Israël exprime une vive inquiétude face à la possibilité que des éléments extrémistes en Jordanie adoptent des méthodes similaires à celles des rebelles en Syrie pour tenter de déstabiliser le régime du roi Abdallah.

Suite au renversement du régime de Bachar al-Assad par les rebelles en Syrie, ce scénario soulève des préoccupations importantes en Israël. Des responsables de haut niveau, notamment Ronen Bar, chef du Shabak (service de sécurité intérieure), et le général Shlomi Binder, chef du renseignement militaire (Aman), se sont rendus en Jordanie pour évaluer de près les éventuels scénarios extrêmes dans le royaume.

Discussions de haut niveau

Selon un rapport de Kan News, ces craintes ne restent pas purement théoriques. Des discussions ont eu lieu au sein des échelons politiques et sécuritaires supérieurs en Israël, y compris au cabinet de sécurité, sur l’éventualité que la Jordanie puisse connaître des troubles similaires à ceux de la Syrie.

Des responsables israéliens estiment qu’un tel bouleversement aurait des répercussions directes sur Israël, qui partage avec la Jordanie sa plus longue frontière terrestre.

En Jordanie, il n’y a pas de rébellion ouverte contre le roi Abdullah II, mais il existe des tensions politiques et sociales qui ont parfois mis en lumière des critiques à son encontre ou envers le système monarchique du pays. Ces tensions proviennent principalement des facteurs suivants :

  1. Groupes tribaux et familles influentes : Certaines tribus jordaniennes, qui étaient historiquement des soutiens solides de la monarchie, ont exprimé leur mécontentement en raison de problèmes économiques ou d’un sentiment d’exclusion politique. Ces critiques ne constituent pas une rébellion armée mais plutôt une pression sociale et politique.
  2. Opposition politique : Bien que les partis politiques soient limités dans leurs actions, des groupes comme les Frères musulmans (via leur branche jordanienne, le Front d’Action Islamique) ont parfois exprimé leur désaccord avec les politiques gouvernementales, notamment sur des questions économiques, la corruption, ou les relations avec Israël.
  3. Protestations populaires : La Jordanie a vu des manifestations sporadiques concernant des problèmes économiques (augmentation des prix, chômage élevé, réformes fiscales). Ces mouvements sont souvent des protestations pacifiques, mais ils traduisent un mécontentement envers le gouvernement, parfois perçu comme dirigé indirectement contre le roi.
  4. Affaire du prince Hamzah : En 2021, un incident notable a impliqué le demi-frère du roi, le prince Hamzah, accusé de comploter pour déstabiliser le pays. Bien que le prince ait nié les accusations de complot, cette affaire a révélé des tensions au sein de la famille royale.

Le roi Abdullah II reste toutefois une figure respectée à l’international et bénéficie encore d’un soutien important à l’échelle nationale. Toute opposition ou critique contre la monarchie est généralement gérée à travers des moyens politiques ou sécuritaires, évitant une véritable insurrection ou rébellion.