Une réunion nocturne du cabinet de sécurité israélien s’est transformée en affrontement politique ouvert entre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, sur fond de débat explosif autour de la proposition de loi instaurant la peine de mort pour les terroristes. Selon des révélations diffusées samedi soir par i24NEWS, la séance a rapidement dégénéré en échanges virulents, menaces de départ et interruptions répétées, révélant de profondes fractures au sein du gouvernement.
Dès l’ouverture des discussions, il est apparu que Ben Gvir cherchait à inclure dans son projet de loi l’application de la peine capitale aux membres du commando de la Noukhba impliqués dans le massacre du 7 octobre. Cette initiative a provoqué une vive réaction du ministre de la Justice, Yariv Levin, qui a dénoncé une démarche menée sans concertation avec son ministère, alors même qu’un travail juridique avancé est en cours sous son autorité. « Comment peut-on faire avancer un tel processus sans discussion avec le ministre de la Justice ? Je peux me lever et partir », a-t-il lancé, visiblement furieux.
Ben Gvir n’a pas tardé à répliquer, accusant Levin d’agir de manière unilatérale dans les dossiers relevant de la police. L’échange entre les deux hommes s’est rapidement envenimé, jusqu’à l’intervention directe de Benjamin Netanyahou. Le chef du gouvernement a alors recadré sèchement son ministre de la Sécurité nationale : « Tu veux gérer ce dossier ? Alors commence par être élu Premier ministre ». Une phrase qui a marqué un point de rupture dans la réunion et illustré la tension extrême régnant autour de la table.
Yariv Levin a poursuivi en affirmant que le traitement judiciaire des responsables du 7 octobre avançait de manière « remarquable » au sein du parquet, notamment à travers une proposition de loi portée par les députés Simcha Rothman et Yulia Malinovsky, proche d’aboutir. Selon lui, l’introduction soudaine d’un texte concurrent incluant spécifiquement les terroristes de la Noukhba ne faisait que perturber un processus déjà structuré. Ben Gvir a accusé Levin de ne même pas avoir lu le texte, ce à quoi ce dernier a répondu fermement : « C’est à vous de me le présenter, je suis le ministre de la Justice ».
Face à l’escalade, Netanyahou a tenté de reprendre le contrôle de la réunion en déclarant : « Je ne suis pas prêt à mener une discussion de cette manière. Cessez-le-feu ». Mais le climat est resté électrique. Plusieurs ministres sont alors intervenus. Gideon Saar a exprimé son soutien de principe à la peine de mort pour les terroristes, estimant qu’en Israël il n’existe pas de véritable perpétuité en raison des échanges de prisonniers répétés, tout en suggérant d’exclure les membres de la Noukhba du dispositif légal. Avi Dichter a mis en garde contre un précédent dangereux, rappelant qu’une telle loi aurait pu, dans le passé, être appliquée à un Juif. Ze’ev Elkin, de son côté, a alerté sur le risque que la peine de mort n’encourage les enlèvements et a appelé à un débat plus approfondi et structuré.
Dans une séquence particulièrement remarquée, la conseillère juridique du gouvernement a, de manière inhabituelle, soutenu la position de Yariv Levin. Elle a souligné que la décision initiale du comité ministériel était bien de tenir un débat au cabinet, mais qu’aucune préparation sérieuse n’avait été effectuée pour permettre une discussion de fond. Cette prise de position a suscité des commentaires ironiques de la part de certains ministres, évoquant un « nouveau monde » où la conseillère juridique se range aux côtés du ministre de la Justice.
En conclusion de la réunion, Netanyahou, contraint de quitter la salle pour un entretien diplomatique urgent, a demandé aux ministres de tenter de parvenir à un compromis. « Si vous n’y arrivez pas, venez me voir et je trancherai », a-t-il déclaré. Cet épisode met en lumière non seulement la sensibilité extrême du débat sur la peine de mort pour les terroristes, mais aussi les rivalités politiques et les luttes d’influence internes qui fragilisent la cohésion du gouvernement israélien à un moment particulièrement critique sur le plan sécuritaire et politique.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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