Gaza : Tsahal appelle les civils à évacuer, le Hamas les incite à rester comme « boucliers humains »

Ce shabbat, l’armée israélienne a intensifié ses appels à l’évacuation des civils de Gaza City et de ses environs. Le porte-parole arabe de Tsahal a exhorté les habitants à rejoindre Khan Younès, transformée en zone humanitaire, afin d’éviter les zones de combat. Mais, dans un contraste glaçant, le « Commandement de l’arrière » du Hamas a diffusé un message officiel incitant les Gazaouis à rester chez eux et à se transformer en « premier bouclier » contre Israël. Cette stratégie cynique, qui consiste à instrumentaliser sa propre population, soulève de nouvelles interrogations sur la responsabilité morale du mouvement islamiste.

Tsahal met en garde et ouvre un couloir humanitaire

Depuis plusieurs semaines, l’armée israélienne multiplie les annonces d’évacuation, souvent relayées par SMS, appels téléphoniques automatisés ou tracts largués par avion. L’objectif affiché est clair : protéger la population civile avant de lancer des frappes sur des infrastructures utilisées par le Hamas.

Ce week-end, Avichaï Adraee, porte-parole arabe de Tsahal, a rappelé ce principe en exhortant les habitants de Gaza City à quitter leurs foyers pour rejoindre Khan Younès. « Pour votre sécurité et celle de vos familles, déplacez-vous immédiatement », a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. L’armée a précisé que Khan Younès avait été désignée « zone humanitaire », avec un encadrement minimal destiné à assurer la survie des réfugiés.

Cette approche s’inscrit dans une stratégie militaire qui cherche à dissocier les civils des combattants, en frappant les infrastructures terroristes tout en réduisant les pertes humaines.

Le Hamas encourage la population à rester dans les zones de combat

En réponse, le « Commandement de l’arrière » du Hamas, censé protéger les civils en période de guerre, a publié un message officiel qui traduit la logique sacrificielle du mouvement islamiste. Le texte, diffusé sur Telegram et relayé par plusieurs observateurs, est sans ambiguïté :

« Steadfastness is salvation » (La fermeté est le salut).
« Rester chez vous est votre premier bouclier, partir est un cadeau offert gratuitement à l’ennemi. »
« Chaque maison habitée par des hommes, des femmes et des enfants signifie que la ville résiste. »
« Celui qui reste bloque la route à l’ennemi, celui qui part lui laisse le champ libre. »

Cette rhétorique encourage ouvertement les civils à se transformer en remparts humains, en contradiction totale avec le droit international humanitaire. Le Hamas, en tant qu’autorité de facto dans Gaza, démontre ainsi sa stratégie : utiliser la population comme levier de propagande et comme outil tactique contre Israël.

Un affront direct au droit international

Selon la Quatrième Convention de Genève, les autorités sont tenues de protéger les populations civiles en période de guerre. Le message du Hamas constitue une violation flagrante de ce principe. En incitant les habitants à rester dans les zones de combat, il expose délibérément des femmes et des enfants à la mort.

Les experts rappellent que cette méthode n’est pas nouvelle. Déjà en 2014, lors de l’opération « Bordure protectrice », des rapports avaient montré que le Hamas stockait ses armes dans des écoles et des hôpitaux de l’UNRWA. En 2021, le même schéma s’était reproduit lors des affrontements de mai. Cette répétition prouve que la mise en danger volontaire des civils est une doctrine assumée.

Pour Israël, ce constat est un argument diplomatique majeur. « Nous faisons tout pour éviter les victimes civiles, mais le Hamas fait tout pour les multiplier », a résumé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, en écho à la ligne défendue par Jérusalem auprès de ses alliés occidentaux.

Réactions israéliennes et internationales

En Israël, cette propagande du Hamas a provoqué un mélange de colère et de frustration. « Il n’y a pas de pire crime que de transformer ses propres enfants en armes », a déclaré le ministre de la Défense. Plusieurs députés ont appelé la communauté internationale à condamner explicitement ce type de pratiques, qu’ils qualifient de « terrorisme psychologique et moral ».

Sur le plan international, les réactions restent timides. Certaines ONG ont reconnu que l’appel du Hamas à rester était « problématique », mais la plupart se concentrent encore sur les conséquences humanitaires des frappes israéliennes. Israël redoute que cette asymétrie dans la perception affaiblisse sa légitimité sur la scène diplomatique.

Une guerre asymétrique : Tsahal contre la propagande

Cette situation illustre l’essence même de la guerre asymétrique menée à Gaza. D’un côté, une armée régulière qui tente de respecter les normes internationales en avertissant les civils avant chaque frappe. De l’autre, une organisation terroriste qui transforme ses habitants en remparts humains et exploite chaque mort pour alimenter sa propagande.

La communication israélienne insiste d’ailleurs sur cette différence. En publiant les appels à l’évacuation et en exposant les messages du Hamas, Tsahal cherche à démontrer sa légitimité morale. Mais cette bataille de l’image reste incertaine, car l’opinion publique internationale est souvent plus sensible aux images de destructions qu’aux explications juridiques.

Les conséquences humanitaires

Sur le terrain, les habitants de Gaza sont pris au piège de cette confrontation. Beaucoup hésitent à quitter leur maison, par peur de perdre leurs biens ou d’être accusés de trahison par le Hamas. D’autres, épuisés par les bombardements et le manque de nourriture, cherchent malgré tout à rejoindre les zones humanitaires.

Les organisations internationales estiment que plus de 60 % de la population de Gaza est désormais déplacée à l’intérieur de la bande. Khan Younès, déjà surpeuplée, peine à absorber l’afflux. Les conditions sanitaires y sont précaires, mais elles restent préférables aux quartiers de Gaza City encore soumis aux frappes.

L’épisode de ce week-end résume toute la brutalité de la stratégie du Hamas. Tandis que Tsahal appelle les civils à évacuer pour les protéger, le mouvement islamiste les incite à rester, les transformant en cibles et en boucliers humains. Plus qu’un simple affrontement militaire, c’est une guerre morale qui se joue à Gaza : Israël tente de préserver des vies, le Hamas les sacrifie pour alimenter sa propagande. Pour la communauté internationale, le dilemme est clair : fermer les yeux sur cette réalité, ou reconnaître que la principale menace pour les civils gazaouis vient du pouvoir qui prétend les gouverner.

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