Un adolescent de 17 ans a été mis en examen et placé en détention provisoire vendredi, soupçonné d’avoir préparé plusieurs projets d’attentats jihadistes en France. Le jeune homme, interpellé lundi au Mans dans la Sarthe, aurait envisagé de frapper des ambassades, des institutions républicaines, des médias mais aussi des établissements scolaires de sa région. Cette affaire, révélée par Le Parisien et confirmée à l’AFP par des sources proches du dossier, illustre une tendance préoccupante : la radicalisation de mineurs dans les réseaux terroristes islamistes.
Une arrestation à haut risque
Lundi 1er septembre, les forces de l’ordre ont interpellé le suspect chez ses parents au Mans. Le jeune homme a tenté de fuir et s’est légèrement blessé avant d’être maîtrisé et placé en garde à vue. Selon les premières informations, il aurait reconnu la plupart des faits reprochés, affirmant néanmoins que ses projets n’étaient pas « concrets », car « de trop grande ampleur ».
Pour les enquêteurs, cette minimisation ne masque pas la gravité de ses intentions. À son domicile, les policiers ont découvert un serment d’allégeance au groupe État islamique, une liste d’écoles de la ville avec des annotations indiquant des volumes d’essence nécessaires pour les incendier, ainsi que des formules chimiques d’explosifs.
Des cibles multiples et symboliques
Les conversations interceptées sur des messageries cryptées révèlent l’ampleur des cibles envisagées. Le mineur aurait projeté à long terme d’attaquer :
- le commissariat du Mans,
- l’ambassade d’Israël à Paris, ainsi que celles du Royaume-Uni et des États-Unis,
- l’Élysée et les ministères de l’Intérieur et des Armées,
- le Parlement européen à Strasbourg,
- et même des sièges de médias parisiens.
À plus court terme, il aurait envisagé d’incendier des établissements scolaires du Mans ou des forêts environnantes. Ce mélange de projets délirants et d’actions plus facilement réalisables illustre une radicalisation intense mais désorganisée, caractéristique des profils jihadistes mineurs.
Une spirale de radicalisation
Son avocat, Me Dylan Slama, décrit un adolescent fragile, manipulé par des adultes malveillants :
« C’est un jeune qui est tombé dans une spirale à laquelle l’interpellation a heureusement mis un terme. Il va falloir étudier sur quelles failles et fragilités ces idées néfastes ont pu s’installer. Surtout, il va falloir chercher quel adulte a profité de la faiblesse de mon client. »
Cette défense rejoint les constats des spécialistes de l’antiterrorisme : les mineurs sont de plus en plus nombreux à être happés par la propagande islamiste en ligne. Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a ouvert une enquête mi-août, après avoir identifié ses projets à travers ses échanges cryptés.
Un phénomène en hausse
La radicalisation de mineurs est devenue un sujet majeur de préoccupation en France. Alors qu’ils se comptaient « sur les doigts d’une main » il y a quelques années, les jeunes impliqués dans des procédures terroristes sont désormais plusieurs dizaines par an.
- En 2023, 15 mineurs avaient été mis en examen pour des projets d’attentats.
- En 2024, ils étaient 18.
- En 2025, au 1er juillet, 11 jeunes avaient déjà été interpellés. Avec cette nouvelle affaire, le total grimpe à au moins 14 mineurs impliqués cette année, et ce chiffre pourrait encore augmenter.
Ces statistiques montrent une radicalisation de plus en plus précoce, favorisée par la propagande en ligne, les réseaux cryptés et l’absence de repères éducatifs chez certains adolescents.
Israël au cœur des menaces
Le cas de ce mineur n’est pas isolé : l’ambassade d’Israël en France figure régulièrement parmi les cibles prioritaires des jihadistes. Depuis l’attentat du 7 octobre 2023 et la guerre qui s’en est suivie à Gaza, la menace contre les représentations israéliennes en Europe est montée en flèche.
Pour Israël, ces projets d’attaques confirment que le jihadisme international reste obsédé par l’État juif, symbole de l’ennemi à abattre. La France, pays d’accueil d’une importante communauté juive, est perçue par les islamistes comme un terrain privilégié pour frapper Israël par procuration.
Une réponse judiciaire et sécuritaire
Le suspect de 17 ans a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste et placé en détention provisoire. Le PNAT, comme à son habitude, refuse de commenter, mais l’affaire devrait alimenter les débats sur le suivi des mineurs radicalisés et le rôle des services sociaux.
La France a renforcé depuis 2015 ses dispositifs de prévention et de détection, mais les chiffres montrent que le phénomène continue de croître. Des voix réclament un encadrement plus strict, une surveillance accrue des réseaux sociaux et une coopération renforcée avec les pays étrangers, notamment Israël, qui possède une expertise reconnue dans la lutte contre le terrorisme.
Conclusion : une alerte pour toute l’Europe
L’affaire du Mans rappelle une vérité inquiétante : la menace terroriste en Europe ne vient pas seulement de cellules structurées, mais aussi de mineurs isolés, radicalisés à distance, capables de passer à l’acte. Le fait que l’ambassade d’Israël et des institutions républicaines françaises aient figuré parmi les cibles potentielles montre que les jihadistes visent à la fois l’État juif et les démocraties occidentales.
La neutralisation de ce projet est une victoire pour les services de renseignement français, mais elle ne doit pas masquer l’ampleur du défi. Face à une jeunesse vulnérable aux discours islamistes, la lutte antiterroriste doit conjuguer fermeté judiciaire et prévention éducative. Sans cela, le phénomène risque de s’ancrer durablement dans le paysage sécuritaire européen.
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