Gaza transformée en « Riviera » ? Le plan américain qui fait trembler les Palestiniens

Un document préparatoire révélé par le Washington Post esquisse ce que pourrait être le futur de la bande de Gaza après la guerre. Sous la houlette des États-Unis, le territoire serait placé sous tutelle, ses habitants déplacés, et son paysage remodelé en un gigantesque chantier de modernisation : villes intelligentes gérées par l’intelligence artificielle, usines automobiles dernier cri, hôtels de luxe et zones balnéaires.

Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche, avait déjà promis en février dernier de faire de Gaza une « Riviera du Moyen-Orient ». Le projet, désormais détaillé, confirme cette ambition : transformer un territoire ravagé en vitrine high-tech et touristique, sous contrôle américain direct. Une vision qui, si elle se concrétisait, marquerait un bouleversement historique dans la région.

Selon les informations publiées par le quotidien américain, ce plan inclut la mise sous administration provisoire de Gaza, probablement via une force multinationale dirigée par Washington. Les Palestiniens qui y résident seraient encouragés – voire contraints – à quitter le territoire, ouvrant la voie à une « réinitialisation » totale. Des infrastructures futuristes viendraient remplacer les ruines actuelles, dans l’idée de créer un hub économique régional attractif.

Ce projet suscite évidemment une onde de choc. Pour ses partisans, il offre une perspective de paix pragmatique : transformer un foyer de guerre en moteur économique. Pour ses détracteurs, il ne s’agit que d’une colonisation maquillée en modernisation, qui nie les droits et la mémoire des habitants de Gaza.

Côté israélien, la réaction est plus nuancée. Beaucoup y voient une opportunité stratégique : la neutralisation d’un foyer terroriste et la sécurisation durable du sud d’Israël. « Si Gaza devient un complexe balnéaire sous contrôle américain, le Hamas n’y trouvera plus jamais refuge », estime un analyste militaire cité par Infos-Israel.News (infos-israel.news). Mais certains soulignent les risques : l’internationalisation de la bande côtoie la possibilité d’un nouvel exode palestinien, scénario qui pourrait attiser la colère dans le monde arabe.

Ce projet rappelle les débats qui avaient suivi les Accords d’Abraham : un choix assumé de privilégier l’économie et la stabilité régionale, parfois au détriment des revendications politiques traditionnelles. Washington mise sur le même pari : que l’argent, la technologie et les opportunités d’affaires remplacent les slogans de haine.

Pour l’Europe, la perspective d’un Gaza « sous tutelle américaine » pose un dilemme. Soutenir ce plan, c’est acter une dépossession. S’y opposer, c’est admettre qu’aucune alternative crédible n’existe après des décennies d’échecs diplomatiques. Quant aux pays arabes, leur silence relatif en dit long : lassés de financer une cause palestinienne sans fin, certains, comme l’Arabie saoudite, pourraient voir dans ce projet une porte de sortie acceptable.

Au-delà des polémiques, une réalité s’impose : l’avenir de Gaza ne se décidera pas seulement dans les rues dévastées de Khan Younès ou de Rafah, mais à Washington, Riyad, Jérusalem et Bruxelles. Les États-Unis posent ici une équation radicale : remplacer la guerre par le business, la haine par les affaires, le Hamas par les hôtels et les zones franches.

Mais une question demeure : que deviendront les Gazaouis ? Le projet, en les poussant vers l’exil, risque de transformer leur drame en exode permanent. Ce qui, à terme, pourrait fragiliser la stabilité régionale que Washington prétend assurer.

L’idée d’une « Riviera » gazaouie dit tout du temps présent : le conflit israélo-palestinien n’est plus seulement un enjeu territorial ou idéologique, il devient un laboratoire géopolitique où se mêlent sécurité, économie et technologies. Mais si les fondations de ce projet reposent sur l’oubli des victimes et l’effacement de leur histoire, la paix qu’il promet pourrait bien être bâtie sur du sable.

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