Les États-Unis ont procédé cette semaine à l’une des méthodes d’exécution les plus controversées du pays : la mise à mort par fusillade, autorisée dans certains États depuis la fin des années 2010. Un détenu condamné pour meurtre a été exécuté dans une prison de l’Utah, une procédure rarissime documentée par AP News, NPR et le Death Penalty Information Center (DPIC).
Au-delà de l’événement, la scène a ravivé un débat national sur la peine capitale, son efficacité et sa dimension morale. Israël, qui entretient une relation stratégique étroite avec Washington, observe ce débat sans s’y immiscer, tout en rappelant la différence profonde entre le système juridique américain et les principes qui guident la politique pénale israélienne.
Selon les informations publiées par Reuters, il s’agit de la première exécution par fusillade dans l’État depuis plus de dix ans. Le protocole, autorisé par la loi locale, consiste à immobiliser le condamné et à recourir à un peloton de tirs composé d’agents spécialement formés. Le choix de cette méthode s’explique en partie par les pénuries de produits destinés aux injections létales, un problème qui affecte plusieurs États américains depuis 2015 en raison des restrictions imposées par les laboratoires pharmaceutiques européens.
La Cour suprême des États-Unis a déjà confirmé à plusieurs reprises la constitutionnalité de ces méthodes, considérées comme relevant de la souveraineté pénale des États fédérés. Selon les données du DPIC, seuls trois États — l’Utah, le Mississippi et l’Oklahoma — autorisent encore la fusillade comme alternative en cas d’indisponibilité d’autres moyens.
Mais l’affaire de cette semaine, largement relayée dans The New York Times et CNN, a relancé un débat politique qui divise profondément l’Amérique.
Les partisans de la peine de mort, souvent issus du camp républicain, soutiennent que la fusillade est « plus rapide, plus fiable et moins sujette à l’erreur » que l’injection létale. Les opposants dénoncent une méthode « archaïque » et « traumatisante », reprochant au pays de s’éloigner des standards internationaux. Plusieurs ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont publié des communiqués condamnant la procédure.
Israël, où la peine capitale n’est appliquée que dans des cas d’extrême exception — Eichmann en 1962, selon les archives officielles de l’État — observe la situation américaine avec un mélange de distance institutionnelle et de lucidité diplomatique.
Le ministre de la Défense Israel Katz l’a rappelé récemment lors d’une conférence sur la coopération stratégique israélo-américaine :
« L’amitié entre Israël et les États-Unis repose sur des valeurs démocratiques communes, mais aussi sur le respect des différences institutionnelles. Nous n’interférons pas dans les choix pénaux américains. »
Cette position s’inscrit dans la ligne traditionnelle du gouvernement israélien : respecter les procédures américaines tout en réaffirmant que la justice israélienne privilégie des mécanismes stricts de contrôle, la démocratie parlementaire et un système pénal moderne centré sur la dissuasion sécuritaire.
Dans les milieux académiques israéliens, notamment à travers les analyses publiées par l’Université hébraïque de Jérusalem ou par l’Institut israélien pour la démocratie, l’exécution par fusillade suscite surtout une réflexion comparative. Plusieurs experts rappellent que les États-Unis sont confrontés à un taux d’homicides supérieur à celui d’Israël, que la structure fédérale rend la politique pénale hétérogène et que l’opinion publique américaine est beaucoup plus divisée sur la peine capitale.
Dans les services de sécurité israéliens, la discussion est plus pragmatique. Certains soulignent que, malgré ces débats, les États-Unis restent un allié essentiel dans la lutte contre le terrorisme global. Les échanges en matière de renseignement, de cybersécurité et de technologies militaires — renforcés sous l’administration du président Donald Trump — demeurent inchangés. Les débats internes américains n’affectent donc en rien la coopération bilatérale.
Cependant, au Moyen-Orient, cette exécution fournit un prétexte supplémentaire aux régimes autoritaires qui cherchent à critiquer l’Occident. Les médias d’État iraniens, comme PressTV, ont déjà utilisé l’affaire pour accuser Washington d’« hypocrisie en matière de droits humains ». Une rhétorique qui ne manque pas de cynisme lorsqu’elle émane d’un pays où les exécutions massives — parfois de mineurs — sont largement documentées par Amnesty International et par la rapporteuse spéciale de l’ONU.
Face à ces narratifs hostiles, Israël insiste sur une distinction essentielle :
l’Amérique reste une démocratie solide — l’Iran non.
Et dans cet environnement géopolitique tendu, la cohésion entre les deux pays reste un bouclier stratégique.
Au-delà du débat moral, cette exécution par fusillade révèle aussi les fractures internes américaines :
– certains États renforcent la peine capitale ;
– d’autres l’abolissent ;
– les tribunaux fédéraux arbitrent constamment entre souveraineté locale et principes constitutionnels.
En Israël, où la menace sécuritaire est permanente et où la justice antiterroriste fonctionne selon un cadre spécifique, le gouvernement rappelle que sa priorité demeure la protection des citoyens.
La peine de mort n’est pas un outil central, mais la fermeté pénale, elle, est non négociable.
Alors que les États-Unis continuent de débattre de leurs mécanismes d’exécution, Israël poursuit sa propre trajectoire judiciaire, fidèle à une vision équilibrée entre humanité, responsabilité et nécessité sécuritaire.
Et tandis que certains acteurs régionaux tentent d’exploiter politiquement l’affaire, Jérusalem, elle, choisit la stabilité institutionnelle et l’alliance stratégique avec Washington.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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