Greta Thunberg : la star de la « Flottille Sumud » devenue fardeau pour ses alliés

L’image était parfaite pour les organisateurs : une militante mondialement connue, jeune, charismatique, figure des luttes écologistes, qui accepte de prêter son nom et son visage à la flottille « Global Sumud », partie défier le blocus maritime israélien pour livrer une aide humanitaire à Gaza. Mais à peine quelques jours après son embarquement, le vernis s’est fissuré. Greta Thunberg, censée incarner l’unité et la détermination, a quitté le conseil d’administration de la mission après des tensions internes — et les témoignages qui remontent laissent entrevoir une réalité moins flatteuse : même ses propres camarades la jugeraient ingérable.

Une militante qui dérange jusqu’à ses alliés

D’après le quotidien italien Il Manifesto, relayé dans la presse européenne, la rupture s’est jouée sur la communication. Certains membres de la flottille reprochaient à Greta une médiatisation trop centrée sur elle, trop tournée vers les querelles internes, et pas assez sur Gaza. Le point de rupture aurait été la manière dont son entourage a géré la communication autour d’une supposée « attaque de drone » visant les bateaux. Les désaccords auraient explosé lors d’une réunion de crise, où plusieurs responsables ont jugé que Greta cherchait plus à protéger son image personnelle qu’à servir la cause collective.

Officiellement, la Suédoise a déclaré : « Nous avons tous un rôle à jouer : le mien ne sera pas au comité directeur, mais en tant qu’organisatrice et participante. » Traduction diplomatique d’une mise à l’écart ? Beaucoup en coulisses parlent plutôt d’une exaspération généralisée face à une personnalité omniprésente, obsédée par le contrôle du récit médiatique, et impossible à gérer au quotidien.

Quand la star étouffe la mission

Ce n’est pas la première fois que Greta Thunberg provoque des remous parmi ses propres troupes. Depuis son ascension fulgurante à 16 ans, ses passages en tribune ont toujours divisé. Admirée pour son franc-parler, elle est aussi critiquée pour son intransigeance, son refus du compromis et sa tendance à monopoliser la lumière. Au sein de la flottille, censée mettre en avant une coalition internationale d’ONG et d’activistes, son nom éclipsait tout le reste.

« Nous voulions que Gaza soit au centre, pas Greta », aurait soufflé un membre anonyme de l’organisation à la presse italienne. Mais c’est elle qui attirait les caméras, c’est elle qui dictait le rythme médiatique. De l’aveu même de plusieurs organisateurs, la mission, au lieu d’être présentée comme un projet collectif, était devenue un one-woman-show.

L’icône, entre fascination et rejet

Il faut reconnaître à Greta un talent unique : en quelques années, elle est devenue un symbole planétaire. Mais c’est précisément ce statut qui la rend de plus en plus difficile à intégrer dans des structures collectives. Là où ses partisans voient une conscience morale intraitable, ses détracteurs, même parmi ses alliés, voient une égocentrique dont l’intransigeance vire à l’arrogance.

Le cas de la flottille illustre ce paradoxe. Les responsables avaient besoin d’elle pour attirer l’attention des médias, mais une fois cette attention obtenue, ils se sont retrouvés prisonniers de sa logique : tout devait passer par elle, ses discours, ses selfies, sa manière de cadrer les événements. De l’avis de plusieurs sources, cette personnalisation excessive a provoqué des tensions insoutenables au sein de l’équipe.

Une fracture révélatrice

La décision de Greta de quitter le conseil d’administration ne met pas fin à sa participation. Elle reste à bord, déterminée à « continuer la lutte ». Mais le symbole est là : la militante la plus célèbre du monde vert et pro-palestinien est jugée, y compris par ses compagnons de route, comme trop lourde à porter.

L’affaire illustre aussi un malaise plus profond : la difficulté de mouvements militants à gérer des figures hyper-médiatisées. Là où la cause réclame unité et modestie, l’ego et la personnalisation risquent de saboter l’effort collectif. Greta, en refusant d’être une simple « figurante », a rappelé qu’elle ne sait pas s’effacer.

L’icône insupportable ?

Pour ses admirateurs, Greta reste une voix courageuse, qui ose dire tout haut ce que d’autres n’osent pas. Pour ses collègues, elle incarne de plus en plus une militante insupportable, obsédée par son rôle central, incapable de partager la scène. La vérité est peut-être entre les deux. Mais le résultat est là : la flottille censée symboliser l’unité internationale pour Gaza offre déjà le spectacle d’une fracture interne — avec, encore une fois, Greta Thunberg au cœur du tumulte.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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