Existe-t-il des rabbins qui autorisent une relation de couple entre hommes ? Le rav Araleh Harel tranche fermement

Le débat sur la possibilité halakhique d’une relation de couple entre deux hommes a ressurgi cette semaine après la publication, sur un site religieux, d’une longue question adressée au rav Araleh Harel. Le correspondant affirmait avoir trouvé des sources rabbinique semblant autoriser une forme de « zougiyout », une vie de couple sous conditions strictes, et voulait savoir si ces citations remettaient en cause la position ferme des décisionnaires. La réponse du rav Harel, détaillée en six points, ne laisse aucune ambiguïté : selon lui, il n’existe pas, dans la halakha classique ou contemporaine, de permission de former un couple homosexuel, et les citations évoquées sont soit sorties de leur contexte, soit mal comprises.

Le rav Harel commence par rappeler que, dans des échanges privés, tous les rabbins mentionnés — y compris ceux dont les propos sont souvent interprétés comme des ouvertures — ont explicitement clarifié qu’ils ne parlaient jamais d’un « permis » de vivre en couple, mais d’un accompagnement pastoral destiné à réduire le risque de transgression. La comparaison qu’il propose est frappante : un médecin qui persuade un grand fumeur de descendre de deux paquets à un paquet par jour ne lui « autorise » pas de fumer, il limite simplement les dégâts lorsque la personne déclare être incapable d’arrêter. Pour le rav Harel, c’est exactement ce que faisaient ces rabbins : offrir un conseil réaliste à quelqu’un qui transgresse de toute façon, non créer une catégorie halakhique nouvelle.

Le deuxième point de sa réponse touche au cœur du débat : si quelqu’un souhaite affirmer qu’il existe une permission halakhique de vivre en couple homosexuel, il porte la charge de la preuve. Or, cette preuve n’existe pas, dit-il. L’idée même contredit « le simple fondement de la halakha », expression qu’il utilise pour signifier qu’un tel changement n’est pas affaire d’opinion personnelle mais exigerait des sources halakhiques majeures, unanimes, et un consensus rabbinique — consensus qui, selon lui, n’existe absolument pas.

Il poursuit avec une argumentation plus globale : même si un rabbin isolé exprimait une position permissive, cela ne ferait pas jurisprudence. Il compare la situation à celle d’un domaine médical : si tous les grands spécialistes s’accordent sur un diagnostic et que deux médecins marginaux affirment le contraire sans preuves, on ne suivrait pas ces derniers. Le rav Harel applique ce raisonnement au judaïsme : tous les grands décisionnaires contemporains, y compris les plus ouverts et réputés empathiques, comme le rav Aharon Lichtenstein ou le rav Nahum Eliezer Rabinovitch, rejettent catégoriquement l’idée d’une autorisation halakhique d’un couple homosexuel. Dès lors, une minorité d’opinions isolées ne peut renverser cet édifice.

Il ajoute également que les citations invoquées par le questionneur sont mal interprétées. Ainsi, les propos du rav Yoel Bin-Nun (souvent attribués au rav Medan), qui propose l’idée d’un « compagnon de vie » sans aucune proximité charnelle, ne visent absolument pas à créer un cadre de couple romantique ; ils portent uniquement sur la lutte individuelle contre la solitude. De même, les paroles du rav Benny Lau sur la solitude comme « danger vital » relèvent de l’accompagnement psychologique, non d’un permis halakhique d’union. Quant au rav Sherlo, ses écrits invitent uniquement à « ne pas franchir les lignes » et à limiter la transgression lorsque la personne est déjà en situation difficile. Aucun de ces textes ne constitue un « héter », un permis religieux.

Dans un passage particulièrement fort, le rav Harel évoque son expérience personnelle : selon lui, avoir accompagné une vingtaine de couples homosexuels religieux au cours de cinq ans l’a convaincu que les modèles de « zougiyout sans contact » sont irréalisables. Dans tous les cas, dit-il, la relation finit par conduire à un contact corporel interdit ou à une souffrance affective insoutenable. La nature humaine, selon lui, rend impossible une relation amoureuse durable dépourvue de toute intimité physique. Il concède qu’il peut exister une exception sur mille, mais insiste : une exception personnelle ne peut devenir règle pour la collectivité.

Sa conclusion utilise une image volontairement provocatrice : accepterait-on l’idée d’un homme entretenant une relation romantique avec une femme mariée, sous prétexte qu’ils s’engagent à ne jamais se toucher ? Bien que non parfaitement symétrique, dit-il, cette comparaison souligne l’absurdité halakhique d’une « relation de couple interdite mais sans contact ». Le problème n’est pas seulement l’acte, mais le cadre relationnel lui-même, qui conduit inévitablement à l’interdit.

La réponse du rav Harel trace donc une ligne claire : la halakha ne reconnaît pas la possibilité d’une union homosexuelle, même partielle, même sous conditions. Mais elle souligne aussi la nécessité d’un accompagnement éthique et empathique : réduire le mal, soutenir ceux qui luttent, rester présents sans travestir la Torah. Derrière la fermeté de sa position, on lit aussi la conscience de la souffrance réelle des personnes concernées — souffrance que les rabbins modernes tentent d’affronter sans renoncer à leurs principes.

Dans un monde religieux en quête de repères face à ces questions contemporaines, cet échange montre que le débat reste vif, parfois douloureux, mais incontournable. Et qu’entre compassion et fidélité halakhique, les guides spirituels avancent sur une ligne étroite, avec responsabilité et prudence.


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