Hezbollah, l’ombre d’une guerre civile : l’avertissement voilĂ© de NaĂŻm Qassem

Dans un discours prononcĂ© Ă  Beyrouth, NaĂŻm Qassem, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint du Hezbollah, a envoyĂ© un signal lourd de menaces : son organisation n’entend en aucun cas renoncer Ă  son arsenal. Alors que le gouvernement libanais a annoncĂ© sa volontĂ© historique de dĂ©manteler la milice chiite d’ici la fin de 2025, le mouvement pro-iranien rĂ©pond par la provocation et laisse planer la perspective d’une confrontation interne. « Notre arme est notre esprit, notre honneur et l’avenir de nos enfants », a martelĂ© Qassem devant ses partisans.

La cible de ce message est claire : le prĂ©sident Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, accusĂ©s par la propagande pro-Hezbollah de suivre « un diktat amĂ©ricain ». Les menaces se sont multipliĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux, certains militants allant jusqu’à qualifier les deux dirigeants de « Yazid », figure honnie de l’histoire chiite associĂ©e au meurtre de l’imam Hussein Ă  Kerbala en 680. L’atmosphĂšre est telle que la sĂ©curitĂ© autour des deux hommes a Ă©tĂ© renforcĂ©e, la mĂ©moire de l’assassinat de Rafic Hariri en 2005 par le Hezbollah planant toujours sur la politique libanaise.

Le spectre d’une guerre civile

Qassem brandit l’épouvantail de la guerre civile sans vouloir, officiellement, y plonger. Mais en rappelant la formule Ă©culĂ©e du Hezbollah — « l’armĂ©e, le peuple et la rĂ©sistance » — alors mĂȘme que Beyrouth affirme qu’elle a perdu toute pertinence, il menace implicitement l’État. Une reprise du conflit interne plongerait Ă  nouveau le Liban dans le cauchemar des annĂ©es 1975-1990, confirmant l’accusation que l’organisation place son arsenal au-dessus de la stabilitĂ© nationale.

Le parti chiite bĂ©nĂ©ficie toujours d’une assise sociale solide. Soutenu massivement par sa base communautaire, le Hezbollah peut se permettre des dĂ©monstrations de force, comme celle prĂ©vue demain sur la place Riyad al-Solh, en plein cƓur de la capitale. Le gouvernement libanais, malgrĂ© un sursaut politique, reste affaibli : ses forces armĂ©es et ses services de sĂ©curitĂ© ne disposent ni des moyens ni de l’autoritĂ© pour imposer un dĂ©sarmement.

L’ombre de TĂ©hĂ©ran

Le soutien iranien reste l’assurance-vie du Hezbollah. Mais mĂȘme Ă  TĂ©hĂ©ran, les dĂ©bats s’intensifient. Alors que les conservateurs dĂ©fendent l’alignement total avec Qassem Nasrallah et ses hommes, des voix rĂ©formatrices s’élĂšvent pour exiger une non-ingĂ©rence : « Le Hezbollah doit respecter la dĂ©cision du gouvernement libanais », avancent-elles, allant jusqu’à proposer son intĂ©gration au sein de l’armĂ©e rĂ©guliĂšre. Ces critiques prĂ©viennent que l’activisme de la RĂ©publique islamique au Liban pourrait fournir Ă  IsraĂ«l et aux États-Unis un nouveau prĂ©texte d’action contre l’Iran【https://fr.wikipedia.org/wiki/Hezbollah】.

Pour les gardiens de la rĂ©volution, la ligne est claire : tout retrait serait perçu comme une victoire « amĂ©ricano-sioniste ». Le gĂ©nĂ©ral Iraj Masjedi, figure du Corps al-Qods, a rejetĂ© comme « inacceptable » le projet de dĂ©sarmement, le qualifiant de « complot amĂ©ricano-israĂ©lien vouĂ© Ă  l’échec ».

Israël en embuscade

JĂ©rusalem observe cette escalade avec attention. Pour IsraĂ«l, le dilemme est double : faut-il saisir l’occasion d’un affaiblissement politique du Hezbollah pour accentuer la pression militaire et diplomatique, ou faut-il Ă©viter une dĂ©stabilisation totale du Liban, qui ouvrirait la voie Ă  un chaos encore plus dangereux ? L’armĂ©e israĂ©lienne maintient une vigilance extrĂȘme Ă  la frontiĂšre nord, consciente que toute provocation pourrait dĂ©gĂ©nĂ©rer en conflit ouvert.

Selon des fuites relayĂ©es dans la presse libanaise, IsraĂ«l aurait proposĂ© via des canaux indirects la crĂ©ation d’une zone tampon dĂ©militarisĂ©e au sud du Liban, accompagnĂ©e d’un allĂšgement progressif de ses opĂ©rations et d’un Ă©change de prisonniers. Mais une telle formule risque de laisser au Hezbollah son prestige et son aura au sein de la communautĂ© chiite, sans s’attaquer Ă  la racine du problĂšme.

La bataille de l’influence

Pour IsraĂ«l comme pour les États-Unis, le dĂ©fi n’est pas seulement militaire. Comme le souligne Infos-Israel.News, c’est une bataille culturelle et sociale qu’il faut mener, en s’attaquant aux rĂ©seaux de propagande et de charitĂ© du Hezbollah. Le mouvement tire sa force de sa capacitĂ© Ă  se prĂ©senter comme un État dans l’État : Ă©coles, hĂŽpitaux, aides sociales cimentent son emprise. Une alternative crĂ©dible, soutenue par la communautĂ© internationale, pourrait Ă©roder ce pouvoir de sĂ©duction.

Le Hezbollah cherche le sang pour prouver sa lĂ©gitimitĂ© de « rĂ©sistance ». Mais chaque menace profĂ©rĂ©e par Qassem, chaque dĂ©monstration de force dans les rues de Beyrouth, fragilise un peu plus le Liban et offre Ă  IsraĂ«l un argument imparable : un pays oĂč une milice armĂ©e dĂ©fie ouvertement l’État n’est pas souverain.

À l’heure oĂč les EuropĂ©ens Ă©chouent Ă  GenĂšve face Ă  l’Iran27, l’épisode libanais rappelle une Ă©vidence : le Hezbollah est l’outil de TĂ©hĂ©ran pour dĂ©stabiliser la rĂ©gion. Tant que l’arsenal restera entre ses mains, aucune paix durable ne sera possible sur la frontiĂšre nord d’IsraĂ«l.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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