Il y a quelques mois, la nouvelle que redoute tout Israélien m’est tombée dessus : mon passeport allait expirer. À peine le temps d’encaisser, voilà que ma carte d’identité devait aussi être renouvelée. Restait encore en mémoire l’image apocalyptique des bureaux de l’Autorité de la population : files d’attente interminables, rendez-vous introuvables avant deux ans… et seulement les soirs de pleine lune, si l’on en croit l’humour israélien.
J’ai donc sacrifié un après-midi, le seul où les enfants étaient tous en colonie, et pris rendez-vous pour la fin août à Mevasseret Tsion. Rendez-vous fixé à 15h06 – une heure si précise qu’on aurait pu croire à une blague locale, tant une heure de retard n’étonne personne ici. Surprise totale : à 15h06, j’étais déjà assis face à une employée polie et efficace. Quatre minutes plus tard, tout était bouclé, avec la promesse que passeport et carte d’identité me parviendraient par courrier recommandé dans un délai de six semaines.
Autant dire que je m’attendais à des complications. Après tout, entre l’administration et la poste, les risques de contretemps sont légendaires. Et pourtant, miracle : dix jours plus tard à peine, les documents flambant neufs étaient livrés chez moi, par coursier. Je ne sais pas qui est responsable de ce changement dans la gestion de l’Autorité de la population, mais il mérite des félicitations.
Moins de félicitations, en revanche, pour nous – la presse. Car pourquoi n’entend-on parler que des catastrophes ? Quel mécanisme psychologique nous pousse à ne relayer que les ratés, et à oublier complètement quand les choses s’améliorent ? Et non, cette fois ce n’est pas une question de volonté de nuire au gouvernement Netanyahou. Rappelons-nous : après le Covid, des files interminables à l’aéroport Ben Gourion avaient défrayé la chronique. Six mois plus tard, l’Autorité des aéroports et le ministère des Transports avaient recruté du personnel, le problème avait été résolu – mais plus aucun mot dans les médias.
On connaît le proverbe : no news is good news. La réalité, c’est plutôt good news is no news. Voilà pourquoi deux succès majeurs de l’année 5785 ont quasiment disparu des radars médiatiques : la victoire éclatante contre le Hezbollah en hiver, et l’opération brillante contre l’Iran en été. La presse – et l’être humain en général – s’habitue vite aux réussites, et préfère se concentrer sur les malheurs.
Sur les réseaux sociaux, j’ai remarqué la même chose : les réactions les plus virulentes ne viennent pas quand on exprime un soutien politique à Netanyahou, mais quand on ose publier une note optimiste. Le meilleur exemple ? Le tube de Sasson Shaulov, Encore mieux. Sa joie et son énergie ont déclenché torrents de sarcasmes et de moqueries, comme s’il était indécent de célébrer le positif dans un contexte de douleurs et de deuils. Et pourtant, selon les prévisions, cette chanson devrait bien finir numéro un des classements de fin d’année. Le public, lui, envoie un message clair : malgré tout, non, tout n’est pas sombre.
Amit Segal
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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