Depuis sa découverte, au milieu du XIXe siècle, dans les ruines de la grande bibliothèque de Ninive, l’épopée de Gilgamesh, avec son récit d’un déluge universel et des parallèles significatifs, dont le déluge à l’époque de Noa’h, intéresse les Biblistes.

Le reste de l’événement, remontant peut-être au troisième millénaire avant notre ère, contient peu de valeur pour eux, car il s’agit de mythes polythéistes typiques associés aux peuples païens de l’époque. Cependant, certains ont étudié les représentations de la Création et de l’au-delà évoquées dans ce récit. Même les érudits laïcs ont reconnu les parallèles entre les récits babyloniens, phéniciens et hébreux, bien que tous ne soient pas disposés à classifier ces connexions comme autre chose qu’une mythologie partagée.

Il existe de nombreuses histoires d’inondations identifiées à partir de sources anciennes et dispersées dans le monde. Les histoires découvertes sur des tablettes cunéiformes, comprenant certaines des premières écritures réchappées, ont des similitudes évidentes. Le graphisme cunéiforme a été inventé par les Sumériens et repris par les Akkadiens. Le babylonien et l’assyrien sont deux dialectes de l’akkadien, et tous deux contiennent un récit du déluge.

Malgré les différences entre les récits du déluge sumérien d’origine et les récits babyloniens et assyriens ultérieurs, de nombreuses similitudes sont étonnamment proches du récit du déluge de la Genèse. Le récit babylonien, le plus intact, fut découvert en premier. Il compte seulement sept lignes manquantes sur 205 et reste le texte le plus étudié parmi les premiers récits de crue. L’épopée de Gilgamesh est contenue sur douze grandes tablettes d’argile. Depuis la découverte originale, elle a été trouvée sur d’autres supports et traduite dans d’autres langues anciennes.

Les tablettes réelles remontent à environ 650 av. l’ère vulgaire et ne sont évidemment pas des originaux, des fragments de l’histoire du déluge ont été trouvés sur des tablettes datées d’environ 2000 av. compilées à partir de documents beaucoup plus anciens que cette date. On estime que l’écriture cunéiforme sumérienne remonte à 3 300 av.

L’Épopée est un récit sur la condition humaine et ses limites, la vie, la mort, l’amitié, et plus largement un récit d’apprentissage sur l’éveil de son héros à la sagesse. Elle fut composée sous la forme d’un poème. Le personnage principal, Gilgamesh, a peut-être été un personnage historique. La liste des rois sumériens le montre dans la première dynastie d’Uruk régnant pendant 126 ans. Cette durée n’est pas un problème par rapport à l’âge des patriarches de la Bible avant le déluge. En effet, après Gilgamesh, les rois ont vécu une durée de vie normale par rapport à aujourd’hui. Cette liste est également intéressante car elle mentionne spécifiquement le déluge – « le déluge a renversé la terre. »

L’histoire commence par présenter les actes du héros Gilgamesh. C’était un personnage ayant une grande connaissance et sagesse, il conservait les annales et chroniques des jours avant le déluge. Il écrivit sur des tablettes de pierre tout ce qu’il avait fait, y compris la construction des murs de la ville d’Uruk et de son temple pour Eanna. Néanmoins, il était un dirigeant autoritaire, ce qui poussa ses sujets à implorer les « dieux » de lui créer un ennemi juré afin de le provoquer et créer des rivalités.
Après un combat, cet ennemi, Enkidu, est devenu le meilleur ami de Gilgamesh. Les deux compagnons se sont mis en route vers la célébrité en se lançant dans de nombreuses aventures dangereuses. Enkidu sera finalement tué au cours de l’une d’elles. Gilgamesh décide alors de trouver l’immortalité puisqu’il craint désormais la mort. C’est lors de cette recherche qu’il rencontre Utnapishtim, le personnage qui ressemble le plus au Noa’h biblique.

Brièvement, Utnapishtim était devenu immortel après avoir construit un navire pour résister au Grand Déluge qui avait détruit l’Humanité. Il a amené tous ses parents et toutes les espèces de créatures à bord du navire. Utnapishtim a relâché des oiseaux pour trouver la terre, et le navire a atterri sur une montagne après le déluge. L’histoire se termine ensuite par les récits de la visite d’Enkidu dans le monde souterrain.

Même si de nombreuses similitudes existent entre les deux récits, il existe toujours de sérieuses différences.
Quelques commentaires doivent être faits sur les comparaisons possibles. Certaines des similitudes sont très frappantes, tandis que d’autres sont très générales. L’ordre donné à Utnapishtim de construire le bateau est remarquable :

« O homme de Shuruppak, fils d’Ubar-Tutu, démolis ta maison, construis un navire ; abandonne la richesse, recherche la vie ; méprise les biens, sauve ta vie. De toutes sortes d’êtres vivants dans le navire que tu construiras. Que ses dimensions soient bien mesurées. »

La cause du déluge envoyé en jugement sur les péchés de l’homme est aussi frappante. La onzième tablette, ligne 180, dit :
« Mettez sur le pécheur son péché ; faites reposer sur le transgresseur sa transgression. »

Une étude de ces parallèles avec Genèse 6-9, ainsi que de nombreux autres, démontre la nature étonnante de ces similitudes.
Les significations des noms des héros n’ont cependant, absolument aucune racine ou correspondance commune. Noa’h signifie « repos », tandis qu’Utnapishtim signifie « chercheur de vie ». Aucun n’était parfait, mais tous deux étaient considérés comme justes et relativement irréprochables par rapport à ceux qui les entouraient.

Utnapishtim a également pris un pilote pour le bateau et quelques artisans, pas seulement sa famille dans l’arche. Il est également intéressant de noter que les deux récits font remonter le lieu d’atterrissage à la même région générale du Moyen-Orient ; cependant, le mont Ararat et le mont Nisir sont distants d’environ 482 km. La bénédiction que chaque héros reçoit après le déluge est également très différente. Utnapishtim reçut la vie éternelle tandis que Noa’h devait se multiplier, remplir la terre et dominer les animaux.

Dès les premiers jours de l’étude comparative de ces deux récits du déluge, il a été généralement admis qu’il existait une relation bien évidente. La nature très répandue des traditions d’un déluge dans la culture humaine est une excellente preuve de l’existence d’un grand déluge d’un point de vue juridique/historique. La datation des fragments les plus anciens du récit de Gilgamesh indiquait à l’origine qu’elle était plus ancienne que la datation supposée de la Genèse. Cependant, il est probable que le récit biblique ait été préservé soit comme une tradition orale, soit sous une forme écrite transmise par Noa’h, aux patriarches et finalement à Moshé. Ce qui le rend en réalité plus ancien que les récits sumériens qui seraient une reformulation (avec modifications) de l’original.

Une théorie populaire, proposée par des « érudits » libéraux, disait que les Hébreux « empruntaient » aux Babyloniens, mais aucune preuve concluante n’a jamais été proposée. Les différences, y compris religieuses, éthiques et une grande quantité de détails, rendent peu probable la source du récit biblique puisée au sein des traditions sumériennes. Cela n’empêche pas ces savants libéraux et laïcs de toujours prôner une telle théorie. L’hypothèse parmi les Chrétiens sera d’accepter une source commune aux deux, antérieure à toutes les formes sumériennes.
L’inspiration Divine de la Bible exigerait que le récit de la Genèse soit la version correcte.

En effet, les Hébreux étaient connus pour préserver et transmettre leurs annales et leur Tradition. Le Livre de la Genèse est considéré en grande partie comme un ouvrage historique, même par de nombreux érudits libéraux, tandis que l’épopée de Gilgamesh est considérée comme mythologique. La théorie de la source unique devrait donc nous ramener à l’événement historique du déluge et de l’arche de Noa’h. Pour ceux qui croient en l’inspiration et l’infaillibilité de la Bible, il ne devrait pas être surprenant que Dieu détienne le véritable récit du déluge dans la tradition Hébraïque. Le récit de la Genèse aurait été maintenu dans toute sa pertinence et sa propriété au cours des siècles grâce à la Providence Divine jusqu’à ce qu’il soit finalement compilé, édité et écrit par Moshé. L’épopée de Gilgamesh contient donc le récit corrompu tel qu’il a été préservé et embelli par les peuples qui ne suivirent point le Dieu des Hébreux.