C’est un cri que les hassidim n’ont plus voulu taire. Dans plusieurs quartiers ultra-orthodoxes du centre et du nord d’Israël, des familles rapportent des cas répétés de harcèlement envers de jeunes filles juives, notamment par des ouvriers arabes employés sur des chantiers à proximité des écoles, yeshivot ou lieux de vie communautaires.

Jusqu’ici, le silence prévalait. Par pudeur. Par crainte de déclencher une polémique nationale. Par loyauté envers les institutions. Mais aujourd’hui, le seuil de tolérance a été franchi. Et les responsables communautaires, les mères de famille, les rabbanim et les dirigeants scolaires tirent la sonnette d’alarme : ce harcèlement n’est ni accidentel ni isolé — il est récurrent, ciblé, et doit cesser immédiatement.

Des témoignages qui brisent le silence

Ce sont d’abord des murmures, devenus des témoignages. Dans un quartier hassidique de Bnei Brak, une fillette de 12 ans a été suivie jusqu’à la porte de son immeuble par un ouvrier du bâtiment. À Jérusalem, une adolescente a été interpellée avec insistance par deux hommes travaillant sur un chantier municipal. À Beit Shemesh, des ouvriers sifflent et lancent des remarques obscènes à l’entrée d’une école.

« Ce sont des enfants ! Des filles pures et modestes ! Nous ne permettrons pas qu’on les salisse par des regards ou des mots ignobles », tonne Rav M. Danziger, directeur d’un séminaire hassidique.

Les familles concernées décrivent un harcèlement quotidien, souvent verbal mais toujours angoissant, qui laisse des traces psychologiques profondes. Loin des clichés médiatiques, les hassidim ne sont pas enfermés dans un monde parallèle : ils protègent ce qu’ils ont de plus cher — leurs enfants — contre une société extérieure de plus en plus intrusive.

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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Une réponse communautaire unie

Face à cette réalité, la réponse communautaire a été immédiate et vigoureuse. Plusieurs écoles ont changé les horaires d’entrée et de sortie, certaines ont dressé des barrières temporaires le long des chantiers. Des parents ont organisé des rondes volontaires, pour accompagner les enfants et dissuader les comportements déplacés.

Mais surtout, les chefs spirituels ont pris la parole publiquement, chose rare dans des milieux habituellement discrets.

« Nos filles ne sont pas des cibles. Nous ne tolérerons pas que la modestie de nos foyers soit profanée par des ouvriers sans éducation ni crainte », a déclaré un Admor influent de la région de Tel Aviv.

Une demande au gouvernement : agir — ou se rendre complice

Des représentants du monde hassidique ont adressé une requête formelle au ministère de la Sécurité nationale, exigeant :

  • La création d’un cadre de contrôle des ouvriers présents dans des zones sensibles, notamment près des écoles de filles.
  • L’obligation pour les chantiers de placer des écrans opaques entre les zones de construction et les lieux de passage des enfants.
  • La possibilité pour les communes de refuser l’entrée d’ouvriers condamnés ou signalés pour des comportements inappropriés.

« Ce n’est pas une question ethnique — c’est une question de protection de l’enfance », martèle un conseiller municipal de Jérusalem.

Réaction de Ben Gvir : « Aucun quartier d’Israël ne doit vivre dans la peur »

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a immédiatement réagi :

« Les rapports reçus sont graves. Je m’engage à ce que les forces de l’ordre réagissent sans délai. Les travailleurs qui ne respectent pas les lois ou qui intimident les enfants seront expulsés des chantiers. Aucun quartier d’Israël, qu’il soit laïc, religieux ou arabe, ne doit vivre dans la peur. »

Il a annoncé une opération de contrôle renforcée dans les zones sensibles, avec présence policière discrète et caméras supplémentaires.

Silence des grands médias : une indignation à géométrie variable

Fait troublant, l’affaire est restée largement ignorée par les grands médias israéliens, toujours prompts à dénoncer le harcèlement… sauf lorsqu’il concerne des filles ultra-orthodoxes.

« Si cela s’était produit dans un lycée de Tel Aviv, tout le monde aurait crié au scandale ! Pourquoi le harcèlement des nôtres serait-il moins grave ? » interroge une mère hassidique de Beit Shemesh.

Ce double standard renforce le sentiment d’abandon de certaines communautés, qui ne demandent ni privilèges ni subventions — mais simplement la protection à laquelle tout citoyen a droit.

Une fracture sociale qui menace d’exploser

Derrière ces incidents se cache un malaise plus profond : la présence massive d’ouvriers arabes dans les villes juives s’est banalisée, sans que les garanties de sécurité et de respect mutuel soient toujours assurées.

Si la majorité d’entre eux travaillent honnêtement, une minorité agressive suffit à semer la peur et la colère. Et dans un climat post-7 octobre, la confiance est fragile. Très fragile.

Le droit à la pudeur, un droit humain

Dans la tradition hassidique, la pudeur n’est pas seulement une valeur religieuse, c’est un droit fondamental. Le droit de marcher dans la rue sans être regardée, ni commentée, ni suivie. Le droit d’aller à l’école sans subir l’humiliation de sifflets ou d’insinuations.

C’est ce droit que les familles veulent défendre, sans haine, mais avec fermeté. Et ce droit, l’État doit le garantir, comme à toute autre population.

Conclusion : protéger sans stigmatiser, intervenir sans hésiter

Ce dossier met en lumière un sujet trop souvent relégué aux marges du débat public : le droit des communautés religieuses à la tranquillité, à la protection, à la dignité.

Israël, en tant qu’État démocratique et juif, a la responsabilité d’écouter toutes ses composantes – y compris les plus silencieuses. Et si le harcèlement envers des jeunes filles juives dans des quartiers ultra-orthodoxes est une réalité, alors il faut y répondre comme on le ferait ailleurs : vite, sérieusement, et sans minimisation.

Car une société juste se mesure à la façon dont elle protège ses enfants – tous ses enfants.