L’avenir de la bande de Gaza entre dans une phase décisive. Selon des sources arabes et occidentales citées par l’agence AP, un organisme international chargé d’administrer le territoire devrait être annoncé d’ici la fin de l’année par le président américain Donald Trump, dans le cadre du fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre. Cet organisme – présenté sous le nom de « Conseil de paix », que Trump dirigerait dans le cadre d’un mandat onusien renouvelable – serait chargé du redressement d’un territoire détruit, fragmenté, et laissé sous le joug du Hamas pendant plus de quinze ans. Une évolution majeure, porteuse d’espoir pour Israël mais aussi de tensions nouvelles dans la région.
Le projet prévoit une structure composée d’une douzaine de dirigeants originaires du Moyen-Orient et de l’Occident, en charge de superviser la reconstruction et l’équilibre sécuritaire. En parallèle, une commission de technocrates palestiniens prendrait en main la gestion quotidienne du territoire. Selon un diplomate occidental interrogé depuis Le Caire, cette annonce devrait coïncider avec une rencontre entre Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, attendue plus tard ce mois-ci.
Dans cette configuration inédite, un élément central attire l’attention d’Israël : la création d’une force internationale armée, chargée de garantir la sécurité, d’encadrer la démilitarisation et de s’assurer que le Hamas ne reconstitue pas ses capacités terroristes. C’est l’un des points essentiels pour Jérusalem, qui a payé un prix terrible lors de l’attaque du 7 octobre et ne peut accepter un retour au statu quo ante. L’intégration de cette dimension sécuritaire dans le plan Trump s’inscrit clairement dans les priorités israéliennes : empêcher la reconstitution de l’arsenal, isoler les chefs terroristes et instaurer une présence dissuasive durable.
Pourtant, malgré l’accord de principe, le cessez-le-feu reste fragile et semé d’incidents. Des violences sporadiques éclatent des deux côtés, tandis qu’un point crucial demeure en suspens : la restitution par le Hamas de la dépouille du dernier otage israélien tombé au combat, le policier Rani Gouili. Tant que ce point n’est pas réglé, Israël estime que la première phase de l’accord n’est pas achevée. Les familles des otages rappellent douloureusement que sans restitution totale, aucune progression n’est moralement possible.
À ce stade, les discussions internationales se poursuivent. Plusieurs pays – dont l’Égypte, la Jordanie, les Émirats, l’Indonésie, la Turquie, le Pakistan, l’Arabie saoudite et le Qatar – ont exprimé leur « profonde inquiétude » face aux contours du plan Trump. Certains dénoncent un manque de voix palestinienne authentique au sein du futur organe international. D’autres s’interrogent sur la pérennité d’un modèle perçu comme trop centralisé autour de Washington et de ses alliés régionaux.
La question du passage de Rafah ravive également des tensions entre Israël et l’Égypte. Le gouvernement israélien annonce vouloir rouvrir le passage dans les prochains jours afin de permettre aux civils palestiniens de quitter Gaza selon les termes du cessez-le-feu. Mais Le Caire insiste : l’ouverture ne peut être à sens unique. L’Égypte exige que les Palestiniens soient autorisés à revenir également, faute de quoi elle refuse d’activer le point de passage. Israël, de son côté, bloque tout retour tant que la dépouille de Rani Gouili ne lui est pas rendue.
Ce bras de fer souligne combien les enjeux humanitaires sont indissociables des questions sécuritaires. Les huit ministres des Affaires étrangères des pays signataires de l’appel de vendredi l’ont martelé : « Toute tentative d’expulser le peuple palestinien est absolument rejetée. » Un message adressé autant à Israël qu’aux mouvements islamistes qui utilisent les civils comme levier diplomatique.
Pour Washington, l’obsession reste de maintenir la pression sur le Hamas. Le plan Trump exige, dans la première phase, la restitution de tous les otages – vivants ou morts – dans un délai de 72 heures. Une exigence que le mouvement terroriste n’a pas respectée. Il prévoit aussi un mécanisme inédit : des membres du Hamas qui renonceraient à la lutte armée pourraient obtenir une forme d’amnistie ou un passage vers un pays tiers. Une disposition jugée problématique par plusieurs gouvernements arabes, qui redoutent un précédent et s’inquiètent de la réinstallation potentielle d’ex-combattants radicaux sur leur territoire.
À Gaza même, les inquiétudes sont multiples. Certains Palestiniens craignent qu’un organisme international sans légitimité locale ne reproduise les mêmes impasses que les précédents accords. D’autres, au contraire, y voient l’unique chance de sortir du cycle infernal de domination islamiste, de pauvreté et de guerre. Sur ce point, Israël partage une position claire : aucune reconstruction durable n’est envisageable tant que le Hamas détient des armes, des tunnels et des capacités opérationnelles.
C’est pourquoi la force internationale que souhaite Trump constitue un levier stratégique. Selon les sources citées par AP, le déploiement pourrait commencer au premier trimestre 2026. Pour Israël, habitué à porter seul le fardeau sécuritaire face aux groupes terroristes, l’idée d’une présence multinationale sur le terrain peut représenter un avantage – à condition que cette force soit robuste, mandatée, et prête à affronter des organisations islamistes aguerries.
Au-delà des aspects sécuritaires, un enjeu plus large se dessine : celui de la gouvernance palestinienne post-Hamas. La perspective d’une administration technocratique, sans ancrage politique structuré, pourrait ouvrir une période de transition inédite. Elle remettrait en question l’influence du Qatar, l’emprise politique du Hamas et, indirectement, la capacité de l’Autorité palestinienne à reprendre pied dans la bande de Gaza. Pour Israël, c’est un test géopolitique majeur : identifier un partenaire fiable, stabiliser une zone frontalière explosée par quinze ans de terrorisme, et garantir que la reconstruction ne devienne pas une autoroute pour un retour des milices islamistes.
Dans un Moyen-Orient instable, où les alliances évoluent rapidement, l’avenir de Gaza dépasse la simple question humanitaire. Il touche au rapport de force régional, à la crédibilité des États-Unis, à la sécurité d’Israël et à la possibilité – encore lointaine – d’un nouveau paradigme politique pour les Palestiniens. La feuille de route que Trump entend dévoiler d’ici la fin de 2025 pourrait devenir un tournant historique, ou, au contraire, se heurter aux mêmes blocages que les plans précédents.
Une chose est certaine : rien ne pourra avancer sans la résolution de la question des otages. Tant que Rani Gouili ne rentrera pas, Israël demeurera à l’arrêt. Et tant que le Hamas conservera une parcelle de pouvoir, aucune architecture politique ne pourra assurer la sécurité durable à laquelle les Israéliens – et les Palestiniens – ont droit.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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