À Gaza, les bombes tombent, les civils souffrent, et Paris… temporise. Depuis le 1er août, le Quai d’Orsay a décidé de suspendre toutes les évacuations de Palestiniens vers la France. Ni malades, ni familles disposant d’attaches françaises ne peuvent franchir la frontière. La raison ? Une décision du ministre français des Affaires étrangères, officiellement liée aux conditions de sécurité. Dans les faits, un blocage qui illustre le grand écart entre l’humanitaire affiché et la realpolitik assumée.
Un photographe sous les bombes, une doctoresse qui s’épuise
Le Monde rapporte le cas de Majdi Fathi, photojournaliste palestinien, père de quatre enfants, qui documente depuis Gaza la vie quotidienne au milieu des ruines (AP News ; The Guardian). Ses clichés, publiés par la BBC et par la presse internationale, montrent des files d’attente interminables pour du pain, des colonnes de fumée après les frappes, et des familles entassées dans les décombres.
Depuis Rennes, la médecin généraliste Catherine Le Scolan se bat pour faire sortir Fathi et sa famille. Elle a déjà servi en mission humanitaire à Khan Younès en 2024 et tente de réunir tous les papiers nécessaires. Mais ses efforts se heurtent à un mur administratif : les portes de la France restent closes.
Paris bloque, Paris plaide
Officiellement, la diplomatie française invoque « l’instabilité sécuritaire ». Ironie du sort : l’instabilité est justement la raison invoquée pour réclamer ces évacuations. Mais entre le discours humanitaire et la pratique, il y a toujours ce petit grain de sable appelé… politique.
Sur le papier, Emmanuel Macron multiplie les envolées lyriques pour un État palestinien « souverain et viable » (Reuters). Mais dans les faits, même un photographe travaillant pour la BBC ne trouve pas d’avion pour Paris. On en viendrait presque à penser que la « viabilité » de la Palestine est plus simple à proclamer à l’ONU qu’à organiser dans un aéroport égyptien.
L’aide humanitaire à géométrie variable
La suspension décidée par Paris intervient alors que la France continue d’annoncer fièrement des millions d’euros d’aide humanitaire pour Gaza. Des chiffres ronds, des conférences de presse et des communiqués bien calibrés. Mais pour ceux qui vivent sous les bombes, le contraste est cruel. L’argent s’affiche dans les colonnes budgétaires, les malades, eux, restent coincés dans l’enclave.
Dans ce grand écart, Israël rappelle que les couloirs humanitaires sont ouverts… mais sous contrôle strict, afin d’empêcher le Hamas de détourner les cargaisons vers ses arsenaux. Paris, lui, se garde de le dire trop fort : cela briserait un récit commode où l’aide coule à flot et où l’obstacle serait uniquement « militaire ».
Une suspension qui arrange bien tout le monde
Cynisme ou réalisme ? En gelant les évacuations, la France se protège de deux critiques à la fois : celle d’Israël, qui redoute des infiltrations terroristes sous couvert d’humanitaire, et celle des opposants français, qui l’accusent de soutenir trop ouvertement Gaza. Résultat : on ne fait rien, et on communique beaucoup.
Le photographe Majdi Fathi, lui, continue de risquer sa vie pour alimenter la presse internationale. La France, patrie autoproclamée des droits de l’homme, le remercie… en lui refusant l’entrée. Une diplomatie de la schizophrénie, où l’on parle de sauver des vies mais où l’on ferme les portes au moment décisif.
« Gaza, l’engrenage », titre sobrement Le Monde. Mais derrière ce mot se cache une mécanique parfaitement huilée : grands discours à New York, suspension discrète des évacuations, et indignation calibrée dans les colonnes des journaux. Pendant ce temps, sur le terrain, les civils attendent. Ironie ultime : dans ce théâtre diplomatique, même l’urgence humanitaire finit par être ajournée… sine die.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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