Frappe de Doha : Israël a prévenu Washington, qui a alerté le Qatar

L’onde de choc de l’opération « Sommet de Feu » se prolonge bien au-delà des murs soufflés de Doha. Alors que Tsahal et le Shin Bet ont revendiqué une frappe sans précédent contre la direction du Hamas dans la capitale qatarie, de nouvelles révélations du Wall Street Journal viennent éclairer les coulisses diplomatiques de cette opération.

Selon le quotidien américain, Israël a informé Washington de l’imminence de l’attaque, et l’administration Biden a aussitôt transmis l’avertissement aux autorités qataries (Wall Street Journal). Cette chaîne d’information illustre la complexité de l’équation : les États-Unis, alliés d’Israël mais partenaires stratégiques du Qatar, ont tenté de se prémunir d’une crise tout en respectant la coordination sécuritaire avec Jérusalem.

Cette version est confirmée par l’Associated Press, qui rapporte que Washington a non seulement été informé mais a également émis des consignes de précaution à ses ressortissants présents au Qatar, anticipant une escalade régionale (AP News).

Ces révélations soulignent deux faits majeurs. D’abord, l’attaque israélienne n’était pas une initiative improvisée mais bien une opération planifiée, assumée, et partiellement coordonnée avec l’allié américain. Ensuite, elles montrent que le Qatar, présenté comme médiateur dans les négociations sur les otages, a lui-même été informé en amont — mais sans pouvoir empêcher la frappe.

Pour Israël, la communication est claire : « Israël a initié, Israël a exécuté, Israël assume », avait déclaré le bureau du Premier ministre Netanyahou peu après l’attaque. Mais en arrière-plan, ces échanges diplomatiques révèlent que Washington entendait ménager Doha, soucieux de préserver son rôle de canal avec le Hamas.

La réaction du président français Emmanuel Macron tranche avec cette posture : « Les frappes israéliennes au Qatar ne sont pas acceptables, quels que soient leurs motifs », a-t-il affirmé, donnant le sentiment d’un soutien implicite à Doha plutôt qu’à l’allié israélien. Cette divergence entre Paris et Washington illustre la fracture transatlantique sur la gestion du dossier Hamas et sur l’acceptabilité des frappes ciblées hors de Gaza.

Sur le terrain, Israël insiste sur le caractère stratégique de l’opération. Plusieurs hauts responsables du Hamas auraient été touchés, dont Khalil al-Hayya et Zaher Jabarin. Mais une source sécuritaire citée par Amit Segal a reconnu que les confirmations sur les éliminations sont encore en attente. En revanche, un haut gradé israélien a qualifié l’opération de « brillante et puissante », affirmant qu’elle « renforce l’image de dissuasion d’Israël et ouvre la voie à une fin de guerre selon ses conditions : libération de tous les otages et désarmement du Hamas ».

Derrière les fumées de Doha, c’est donc une bataille diplomatique qui se joue. En avertissant les États-Unis, Israël a montré qu’il respectait ses alliances. En avertissant le Qatar, Washington a tenté de préserver la façade d’un partenaire stratégique. Mais le résultat est limpide : la direction du Hamas n’est plus à l’abri, et le double jeu de Doha comme médiateur et refuge a volé en éclats.

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