu de travail et 52% ont envisagé de quitter la France.

Dans l’ensemble, 44% de l’échantillon juif disent que la situation des Juifs français est pire qu’il y a un an, seulement 11% disent qu’elle est meilleure et 42% pas meilleure ou pire.

Les plus jeunes juifs, âgés de 18 à 24 ans, sont plus sur la «ligne de front» que les cohortes plus âgées dans la lutte contre l’antisémitisme. 84% d’entre eux ont subi au moins un acte antisémite, contre 70% de tous les répondants; 79% avaient subi des violences verbales, contre 64% de tous les répondants; et 39% ont subi un acte d’agression physique, contre 23% de l’échantillon juif complet.

Les Juifs français visiblement religieux se sentent les plus vulnérables, 74% d’entre eux déclarant avoir été victimes d’au moins un acte de violence verbale, contre 64% de l’ensemble de l’échantillon juif.

Les principaux endroits où les incidents antisémites se produisent le plus sont dans la rue et à l’école. 55% ont déclaré avoir été insultés ou menacés dans la rue et 59% ont déclaré avoir subi des violences physiques à l’école.

54% ont été victimes de violences verbales et 26% ont été victimes de violences antisémites dans les écoles.

Mais tout aussi inquiétant est le constat selon lequel 46% ont déclaré avoir subi des violences verbales antisémites en milieu de travail.

Concernant la réactivité des élus, les juifs et le grand public sont d’accord. Seuls 47% des juifs et 48% du grand public font confiance au président de la France pour lutter contre l’antisémitisme, 46% des juifs et 41% du public dans le gouvernement français, 58% des juifs et 56% du public des élus locaux.

Les juifs français n’ont aucun répit contre l’antisémitisme. « Cela doit cesser », a déclaré Sebban-Bécache. «La lutte contre l’antisémitisme doit être une priorité nationale qui dispose des moyens adéquats pour couvrir toute la France.»

L’étude AJC Paris a été réalisée par IFOP, un cabinet de sondage leader, en partenariat avec Fondapol, un important think tank français. Ils ont interrogé 505 Juifs français et 1027 Français entre le 14 octobre et le 19 novembre 2019.