HaĂŻfa sous brouillard Ă©lectronique : les mystĂ©rieuses perturbations GPS qui inquiĂštent le nord d’IsraĂ«l

Depuis deux jours, les habitants de HaĂŻfa, de la baie et d’une grande partie du nord du pays signalent des perturbations GPS inhabituelles : signaux instables, positions fantĂŽmes, dĂ©rives de plusieurs kilomĂštres. Rien d’officiel, aucune revendication — mais une certitude qui s’impose peu Ă  peu dans les milieux sĂ©curitaires : il ne s’agit ni d’un bug civil, ni d’un incident isolĂ©. Les brouillages semblent directement liĂ©s Ă  la menace militaire que Hezbollah fait peser sur IsraĂ«l depuis le Liban.

Les interruptions ont commencĂ© dimanche, discrĂštes mais rĂ©pĂ©tĂ©es, avant de s’intensifier lundi. Des applications de navigation comme Google Maps, Waze ou mĂȘme les systĂšmes embarquĂ©s des vĂ©hicules se sont retrouvĂ©s incapables d’assurer une gĂ©olocalisation stable. Des alertes similaires avaient Ă©tĂ© signalĂ©es l’an dernier, en pleine guerre contre le Hamas et face aux provocations du Hezbollah, jusqu’à l’accord de cessez-le-feu du nord.

Dans un silence qui en dit long, aucune autoritĂ© officielle n’a confirmĂ© ou infirmĂ© l’hypothĂšse la plus Ă©voquĂ©e : l’utilisation de brouillage GPS par l’armĂ©e israĂ©lienne pour perturber la prĂ©cision des missiles guidĂ©s par satellite du Hezbollah, dont le stock, largement fourni par l’Iran, constitue l’un des plus grands dangers stratĂ©giques pour le nord du pays.
Des images satellites, publiées récemment par Reuters et analysées par des spécialistes du renseignement, montrent en effet une intensification des activités de lancement et de positionnement des milices pro-iraniennes le long de la frontiÚre.

Les habitants, eux, constatent les effets directs de ces perturbations sans savoir prĂ©cisĂ©ment ce qui se joue au-dessus de leur tĂȘte. Sur les rĂ©seaux sociaux, des conducteurs tĂ©moignent : « Waze m’a placĂ© dans la mer », « On a fait un dĂ©tour de 20 minutes », « Impossible de localiser mon vĂ©hicule ». Des entreprises logistiques de la rĂ©gion auraient dĂ» adapter leurs systĂšmes de suivi, et des drones civils ont rapportĂ© des dĂ©rives de trajectoires de plusieurs dizaines de mĂštres.

Pour les experts interrogés par Haaretz et The Jerusalem Post, trois hypothÚses dominent :

  1. Brouillage israĂ©lien volontaire, destinĂ© Ă  rĂ©duire l’exactitude des armes ennemies.
  2. Brouillage ennemi, mis en place depuis le Liban ou la Syrie pour gĂȘner les frappes israĂ©liennes.
  3. Effet indirect d’opĂ©rations militaires, notamment de systĂšmes antimissiles utilisant des technologies Ă©lectroniques perturbatrices.

La premiĂšre hypothĂšse est considĂ©rĂ©e comme la plus plausible. IsraĂ«l a dĂ©jĂ  recours, par le passĂ©, Ă  des mĂ©thodes similaires lors d’opĂ©rations sensibles ou face Ă  un risque d’attaque, en particulier lorsqu’il existe des renseignements sur la prĂ©paration de tirs de roquettes Ă  guidage satellite. Ces systĂšmes — connus sous les noms de GLONASS, GPS, BeiDou ou Galileo — peuvent ĂȘtre partiellement neutralisĂ©s par interfĂ©rences ciblĂ©es, crĂ©ant un environnement Ă©lectronique « dĂ©formĂ© », indispensable pour endiguer une menace prĂ©cise.

Pour rappel, le Hezbollah dispose d’un arsenal de dizaines de milliers de roquettes, dont certaines modernisĂ©es grĂące Ă  l’expertise iranienne. Les analystes du Washington Institute estiment que le groupe terroriste possĂšde aujourd’hui des capacitĂ©s de ciblage amĂ©liorĂ©es, notamment via des munitions munies de kits de guidage GPS. Ce saut qualitatif constitue un changement stratĂ©gique : lĂ  oĂč les attaques Ă©taient jadis alĂ©atoires, elles pourraient dĂ©sormais viser avec prĂ©cision des infrastructures civiles, des bases militaires ou des zones industrielles autour de HaĂŻfa.

D’oĂč la nĂ©cessitĂ©, selon plusieurs sources militaires, d’une distorsion volontaire du ciel Ă©lectronique. Si tel est le cas, ces brouillages tĂ©moignent d’une montĂ©e de vigilance au nord, oĂč l’on s’attend Ă  une reprise potentielle des hostilitĂ©s aprĂšs un an de calme relatif.

Les incidents GPS ne surviennent pas dans le vide : depuis des semaines, des drones du Hezbollah, parfois explosifs, parfois de reconnaissance, tentent d’approcher la frontiĂšre. À cela s’ajoutent les tirs rĂ©pĂ©tĂ©s de roquettes en provenance du sud-Liban, mĂȘme aprĂšs la mise en place du cessez-le-feu. IsraĂ«l rĂ©pond systĂ©matiquement par des frappes chirurgicales visant les infrastructures militaires du Hezbollah, comme l’ont confirmĂ© des rapports du New York Times et de France 24.

Dans cette situation explosive, le nord d’IsraĂ«l vit sur une ligne de crĂȘte. Le GPS brouillĂ© n’est pas seulement un dĂ©sagrĂ©ment technologique : c’est le signe visible d’une guerre invisible.
Une guerre faite de signaux perturbĂ©s, d’ondes brouillĂ©es, d’algorithmes contrariĂ©s — mais dont le but reste pourtant limpide : empĂȘcher les missiles guidĂ©s par satellite du Hezbollah de frapper le cƓur du pays.

L’enjeu dĂ©passe mĂȘme le seul territoire israĂ©lien. Dans un Moyen-Orient saturĂ© de technologies militaires, oĂč l’Iran exporte drones et systĂšmes de guidage Ă  ses proxies, la maĂźtrise du spectre Ă©lectromagnĂ©tique devient un front majeur. Le ciel Ă©lectronique est un champ de bataille. Et HaĂŻfa en paie aujourd’hui le prix, pour Ă©viter d’en payer un infiniment plus lourd demain.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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