Har Dov contre le Golan : révélations sur des pourparlers secrets entre Israël et la Syrie

Un scénario impensable il y a encore quelques années resurgit au cœur des négociations moyen-orientales : selon une enquête diffusée par Kan Hadashot, Israël aurait envisagé de céder à la Syrie le secteur contesté de Har Dov et des fermes de Chebaa, en échange d’un gel définitif des revendications syriennes sur le plateau du Golan. Une idée explosive, aussitôt démentie par le bureau du Premier ministre, mais qui illustre l’intensité des discussions en coulisse.

D’après ces révélations, l’hypothèse a été étudiée par des responsables israéliens, avec la perspective de soumettre tout accord éventuel au vote de la Knesset – où une majorité qualifiée de 80 députés serait requise. Mais les échanges ont été interrompus après le massacre de Soueïda, qui a replongé la Syrie dans une spirale de violence interne. « La nouvelle selon laquelle Israël aurait envisagé de remettre Har Dov est une fake news totale », a réagi sèchement le bureau de Benyamin Netanyahou.

Un dossier sensible et explosif

Le secteur de Har Dov, également connu sous le nom de fermes de Chebaa, constitue l’un des points les plus inflammables de la frontière nord. Officiellement rattaché par Israël à la zone du Golan après 1967, il est revendiqué à la fois par Damas et par Beyrouth. Depuis des décennies, le Hezbollah instrumentalise ce différend pour justifier son arsenal militaire et ses attaques contre Israël.

Un responsable syrien interrogé par Kan n’a pas exclu qu’« une fois un accord sécuritaire conclu entre les pays, la question de Har Dov puisse être liée à celle du Golan ». Mais il a souligné que « ce point n’a pas encore été discuté dans les négociations actuelles », insistant sur des « dossiers plus urgents » tels que la situation des Druzes dans le sud syrien.

La Syrie, le Golan et les Accords d’Abraham

Ces rumeurs surgissent alors que le nouveau président syrien, Ahmad al-Sharaa, a affirmé que son pays « ne pourra rejoindre les Accords d’Abraham tant que le Golan reste sous occupation israélienne ». La déclaration, inédite dans sa fermeté, renforce l’impression que Damas tente d’utiliser la carte du Golan comme levier diplomatique pour briser son isolement.

Pour Israël, la souveraineté sur le plateau du Golan est un acquis stratégique non négociable. En 2019, l’administration Trump a officiellement reconnu la souveraineté israélienne sur le territoire【Wikipédia – Plateau du Golan】(https://fr.wikipedia.org/wiki/Plateau_du_Golan), position que Damas et la majorité de la communauté internationale continuent de rejeter. Lier Har Dov au Golan dans un troc diplomatique reviendrait à rouvrir une boîte de Pandore.

Un piège tendu à Jérusalem ?

Au-delà de la véracité de ces pourparlers, leur simple évocation profite à Damas et au Hezbollah : elle entretient le flou sur le statut de Har Dov et sème la discorde à Jérusalem. L’État hébreu, lui, campe sur une ligne claire : Har Dov fait partie intégrante de la frontière israélienne, et tout recul serait interprété comme une victoire symbolique pour l’axe pro-iranien.

Pour Netanyahou, confronté à une guerre d’usure à Gaza et à des tensions accrues au Nord, céder le moindre pouce de terre reviendrait à fragiliser la doctrine de sécurité israélienne. L’opinion publique, profondément marquée par l’expérience des retraits passés – du Sud-Liban en 2000, de Gaza en 2005 – n’accepterait guère une concession territoriale perçue comme un encouragement au terrorisme.

Conclusion

Le fantôme d’un troc Har Dov contre Golan révèle surtout les nouvelles lignes de fracture du Moyen-Orient. Alors que la Syrie cherche à réintégrer le jeu régional, qu’Israël consolide ses alliances avec les pays signataires des Accords d’Abraham et que l’Iran tente de renforcer son emprise, chaque parcelle de territoire devient enjeu stratégique et symbole identitaire.

Dans cette partie d’échecs diplomatique, une certitude demeure : pour Israël, le Golan est vital et non négociable. Que Damas brandisse Har Dov comme monnaie d’échange ne fait qu’illustrer la fragilité d’un statu quo qui, plus que jamais, repose sur la force et la vigilance israéliennes.

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