Rahel Talbi est la mère d’Efi, le jeune soldat israélien pris en otage durant une dizaine de jours en 1982 lors de la Première Guerre du Liban.
Alors qu’il étudiait à l’ORT et vivait depuis quelques temps en France avec sa famille, Efi effectua à l’âge de 18 ans son service militaire en Israël après avoir été appelé.
Les semaines passent, la guerre éclate et voilà qu’il se retrouve au front. Après quelques heurts à la périphérie de la ville de Tyr et suite à une erreur de navigation, son tank est pris au piège dans une embuscade. Alors que les tirs en provenance des terroristes s’intensifient, Efi tente de se cacher en passant par l’autre côté de la route.
« Tout le groupe est mort sauf un soldat qui n’a pas été tué et qui est parvenu à s’échapper du tank en flammes avant de se cacher dans un buisson. C’était Efi. » raconte Rahel avec une certaine émotion avant de préciser qu’il fut malheureusement capturé.
Efi est donc traîné dans un village libanais puis conduit dans un bunker. Blessé, il est menacé de mort et se retrouve avec un pistolet braqué sur lui. Seul israélien au milieu de trois cent terroristes, il racontera par la suite qu’il vivait un « cauchemar dont il était impossible de se réveiller ».
Durant dix jours, Efi doit suivre le groupe et parcourt une fois la nuit tombée les montagnes, vergers et vallées du Sud-Liban tout en se nourrissant quand il le pouvait de fruits et de légumes.
Le fils de Rahel ne sait pas où on l’emmène et ignore tout de l’activité des personnes qui l’accompagnent. Il refuse alors de croire que la vie peut se terminer à tout instant mais éprouve cependant la crainte d’un affrontement avec Tsahal de peur d’être confondu avec les terroristes.
Durant cette période, la mère d’Efi Talbi se rend en Israël pour retrouver sa famille. « J’habitais Paris à cette époque et des personnes de l’ambassade sont venues me voir afin de m’annoncer la terrible nouvelle. Un vol m’avait été réservé pour rejoindre Israël. »
Loin d’être isolée, la famille Talbi pouvait compter sur cet esprit de solidarité propre aux israéliens venus nombreux pour la soutenir dans ces durs moments. « Tout le monde venait me voir : les voisins, les connaissances d’Efi et même les gens de la rue qui apprenaient que je vivais ici » témoigne Rahel.
Au bout de quelques jours, elle décide de rejoindre sa sœur ainsi que ses parents et alors qu’ils sont dehors, le téléphone sonne. Au bout du fil, le mari de sa fille Léa crie : « ils l’ont trouvé ! ».
Durant cette dixième journée de captivité, Efi se trouve à proximité de la ville de Sidon après un voyage de nuit qui fut comme d’habitude éprouvant. Au matin, des bruits d’hélicoptères et de tanks se font entendre au loin. Une force de Tsahal s’aperçoit d’un mouvement à proximité de l’endroit où se cachent les terroristes qui détiennent le jeune militaire. L’armée israélienne ouvre le feu. Efi profite alors du trouble pour se sauver tout en criant en hébreu « ne tirez pas, ne tirez pas, je suis israélien, je suis un prisonnier !». Pendant ce temps-là, les ravisseurs tirent en direction du soldat, essayent de l’arrêter mais leurs tentatives échouent. Un miracle se produit : Efi parvient à rejoindre les positions de Tsahal en courant de toutes ses forces et entend alors un homme crier « arrêtez de tirer, il parle en hébreu ».
Une fois qu’Efi se présente, on lui annonce que « la nation toute entière était à sa recherche » ! Peu après sa libération, Rahel parle pour la première fois avec son fils au téléphone : « Au début, je lui ai posé différentes questions pour me rassurer. Je n’arrivais pas à croire que c’était mon fils. Ce jour-là, dans les voitures, à la radio ou à la télévision, tout le pays nous entendait. »
Yonatane Laïk – Alyaexpress-News