La tempête autour de l’Eurovision 2026 continue de s’intensifier et dépasse désormais largement le cadre musical. Pour la première fois depuis le début de la polémique, Dana Rosemary Scallon, gagnante du concours pour l’Irlande en 1970 avec le titre All Kinds of Everything, est sortie de son silence pour critiquer ouvertement l’évolution du concours et la politisation croissante qui l’entoure. Ses propos interviennent alors que l’édition 2026, prévue à Vienne les 12, 14 et 16 mai, est déjà marquée par une crise sans précédent liée à la participation d’Israël.
La controverse a éclaté à la suite de la décision de l’Union européenne de radio-télévision (EBU) de valider de nouveaux ajustements au règlement tout en confirmant la participation d’Israël. Cette décision, adoptée à une large majorité lors d’une assemblée à Genève, a provoqué une onde de choc dans plusieurs pays européens. Dans la foulée, cinq États – l’Irlande, l’Islande, les Pays-Bas, la Slovénie et l’Espagne – ont annoncé leur retrait de la compétition, transformant l’Eurovision en un champ de bataille politique.
Pour Dana Rosemary Scallon, cette situation marque une rupture profonde avec l’esprit fondateur du concours. Interrogée par les médias britanniques, la chanteuse a exprimé une profonde déception : selon elle, « la bulle d’innocence » de l’Eurovision s’est brisée. « L’essence même du concours était de créer un espace sûr et d’unir les peuples par la musique. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que cette mission est en train de s’effondrer », a-t-elle déclaré, mettant directement en cause l’incapacité de l’EBU à préserver la neutralité de l’événement.
La critique de Dana ne vise pas uniquement les décisions techniques ou réglementaires, mais une dérive plus globale. Elle rappelle que l’Eurovision est née dans l’Europe de l’après-Seconde Guerre mondiale, précisément pour offrir un espace apolitique, un terrain commun où des nations meurtries pouvaient se retrouver autour de la culture et de la musique. « Le concours a été créé pour dépasser les conflits, pas pour les importer sur scène », insiste-t-elle. À ses yeux, la multiplication des prises de position nationales et des boycotts traduit une instrumentalisation dangereuse de la culture à des fins politiques.
Sans attaquer frontalement son propre pays, Dana adopte une posture mesurée mais ferme. Elle évite d’accuser directement l’Irlande d’utiliser l’Eurovision comme un levier politique, préférant dénoncer une tendance générale qui dépasse un seul État. « Il reste très peu d’espaces capables de rassembler les gens au-delà des divisions. Le sport et la culture en font partie. Peut-être que l’Eurovision doit aujourd’hui se demander sérieusement où elle va et ce qu’elle veut être », a-t-elle ajouté.
Ses propos résonnent d’autant plus fortement qu’ils émanent d’une figure historique du concours. L’Irlande reste l’un des pays les plus titrés de l’Eurovision, avec sept victoires à son actif, un record partagé avec la Suède. Pourtant, ces dernières années, les performances irlandaises se sont affaiblies : en 2025, la chanteuse EMMY et son titre Laika Party n’ont pas réussi à qualifier le pays pour la finale, illustrant un certain essoufflement artistique, désormais éclipsé par une crise politique majeure.
Dana Rosemary Scallon a également exprimé une compassion sincère pour les populations affectées par les conflits actuels, évoquant la souffrance humaine à Gaza et ailleurs, tout en appelant à la paix. Elle affirme prier pour que « ce Noël apporte un apaisement » et espère l’ouverture d’un nouveau chapitre, moins marqué par la colère et la division. Cette approche, à la fois humaniste et prudente, tranche avec le ton plus radical adopté par certains acteurs politiques et médiatiques.
La polémique autour de l’Eurovision 2026 pose désormais une question centrale : le concours peut-il encore prétendre être un événement culturel fédérateur, ou est-il devenu le reflet des fractures géopolitiques européennes ? Pour Dana, la réponse est claire : si la musique cesse d’être un langage commun et devient un instrument de pression politique, alors l’Eurovision risque de perdre son âme.
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Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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