Finkielkraut se range derrière Macron : un soutien inattendu à la reconnaissance d’un État palestinien

Le philosophe Alain Finkielkraut a surpris dimanche soir en affichant sur LCI son soutien à la décision d’Emmanuel Macron de porter à l’ONU la reconnaissance officielle d’un État palestinien. Membre de l’Académie française, longtemps associé à une critique acerbe du relativisme et du discours antisioniste en Europe, l’intellectuel a invoqué l’urgence de mettre fin à ce qu’il décrit comme « l’expansion de la colonisation en Cisjordanie » et la nécessité de « séparer clairement les deux peuples ».

« Je soutiens la décision d’Emmanuel Macron de reconnaître l’État de Palestine, notamment à cause de ce qui se passe en Cisjordanie », a-t-il déclaré, ajoutant que l’alternative – une annexion de territoires en réponse de Jérusalem – constituerait selon lui « un scénario dangereux ». Cette position tranche avec les prises de parole habituelles de Finkielkraut, plus souvent engagé dans la défense des intérêts d’Israël et dans la dénonciation de l’antisémitisme contemporain en France.

Le philosophe justifie son basculement par une logique de séparation nette entre Israéliens et Palestiniens : « Ce serait une catastrophe pour les deux peuples. Il faut libérer les Israéliens des Palestiniens et donner un espace aux Palestiniens », a-t-il insisté. Dans son analyse, la reconnaissance internationale d’un État palestinien constituerait un pas dans cette direction, à rebours des politiques de statu quo qui ont nourri depuis des décennies la défiance et l’enlisement.

Cette prise de position intervient dans un climat international particulièrement tendu. À la veille du discours d’Emmanuel Macron devant l’Assemblée générale des Nations unies, Paris cherche à se positionner comme moteur d’un « nouvel élan » diplomatique. Mais la démarche française, jugée prématurée et unilatérale par Israël, soulève de vives critiques. Le gouvernement israélien, déjà confronté à une guerre ouverte avec le Hamas et à la menace permanente du Hezbollah, voit dans ce geste un encouragement aux acteurs qui cherchent à délégitimer l’État juif sur la scène internationale.

À Jérusalem, les responsables politiques dénoncent une initiative qui fragilise le camp occidental face à l’axe Iran-Hamas-Hezbollah. En annonçant son intention de reconnaître un État palestinien, Emmanuel Macron isole la France de ses alliés européens les plus prudents, tout en s’exposant à une confrontation frontale avec Israël. La perspective d’une telle décision intervient d’ailleurs au moment où Washington, par la voix du secrétaire d’État Marco Rubio, réaffirme son « soutien indéfectible » à Israël et à la destruction totale du Hamas.

En France, le débat reflète des lignes de fracture anciennes. Les partisans de la reconnaissance y voient une étape nécessaire pour relancer la perspective des « deux États », là où d’autres redoutent un signal politique qui viendrait récompenser la violence terroriste. Dans ce contexte, la voix d’Alain Finkielkraut revêt une dimension symbolique : un intellectuel juif français de premier plan qui se déclare favorable à une initiative perçue par beaucoup comme une concession aux ennemis d’Israël.

Ce paradoxe alimente déjà une vive polémique. Pour ses détracteurs, Finkielkraut se trompe d’analyse en confondant la question de la colonisation et l’idéologie du Hamas, qui ne cesse de proclamer son objectif de détruire Israël. Pour ses soutiens, il ne fait qu’entériner une évidence : sans séparation politique et territoriale claire, les deux peuples resteront piégés dans un cycle infernal de haine et de violence.

Reste que la portée diplomatique d’une telle reconnaissance à l’ONU demeure incertaine. Sans accord de sécurité solide, sans réforme des structures de l’Autorité palestinienne et sans garanties contre l’ingérence iranienne, l’annonce française risque de n’être qu’un geste symbolique. Elle pourrait cependant provoquer une onde de choc durable dans les relations franco-israéliennes et redessiner le positionnement international de Paris.

Au-delà de la surprise suscitée par les propos de Finkielkraut, c’est bien le dilemme européen qui se dévoile : faut-il agir unilatéralement au risque d’aggraver les tensions, ou attendre un hypothétique processus de paix ? Une fois de plus, Israël se retrouve au centre d’un affrontement idéologique où se mêlent diplomatie, morale et sécurité.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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